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(Ergot sum, poivre et cannelle)
poèmes [ ]

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par [felipe ]

2005-03-23  |     | 






Ce sont des matins qu’on dit plus bleus lorsque sur la table le bouquet de delirium tremble et vibre d’une stridence d’aigue-marine et de chevelures d’algues déracinées. En moi cela ne fait pas le même bruit de lumière désertée, mais une sorte de lenteur qui remonte des profondeurs, peut-être une musique un peu fauve, presque rudimentaire qui fait appel, en écho, aux esprits de la forêt « Bachianas brasileiras » d’un bois plus rude que la pierre brûlante de la peau tannée par les pluies et les soleils effondrés.

Les maisons rétrécissent, j’ai commandé une nouvelle rue avec vue sur la mer et ses alinéas d’eau crochue et de mystérieuses constructions salées de concrétions et d’éphémère et puis les étoiles épaisses et tournoyantes de Van Gogh, ses grandes soifs de distance et de pulsations lactées. Vous avez parlé de peinture ? Il s’agit d’un mélange broyé de colle, d’images, d’orties et des gestes épileptiques enfoncés dans le paysage.

L’arpenteur, il y a toujours quelqu’un qui arpente, des collisions magmatiques, jusqu’aux souplesses du cuir des rubans des lanières des visages d’Escher et puis les équations impossibles des secondes. Si je traverse là, en ce milliardième, j’écrase un escargot plus cossu mais moins rapide que moi, sinon je me fais décalcifier par un trente huit tonnes. C’est un choix cornélien, sans ébats.

Je ferme la parenthèse des adieux, c’est une belle saison d’enzymes et de relativité, un temps pour aérer les poètes, les pauvres vieux perclus de vers et d’illusions. Je pose du mur la première porte, je ne suis pas chien, j’ouvre des éclaircies, je ne vous laissera pas, pour vous allécher un panier d’orchidées, mais l’essence d’une Narcisse pour vous rassurer, vous êtes bien chez vous, dans le dérisoire (cravo e canela).

J’efface tout, je recommence, je fais griller des harengs bleus aux yeux très doux et l’odeur me suivra partout comme le bruit de la mer revenue. Je remets le paysage tel que vous l’aviez voulu, rassurant et funèbre. Je replie les isthmes et les îles cafouilleuses d’océans, les bréviaires des lunes nostalgiques de sambas et d’onomatopées, les redoutables redites, comme la pluie, comme le vent, comme les comme et ce qui n’en peut plus d’être comme.

La pluie cravache le multiple, j’arraisonne le navire du vocabulaire et ses poupes graminées de poulpes et d’incendies échevelés. Vous avez mis le feu, il faut qu’avec lui je négocie des navigations incertaines et m’entretienne des rémanences des flammèches dans le sextant du voyage pour vous permettre d’accoster sur une langue de terre enfin compréhensible.


Je fais de grands voyages, ma cousine, sur le dos des lunes affaissées. Il faut tendre des fils pour que le linge puisse sécher. Je vous donnerai deux clous, des épingles, la lumière et ses gouffres en-dessous et « tout » se tiendra. A moins que « tout » ne tombe dans le très haut, l’impossible.


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