Mange cette main qui tisonne
L'astre du jour sans rechigner
Gave d'un peu de cortisone
Et d'un morceau de pain mouillé
Cette espace qui environne
Deux pigeons dans le pigeonnier

Et le jeune coq qu'on chaponne
Au chant du castrat indigné
Dans la gorge de la démone
Couvre la voix de l'aumônier
D'un pinacle de pets-de-nonne
Et de feuilles de robinier

Dans les mains froides des lapones
Tes amygdales jardinier
Sont comme de grosses anones
Amères comme un citronier
Et sous les fruits des belladones
Ta poison de terre un charnier

Frotte ton bouquet d'anémones
Sur l'écorce de mon prunier
Où la salaison des automnes
Au sel d'un ciel excommunier
De glace aux sueurs des lettones
Sale le sale rancunier

Des mains de neige se savonnent
Sous le chêne des glands clonés
Aux doigts d'opprobre qui tâtonnent
Le téton noir des ragots nés
Dans les narines des matonnes
L'indifférence rit au nez

Mange sous l'orage qui tonne
Les longs éclairs au Grand Marnier
Comme un être se pelotonne
Près du tronc du grand marronnier
De la belette d'Al Capone
Prise au piège du braconnier

Mange une galette bretonne
Bois la flaque de l'épervier
Remange et rebois ça n'étonne
Personne y'a dans le panier
Quelques miettes de panettone
Et la goutte du tavernier