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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-08-10 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
C’est quelque chose de si ténu de si lointain que d’y penser on arrive à le trop matérialiser
Forme limitée par la mer bleue par la rumeur d’un train en marche par l’odeur des eucalyptus des mimosas et des pins maritimes Mais le contact et la saveur Et cette petite voyageuse alerte inclina brusquement la tête sur le quai de la gare à Marseille et s’en alla Sans savoir Que son souvenir planerait sur un petit bois de la Champagne où un soldat s’efforce devant le feu d’un bivouac d’évoquer Madeleine de la fumée d’écorce de bouleau qui sent l’encens minéen Tandis que les volutes bleuâtres qui montent d’un cigare écrivent le plus tendre des noms Madeleine Mais les nœuds de couleuvres en se dénouant écrivent aussi le nom émouvant Madeleine, dont chaque lettre se love en belle anglaise Et le soldat n’ose point achever le jeu de mots bilingue que ne manque point de susciter cette calligraphie sylvestre et vernale. (Poème de Guillaume Apollinaire, In Lettres à Madeleine, daté du 28 mai 1915)
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