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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-05-17 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
Paris ! c’est l’esprit, c’est la grâce,
C’est un refrain, c’est un couplet. C’est l’éternité sur l’espace, C’est l’heure sur un bracelet. C’est quelquefois un peu de prose Mais c’est bien du lyrisme aussi. C’est une corbeille de roses Se promenant sur un taxi. C’est un moineau parmi la neige, C’est un pied nu sur un talon, C’est l’argot qui veut qu’on abrège Un tas de mots qui sont trop longs. C’est le dernier métro qui gronde, C’est le premier muguet fleuri, C’est une cigarette blonde, C’est un bateau mouche… Paris, C’est la rue où du soleil danse, C’est le boulevard enchanté, C’est une leçon de prudence, Dans tous les passages cloutés. C’est une main qu’on abandonne, C’est un collier pas très en or, C’est un rendez-vous qu’on se donne À la Piscine Molitor. C’est une fleur au coin d’un châle, C’est une mode au coin d’un jour, C’est un petit sourire pâle Qui cache un grand chagrin d’amour. C’est, sur un nez qui se chiffonne, Un peu trop de poudre de riz. Et c’est aussi le téléphone Qui n’est jamais libre… Paris, C’est, lorsque le soleil qui passe Retarde un peu l’heure d’été, Toutes les fontaines Wallace Où l’eau fraîche est en liberté. C’est, lorsque la lune apparue Magnétise le soir tombant, Des rêves dans les vieilles rues Et des baisers sur les vieux bancs. C’est, lorsqu’après mille secousses On a voyagé n’importe où, Le premier cri toujours qu’on pousse : « Ah ! Paris ! c’est plus beau que tout ! » C’est l’Obélisque sans rivale ! L’Arc de Triomphe ! le Grand Prix ! C’est le silence d’une salle Dès qu’on parle à son cœur… Paris, C’est Lindbergh dont l’aile tressaille Sans un quart d’heure de retard. C’est un vers d’Anna de Noailles, C’est un mot de Tristan Bernard. C’est un cornet de cacahuètes, C’est un jouet sur le trottoir, C’est le cœur d’une midinette, C’est le cri des journaux du soir. Paris ! ça tremble et ça respire, C’est tout en fleur et tout en or. C’est bleu, c’est blanc, c’est vert, c’est pire ! Paris ! ah ! mon Dieu ! qu’est-ce encore ? Paris ! c’est un bateau sans voile Que la fantaisie aura pris. Paris ! c’est peut-être une étoile ? Paris, c’est… Enfin, c’est Paris ! (Rosemonde Gérard, Rien que des chansons, 1939)
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