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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-12-01 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
De ce temps si vite passé
Rien n’est resté à la patience. Je n’eus pas le temps d’y penser Ni de faire un traité d’alliance J’ai tout pris et tout dépensé. Chaque plaisir, chaque malaise Trouvaient les mots qui font pâlir. Rimes du cœur sous les mélèzes, La forêt comprend le désir Et pleurait pour que mieux je plaise. J’ai pris le rire en sa saison Quand il venait en avalanche. Quand parfumés de déraison S’ouvraient les jasmins à peau blanche J’acceptais la comparaison. Il faisait bon si j’étais bonne Meilleur si je faisais semblant. Les vœux qu’on ne dit à personne Éveillés par le cri des paons Chantaient au remords qui fredonne. La neige tombe, ohé ! traîneau Je vais partir en promenade. La neige anoblit mon manteau Je suis la reine des nomades Dans mon lit à quatre chevaux. Je suis la reine sans coutumes Qui connaît tous les jeux anciens. La parole était mon costume Et la lune mon petit chien Jaloux d’un astre qui s’allume. Une larme au bord de mes cils Je dois poursuivre mon voyage. Beau château restez de profil, Pour rebroder vos personnages Je prends mon aiguille et mon fil. Le bonheur est un invalide Qui passe en boitant comme moi. Il n’a pas l’épaule solide Mais je sais ce que je lui dois : Mon cœur est plein, j’ai les mains vides. (Louise de Vilmorin, Le Sable du sablier, 1945)
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