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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-03-17 | |
À Guillaume Apollinaire
Plus belle et plus lumineuse que mil soleils Une longue crinière drape ses épaules comme mil fougères Rose-Aimée se promène dans les allées du parc Et toutes les têtes se tournent vers elle L’éblouissante dame sobrement vêtue… Tous ses charmes resplendissent et jaillissent hors d’elle Semant moult émois et palpitations dans nos jeunes cœurs Qui ont la joie et le bonheur de croquer du regard Le passage de la belle Rose-Aimée… Toute en grâce et en liberté, la belle Rose-Aimée Poursuit sa route sans se soucier des regards posés sur elle Elle apparaît pour le vertueux Femme de rêve et d’élégance Sœur jumelle de la Vierge Marie… Mais pour le vicieux et le pervers La divine dame offre un festin à leurs dépravations débridées… Comme elle est magnifique cette créature Plus proche des anges et des fées que celle des humains ! Comme elle respire et expire la félicité et la joie de vivre ! Puis vint le bel étranger Napolitain Bien vêtu de la tête aux pieds… Séducteur invétéré plein de faconde Habile courtisan et expert ès flagorneries… La belle Rose-Aimée si pure et si innocente Se laisse approcher lentement Se laisse apprivoiser graduellement À coups de « Ti amo assai bella donna ! » À coups de « Te quiero mucho linda mujer ! » À coups de « I Love You so much sweet Lady ! » À coups de « Je t’aime follement belle demoiselle ! » Comment résister devant tout cet arsenal de mots doux ? Comment ne pas fléchir devant pareilles gâteries et attentions ? Comment ne pas céder devant toute cette avalanche de compliments ? De boniments ? De bons moments passés en compagnie d’un maître cajoleur ? D’un voleur de cœur ? La belle Rose-Aimée flotte dans l’allégresse… Toutes les promesses d’une vie heureuse Et idylliques se déroule à ses pieds En tapis écarlate prêt pour son couronnement… Elle s’imagine déjà Sa Majesté Rose-Aimée Première Fraîche et éclatante comme une rose trémière ! Monte Carlo, Florence et Venise Pour leur lune de miel Rêve-t-elle… Et bing ! Et bang ! Est-ce la foudre qui frappe dans l’orage qui gronde ? Et bing ! Et bang ! Son coup de foudre s’effrite et s’effondre… La réalité lui assène deux baffes en plein visage… Le beau Napolitain aux mil merveilles A bel et bien disparu dans la brume Laissant sa jolie fiancée seule et pantelante Dans la tourmente et le brouillard… Pourtant la belle Rose-Aimée lui a tout donné : Sa jeunesse, sa beauté et sa vertu ! Qu’a-t-elle reçu en échange ? Un gros rien comme ses rêves brisés Un coup de dague en pleine poitrine Un coup de massue sur la caboche ! Que faire devant tant de perfidie ? Crier, hurler et vomir son chagrin ? Pleurer, maudire et cracher tout ce fiel ? Se fondre, se morfondre et dégobiller cette fiole de vitriol ? Se laisser mourir de cette blessure d’amour ? Oublier ? Oh que non ! Comment effacer et réparer pareilles offenses ? Comme guérir cette plaie purulente qui infecte tout son être ? Comment espérer aimer à nouveau après une telle tromperie ? Comment réapprendre à vivre après une si cruelle épreuve ? Comment rêver d’être heureuse après tant de méchanceté ? La belle Rose-Aimée est là seule dans sa chambre… Son corps repose inerte et froid sur son lit fleuri… Elle est vêtue de sa longue robe blanche de mariée… Entre ses doigts croisés et repliés sur sa poitrine Elle tient un petit bouquet de violettes Sa tête est couronnée d’une tresse de marguerites A-t-elle récité une dernière fois Avant de s’éteindre à jamais la comptine enfantine Récitée tant et tant de fois : « Je me marie », « Je ne me marie pas » ? On ne le saura jamais… La belle Rose-Aimée s’est tue pour toujours… Les gens de son village pleurent son départ… Ils disent tout bas et à voix brisée : « Rose-Aimée est morte d’avoir trop aimé ! » Mais meurt-on d’amour encore de nos jours ? Je ne pourrais pas vous le dire Moi qui n’ai connu comme unique amour La belle Rose-Aimée qui dort maintenant pour toujours… Dans le petit cimetière de son village en Auvergne… Cet été moi jeune troubadour qui l’ai connue depuis sa tendre enfance Je suis passé par là pour aller m’y recueillir seul près de sa tombe Pour mieux y pleurer ma peine J’y ai déposé un bouquet de violettes et de roses Avec ces mots épinglés sur une tige de marguerites : « À ma Rose-Aimée bien-aimée Sache que je t’ai toujours aimée Toi la Perle de mon enfance Et le sel de mes espérances ! Toi ma Rose-Aimée bien-aimée Le secret et la clef de toutes mes errances Sache que je t’aimerai toujours ! » |
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