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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2016-06-20 | |
Épigraphe - toute chose qui surabonde dans ta vie, ne la gaspille pas! fais-en un don, comme la vague le fait en se dévouant sans conditions au rivage.
Ioan-Mircea Popovici - Le Voyage il était une fois, une mamie qui avait trois garçons et une fille, la jumelle de mon père; cette mamie s'est promenée toute sa vie d'un enfant à l'autre, de maison en maison, mais elle n'est jamais retournée chez mon papi, parce que mon papi chantait de l'accordéon, surtout lorsque quelqu'un partait de chez lui... il s'assoyait sur le banc devant la porte et conduisait, en accords tristes, celui qui partait, il ne demandait jamais d'où vient et où s'en va celui qui passait le seuil de sa porte... un jour, Mamie installa son lit dans ma chambre à coucher, ses habits dans la seule armoire de la maison et, son sommeil, près du mien... moi, j'étais très heureuse, moi, je m'entendais si bien avec elle, quand tous les autres la chassaient... j'avais entendu dire qu'elle était trop curieuse, qu'elle s'occupait beaucoup trop des affaires des autres; pendant son séjour chez nous, je n'ai entendu aucune dispute dans la maison... chez nous, elle est restée le temps de cinq romans: La Citadelle, Les camarades, À l'Ouest rien de nouveau, Autant en emporte le vent, Le voile des illusions... j'avais une amie, dans ce temp-ci, qui habitait un étage plus haut, une fille très belle... ellle s'appelait Doina et elle portait si bien son nom... elle me prêtait des livres de sa bibliothèque pleine d'étagères habitées de rêves... Mamie m'attendait chaque soir pour nous retirer incognito dans notre chambre; je lui lisais quelques pages jusqu'à qu'elle s'endormait... elle se rappelait toujours où s'arrêtait le fil de l'histoire; il était impossible de tricher... je n'avais pas fini le dernier roman, qu'un soir, en rentrant chez nous, Mamie n'y était plus; maman m'a raconté que papa lui avait fait les bagages et lui a dit de partir... c'était ma tante, Marioara, qui est venue la chercher et l'emmener chez elle, encore une ou, je ne sais plus, combien de fois... ce soir-là , j'ai lu le roman jusqu'à la fin, à haute voix... le lit était vide et mes yeux en larmes... après un an, peut-être moins, maman m'a raconté pourquoi mamie a dȗ partir... un jour avant, mamie avait dit à papa qu'il lui manquait 10 sous de sa poche où elle gardait sa menue monnaie... et que c'était moi cellequi... maman s'était beaucoup attristée: comment peux-tu la chasser, elle est vieille, ta mère, elle en a assez de se promener d'un enfant à l'autre et de ne plus trouver un endroit où se reposer... papa lui a répondu, lui aussi, avec tristesse: qu'est-ce que tu veux que je fasse? mettre à la porte ma fille pour 10 sous; tu sais bien comment elle est intrigante; je pensais que, auprès de ses petits enfants, elle trouvera un peu de quiétude et de bonheur, qu'elle fera un peu de ménage dans sa façon d'être... chaque fin de semaine depuis, j'allais la voir... jamais elle ne m'a parlé de son départ, mais de l'arrivée d'un cher et richard Monsieur de l'Amérique, qui tenait beaucoup à l'amener avec lui, là -bas... si loin de sa maison, qui n'existait même plus... mais, elle avait très honte de partir si loin avec cet étranger, elle avait honte envers ses enfants, qu'est-ce qu'ils vont y penser, comment vont-ils la juger?! quelques années d'affilée, Mamie m'a crocheté des écharpes - voiles en fil de soie - toutes les couleurs et en combinaisons fort osées, mais d'une élégance bien classique... j'en avais autant, que j'avais commencé en offrir à mes amies, à l'occasion de leur anniversaire... aujourd'hui, j'ai regardé voir s'il me restait une écharpe d'antan... oui, une en bleu dégradé - ultra-marine - comme le dégradé d'une vague à la recherche du rivage... le voile de Mamie... Bucarest, le 20 juin 2016
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