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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-03-11 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
À ma Mère
Ivory, cher petit village, Où ma mère, au bord d’un ruisseau, Regardait son jeune visage Et causait avec les oiseaux ; Ivory, doux coin de nature, Où ma mère, au bord d’un jardin, Apprenait le chant, la couture, Et tous les gestes de ses mains ; Ivory, douceur infinie, Où ma mère, au bord des soirs frais, Avec son beau nom de « Sylvie », Semblait posséder la forêt ; Ivory, village qui brille Au bord de tous mes souvenirs, Lorsque j’étais petite fille Encor si loin de l’avenir… Quand, sur une carte de France, Ce petit nom m’apparaissait, Il me paraissait plus immense Que tout ce qui l’environnait ; Quelle ville aux mille lumières Pouvait dépasser, dans mon cœur, L’humble paysage où ma mère Faisait tant de bouquets de fleurs ? D’ailleurs, elle eut toujours, ensuite, Ce talent grave et parfumé : Avec deux ou trois marguerites, Quelques lys à demi fermés, Avec quelques roses vermeilles Et quelques herbes du gazon, Elle faisait une merveille Qui respirait dans la maison. Son âme avait toutes les grâces ; Elle lisait peu de romans, Mais, plein de la saison qui passe, Son cœur instinctif et charmant Savait mettre, au bord de la vie Dans des bouquets roses et verts, Mille fois plus de poésie Que je n’en mettais dans des verts ! (Rosemonde Gérard, Les Muses françaises, 1948)
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