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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-05-20 | |
L’haleine des anges
J’ai mis le manteau de l’hiver sur mes épaules nues, Pour qu’il habille ma colère, pour qu’il recouvre mes blessures. Vivre n’est pas survivre entre là et l’ailleurs. La vie est dans l’haleine des anges, dans le mouvement d’une horloge, dans un drap qui pend mollement un soir d’été, dans la treille qui monte vers l’infini, dans les 613 grains de la figue, dans le boumboum de mon cœur, dans l’ombre de mon chapeau sous le ciel de nuit pure, dans la voix du chien errant aux portes de ma maison, dans le souffle du vent dans les rideaux du salon, dans l’aubade des brebis qui bêlent au firmament, chant d’amour au néant, dans trois haricots sur une assiette attendant le festin, dans la litanie que chantent à deux voix le marteau et l’enclume, dans l’odeur des peaux d’été, dans le regard étonné d’un lézard étourdi, dans un sarment de vigne arçonné, dans un morceau de vieux bois servant de lit aux fourmis, dans la bouture qu’a faite le ciel dans l’eau du lac, dans les ombres chinoises que projettent les peurs d’enfant sur la nuit, dans le tintement de la mitraille au fond des poches, dans un vieux godillot troué planté sur un piquet, dans un épouvantail crevé tirant sa langue de paille aux moineaux hilares, dans un troupeau de moutons broutant les nuages, dans le verger d’Adam rempli de pommes d’or, dans les éclats de lune sur la peau des toitures, dans une poignée d’étoiles lancées vers les vagues, dans l’écume échevelée d’une mer intarissable, dans l’orage qui démonte le ciel et la terre, dans la tempête renversant les abîmes, dans le rameau sur lequel est assise pensive une libellule, dans le néon qui clignote au dessus de la rue tordue, dans la boule de billard qui claque dans un cloaque, dans la boue, dans la fange, dans la puanteur de la décomposition d’un corps, dans le soupir, le premier et le dernier. Une main supplie dans le ciel d’argent, Qu’est-ce qu’un innocent sinon un coupable en sursis. Michèle Menesclou
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