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Je ne suis qu\'un cri
poèmes [ ]

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par [Célé ]

2009-09-25  |     | 



Je viens boire la source adossée à l'Espagne.
En elle j'ai plongé l'injure du crénom !
Mélangeant sa salive au sang qui m'accompagne
Je suis borgne d'amour... D'incertitude : Non !

De ma petite enfance à France, sentinelle !
Ecartèle mon heure... Hier je dévorais
Sur le sein de ma mère : Un baiser de cannelle...
Dans la gueule des chiens : La truffe des forêts !

Je cherche dans la terre humide que j'embrasse
Les greffons de naissance... Et je respire avec...
Voulant seulement quand je regarde la glace
Ni voir rien d'autre qu'un visage pur et net,

Un gosse enveloppé des odeurs de gitane.
A mes aïeux, à l'aube, angélique je veux
Raviver dans mes mains des brûloirs de butane,
Autour du feu de bois : Braiser nos meilleurs voeux !

Vif azur ! Une étoile ancestrale fait fondre
Sur un astre de cire ardent, de-ci, de-là...
Les mots étrangers que je devrais leur répondre
Mais que je ne puis dire en cette langue-là !

O saint de Compostelle entre deux mappemondes
Tu me prêtes ton pied dans un sabot de bois
Et l'écorce de l'arbre où ce soir tu m'émondes...
Sur une branche nue... En étirant les doigts !

Des Versailles comptés du Paris de Voltaire
A L'incompréhensible énigme de Gisors
Je reste le bouffon qui d'une ingrate terre
Dans l'âme ensevelit d'improbables trésors.

En terre espagnole où j'ai perdu mes racines,
Entre l'eau du lavoir et la dalle en ciment
où, de robustes mains dans d'énormes bassines
Font du linge de mon premier balbutiement

Des noeuds à la mémoire... Et ma terre natale
Nouée aux quatre vents me ligature au gré
Des stigmates des fleurs qui de chaque pétale
Trémulent le pollen de mon chant d'immigré...

Et dans l'herbe mouillée une caresse anime
Le frisson des amours exquises. El amor
De semence in vitro se délecte anonyme
Du murmure anodin de ma petite mort...

Et ma prime patrie a ses grands hiéroglyphes...
Et mon pays second : Un arcane si cher...
Des squelettes de mains qui du bout de leurs griffes
Pétrissent l'IL en ELLE... En pénétrant ma chair...

Je suis entre les rails cette artère chétive
Qui, reliant mon coeur à ces sangs mélangés
Dans mes veines va comme une locomotive...
Au passage à niveau : Cacher deux étrangers.

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