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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-01-03 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
Dans la pelouse endormie
Sous l'azur pâle et rêveur, Les brises en accalmie Bercent les bouleaux pleureurs. En ce silence de rêve Une voix d'oiseau Seule et divine s'élève Des bouleaux. Au jour bas de l'avenue Lointaine sous les rameaux Deux formes sont apparues, Deux corps enlacés et beaux. La femme blanche, légère Dans sa souple nudité, Détourne sur les fougères Un long regard velouté. Sa tombante chevelure Entoure son sein poli Et, svelte, sa jambe pure, Dans la marche, sort des plis De la longue chevelure. Elle marche avec cadence Comme la ramure danse ; Son bras d'un fin mouvement Sur l'épaule musculeuse De l'homme allonge, indolent, Une caresse harmonieuse. Quel léger ruissellement De lueur coule des branches Et vient dorer mollement La cambrure de la hanche ? Et l'oiseau chante à demi, Retenant la mélodie Dans le murmure assoupi Des brises en accalmie. Elle dit d'une âme fière : Avec ma pâleur lunaire Dans les bois Je danse et chante à la fois. Que la branche me réponde D'une plainte balancée ; Que la lumière soit blonde Comme ma claire pensée ; Que la tombante feuillée Imite mes longs cheveux ; Que la brise réveillée Ait la langueur de mes jeux ; Et si, lointaine, je pense Dans mon vallon familier, Que l'ombre, que le silence Viennent s'allonger au pied De mon corps blanc replié. L'oiseau jette un cri de gloire Et l'homme ayant joint les doigts A l'air de dire une histoire D'autrefois. Ô plus haute que la vie, Froide et pâle Poésie, Lève-toi Et pleure et danse à la fois. Allonge vers les bouleaux Tes bras si longs et si beaux, Insaisissable pensée, Et sur ta chair offensée Ramène le triste flot De tes tresses délacées. Ô tristes et longs sanglots De l'oiseau. L'homme est mort d'avoir osé Un baiser. Il gît blême sur la mousse À jamais dormante et douce Pour ses membres reposés. Cache à demi dans l'écorce Du plus fort de ces bouleaux, Rêve, ton flexible torse, Tes deux seins jeunes et beaux Et que l'ombre molle effleure L'arbre pâle où l'oiseau pleure. De la tête qui s'incline Que la chevelure fine Retombe avec les rameaux Comme un long flot de pensées Divines et balancées Au mouvement des bouleaux. (Cécile Sauvage, Fumées, 1910)
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