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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-08-21 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
-I-
" Mais comment donc, elle poète ? Elle arrangea ces vers charmants À la délicieuse épithète, Aux échos qui s'en vont mourants; Ces vers de poésie pure, D'élan si doux, d'esprit si clair, De sons brillants comme l'éclair, D'un style à la noble tournure ? " Elle est Syrienne, dit-on, Et puisqu'elle n'est pas Française, Où put-elle puiser ce ton Où l'âme s'épanche et s'apaise ? …Mais elle a dû les emprunter Ces rimes vastes et sonores Qui, comme de jeunes aurores, Viennent sous sa plume éclater. " Aurait-elle de Lamartine Imité les divins appas Ou bien oui la voix câline Qui dans son Coeur parlait tout bas ? Ses chants sont enduits de tristesse, D'amour touchant, d'amour sans fiel; Elle poète, Ô puissant ciel ! D'où lui vient donc cette sagesse ? "Et puis cette onduleuse rime Où nagent sentiments exquis Qui frôlent le beau, le sublime, Cela donc, où l'a-t-elle acquis ? Puisque nous aimons mieux le croire, Croyons qu'elle a dû consulter, Et sans jamais nous arrêter Disons: "Elle vole la gloire". -II- Monsieur… parle ainsi, Vraiment, il me semble un brave homme Un autre gentleman aussi, Avec lui répète qu'en somme La copie est faite assez bien D'un livre du grand Lamartine, Que la calligraphie est fine: Mais l'écriture là n'est rien -III- Oh ! Les doux tremblements sous l'impulsion secrète Combien rares sont ceux qui peuvent les sentir ! Or, frissonner, pleurer, plaindre, aimer et souffrir Sont les qualités du poète. Et plein de ses trésors divins Son coeur qui contient tout le monde Sait esquisser les yeux éteints. De quelqu' âme superbe et blonde. Son oeil à tout vent prendre part, Sa lèvre veut baiser la rose, Sa main toucher à toute chose, Porter le sabre ou l'étendard. Sans flatter la rime subtile Il la veut toujours asservir: Autant que son penser, agile, Il la trace avec un soupir; Il écrit ses rêves rebelles, Tout ce qu'il voit, tout ce qu'il sent, Et répand ses larmes souvent Sur les feuilles blanches si belles Qu’a-t-il besoin des vains flatteurs ? Sa joie est toute personnelle : Qu’on veuille approuver mes labeurs Ou qu’on dise : ce n’est pas d’elle, J’élancerai les ailes d’or De ma Muse jeune et timide : Dans le sein de l’azur limpide Je fixerai son doux essor. Quand d’autres Muses lui sourirent Elle partage leur frisson, Les notes de son luth varient Devant le si vaste horizon : Tantôt c’est le printemps qui passe Grondant son hymne triomphal, Tantôt c’est un chant automnal Traînant d’échos que rien ne lasse… (May Ziadeh, Fleurs de Rêve, 1910, sous le pseudonyme d'Isis Copia)
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