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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-01-07 | | Je te donne le premier sable d’une île revenue du temps des longues traversées lorsque la mer n’enveloppait pas encore la terre d’écumes incendiées. Il fallait alors inventer des routes dans la fluidité du soleil sur des pirogues de buffles d’ossements, de grêles et des hommes pour creuser à coups de rames, de pagaies le sillon des continents. Je t’emporte vers le large où respirent les forêts de basalte englouti dans les Niagaras de sels et d’éponges, le calme des profondeurs. Ce silence de lentes pulsations de tropiques et de nuits. Ce silence des transparences étales des lagons. L’océan ne commence qu’avec la solitude de l’île, au cœur du voyage qui lance les lendemains, leurs ricochets d’archipels dans l’œil du mérou qui fomente des émeutes dans les bancs étincelants des ballets aériens des exocets. L’île écartant totems et tabous et les pluies endémiques, les pluies psalmodiées du moi désagrégé par l’érosion du mouvement dans le geste improbable signifiant le possible en ce vol migrateur, effractions dans l’espace des mots. L’île, énigme comme toi dans cette graphie étrusque indéchiffrable et pourtant lisible dans la gravité lointaine de son chant, sa proximité d’eucalyptus de pampres et de sarments. Il y a un été qui commence là -bas à moudre les baies des gémonies pour les dissoudre dans l’huile vulnéraire des saisons.
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