- exil -

celui qui dit
s'effondre dans le bruit
touche
le point g du désordre

oisive la page
d'un geste de bleu s'abandonne
au Verbe haletant, se déploie

s'en sortir
échapper à l'étreinte
à l'empreinte
de la fausse parole

qui m'emporte
vers l'histoire future
m'exile
dans un cercle de craie


-seuil -

hanter l'espace absolu
tendre verdure de lumière
crépusculaire pupille
qui scrute
l'ailleurs

c'est dans l'attente
que l'on trouve le chemin -
la poussière collée à la semelle
n'aveuglant guère sa morsure

voyage
sous le signe du Nulle part
à travers la parole
irrésistible, le centre -
seuil à franchir


- mi-pont -

le sang pierreux des mots
s'enfuit le long des langues
et des frontières

intraduisible
la paix du non-dit

le vide lumineux du poème
s'écoule sous tes doigts
telle une blessure caressante

mûrissent, s'égrenent lentement
les signes et les sons

un dieu païen viendra
moissonner cette mer lente
entre toi et personne