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OISEAUX DE CRAIE
poèmes [ ]
Aux grands escarpements de l’être, seuls les poètes semblent comprendre la douleur des falaises rivées aux plages

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par [Reumond ]

2009-09-11  |     | 




Les falaises sont de grands oiseaux de craies, bien trop lourds pour s’envoler au large, alors, elles regardent paisiblement l’horizon, avec patience, rêvant de beaux voyages comme en font les bateaux, se tournant vers le ciel pour implorer les saints, mandant voilures de soie pour voler jusqu’aux Indes.

Aux grands escarpements de l’être, seuls les poètes semblent comprendre la douleur des falaises rivées aux plages ; eux les portes plumeux, les écrivassiers, les poétiquarts … voudraient tant en guise de crayon des ailes pour écrire, et s’élancer si haut telles les voutes de pierres, de cathédrales fumantes d’encens, comme l’air et l’eau dans les étraves, tels des galets pour faire ricochets, briser les résistances, et déposer au ciel dans le creux des cœurs nus, des mots à faire pleurer les anges.

Mais même crayonnés, les mots sont bien trop lourds, pour rompre la pesanteur et le poids des épreuves ; quand se trace les lignes les paupières se ploient sous la charge des images et la bouche pâteuse se fait purée de voix, de pois, de poix, de poids …

La grâce des mots n’est grâce qu’en apparence, trompe-l’œil et l’oreille quand s’efface le souffle.

« Mais on ne pense bien qu’avec des maux, on ne panse bien qu’avec des mots … » répètent à l’infini les falaises, dans l’écho des grandes marées.

Dans le cœur du poète, cage et cave riment ensemble avec le langage, lent, langue, cage, âge, lancage …, l’écho des grandes marées, résonne dans ma tête à tisser des barreaux de nuit, là où aucune plume, aucun fouet en dehors du fouet des vagues, ne dompte les mots bêtes et sauvages.

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