De ce voyage-là, aux pyramides, je prends un point de la bande bleue. Je le roule dans la neige des agneaux, jusqu'à ce qu'il prenne la forme d'un corps de bonhomme de neige. Te rappelles-tu qui parlait de ça? me demande Daian. Il aime énerver le monde en te posant une question et, ensuite, il te laisse comme ça, en attente. Quand même, cette fois-ci, comme s'il était sans garde, il changea de sujet. Es-tu capable me faire un dessin de cette réalité?

Le18 décembre, à Timisoara, le matin se fraya un passage dans le bruit qui fait courir le temps. Le Poète laissa le hasard au sort de la plume d'un ange tombée sur un dé. Une guêpe bourdonne à l'idée de pénétrer ses points singuliers… Au début du commencement, à travers le mur, dans un monde à double échelle, tu m'as promis une lettre… voilà, tu as réussi un parfait ajournement... j'aurais tant aimé que tes silences soient plus vifs... Je te laisse voir d'en haut de la pyramide… des histoires pleines de rêve et de vie, sur la route... il neige, au début du commencement... maiiiiinteeeeenant, mainteeenant, maintenant... il y a assez de braise sous la cendre... et encore, il y a des buées de conte et un anneau de fumée/ qui se lève de la pipe de la paix et la feuille de tabac...

À l'horizon, quelque part, aux portes levantines, la sphère avait quitté l'axe. Les oiseaux ont pris leur vol au dessus du mur blanc. Le dos luisant de poisson tord la clef dans la porte de la mémoire de l'atelier aveugle de corbeau... je prends la coupe à côté de l'arbre de Noël et je la frappe brièvement d'un chemin... j'ai volé la plume de la sphère et je me suis mis à écrire le bouquin... l'égratignure grinçait, je hachurais finement l'ombre, jusqu'au pas de la porte du printemps, c'est l'homme grisonné qui commande… tes traces rouges sur le blanc de la neige à Timisoara... le matin du 18, papa nous a dit de rester à la maison, parce qu'à Timisoara la révolution avait commencé. Je croyais que c'est une métaphore , parce que la nuit du 17 au 18 on entendait gronder le tonnerre et il y avait des éclairs comme si nous étions en été... et il nous a dit que la gare était surveillée et que personne ne pouvait entrer dans la cité... je me suis dit que nous étions pour y aller et si ceux de là-bas n'ont pas appelé ça veut dire que les signes sont bons... Ici, entre la douleur et l'impression... entre le silence, la pensée et l'Infini, c'est le lieu étroit et un souffle léger du vent… et dans la négligence de l'heure, il y a de la place pour la fin...





(Constanța, le 18 décembre 2007)

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d'après "Pictorul orb" (Urmele roşii pe albul zăpezii), de Ioan-Mircea Popovici


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Montréal, le 21 septembre 2008