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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-02-09 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
La maison des enfants
Est livrée au grand vent Leurs chambres sont désertes. Le grand vent du matin Ne dénoue au jardin Nul ruban de soie verte. Plus de mots hésitants Et plus de compliments Au midi de ma fête Et plus de petits pas, Plus de secrets tout bas Ni de cris à tue-tête. Loin de moi grandissez Enfants de mon passé Qui vivez en voyage, Puis venez à mon cœur Fontaine de mes pleurs Y puiser votre image. Usez de mon amour. Votre jour est toujours L’objet de mon envie. Revenez à mes bras, Ne vous éloignez pas Du sein de votre vie. Êtes-vous nés trop tôt Rires de mes berceaux À l’âge du quadrille ? Êtes-vous nés trop tard Enfant de mes hasards, Enfants petites filles ? Le jardin est pareil, L’abeille et soleil Y font leur course à l’aise, Mais sous les hauts sapins Plus de jeux anciens Plus de chansons Françaises. Plus de baisers le soir Ni de peur dans le noir Où vient rôder le diable, Plus de jouets cassés, Plus de genoux blessés Ni de châteaux de sable. Enfants, c’est mon passé Passé que vous bercez Au jardin de Verrières, Car je riais aussi Sous l’arbre que voici Et que planta mon père. Les jours sont abîmés. Aurais-je trop aimé Le pas qui déconcerte ? Je suis seule à présent Voyageuses enfants Devant la porte ouverte. (Louise de Vilmorin, Le Sable du sablier, 1945)
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