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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-08-21 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt Grandiose, imposant dans la voûte profonde, Le soleil saluait d'un coutumier adieu Le fleuve les palmiers, les sables de ce lieu Et cheminait vers l'autre monde. Alors tout l'horizon laisse monter un cri, Le firmament se teint de lilas et de rose (Frémissantes couleurs où l'azur doux repose), Et le zéphyr souffle attendri. Le Caire était caché sous une vague brume, Les arbres tournoyant sur les bords bruns du Nil L'ombre tombait partout, sans trouver de péril, Et couvrait la plaine et l'écume. Ô Pyramides ! C’est alors Que, levant ma tête pensive, J'entends errer sur vos flancs forts L'écho de quelque voix plaintive; Mais quoi ! Serait-ce en votre sein Qu'un orphelin pleure sa mère ? Est-ce un hymne, est-ce une prière, Est-ce un gémissement divin ? Mais déjà revient le silence Autour du grand monument noir. Un temps - Mon coeur frémit, s'élance, Plane avec la brise du soir... Soudain les sons se font entendre, Ô dieux ! Mais d'où viennent-ils donc ? Une douce harmonie y fond... Est-ce de la voix d'Alexandre Un écho ? De Napoléon Est-ce le sabre qui miroite ? Est-ce ta statue, ô Memnon, Qui tombe en une vapeur moite ? Est-ce le soupir d'un soldat Défunt ? Un cheval qui se cabre ? Est-ce un craquement d'un marbre Qui depuis des siècles gît là ? Répondez, Monuments ! Pyramides altières, Des siècles révolus ô souvenir muet ! Sont-ce des chants d'amour, des commandes guerrières Que vos entrailles jettent net ? Non, sur vos côtes délabrées Ce n'est plus l'aigle Impérial Qui marque vos terres sacrées Des pas de son fougueux cheval; Oh ! Baissez vos armes françaises Vos drapeaux sont à peine vus... Et Mohamed Ali n'est plus, Toutes les choses sont anglaises. … Ces longs échos flottants et chatouillant mon âme Comme un souffle de brise, une haleine d'azur, Un baiser maternel, un regard triste et pur, L'éclair d'une subtile flamme, Un doigt câlin d'enfant qui caresse mon front, Un gazouillis d'oiseau, d'un fleuve le murmure, Un sourire amical, un cri de la nature Ou du soleil un rayon blond, C'était la fanfare lointaine Qui jouait Dieu sauve le Roi C'était la vibration certaine De coeurs vaillants et pleins de foi; De tes moelleux flots nostalgiques Harmonie, ô nectar divin, Je laisse couler dans mon sein Les tiédeurs mélancoliques.... Muses, Beautés, Beaux-Arts aimés, Océans, rivière, verdures, Azur immense, astres dorés Qui du ciel êtes la parure À vous, à vous mes jeunes ans, À vous ma jeune intelligence, Mon amour et ma confiance, À vous mes rêves bleus et blancs ! Mais trêve de transports. À bientôt, Pyramides, Et vous, Liban, Beyrouth, cher Antoura, salut ! Ma Syrie, Salut ! Dès que je l'aurai pu J'irai revoir tes horizons limpides. (May Ziadeh, Fleurs de Rêve, 1910, sous le pseudonyme d'Isis Copia)
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