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Nuage effiloché
essai [ ]

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par [Andi Pop ]

2005-11-30  |     | 



L’air que je respire le brouillard qui m’enveloppe le froid ou la chaleur qui me tuent et-pourquoi pas?-la menace qui m’assiège m’altèrent peu a peu. Je n’ai plus de fraîcheur! Je n’ai que des réflexes conditionnés!Je dois me détacher de moi-même et de mon écriture mais je ne peux plus le faire! C’est trop tard!Et pourtant je vais essayer!…
Je voudrais me promener toute seule dans la rue à pied jusqu’à la gare; et de là, par le train jusqu’à Vienne de Vienne à Venise de Venise à Rome ensuite à Milan… Je voudrais voyager en bateau de Naples à Buenos Aires et me perdre dans la pampa sud-américaine où je m’arrêterai terrassée les mains sous la nuque pour ne regarder que le ciel. Et alors au creux de la solitude et du silence la profondeur du ciel sera la mienne.Je le sais. C’est un ciel si clair qu’il m’affole. Toute cette immobilité me révolte! Des nuages effilochés assombrissent mon ciel à moi! Mon ciel intérieur!
Est-ce que je dois souffrir sans cesse ou fuir sans cesse tout ce qui est beau?
Faute de réponse mon âme plonge dans la paresse baignée tantôt d’un regret, tantôt dun désir.
L’air que je respire est toujours plus opaque toujours plus étouffant.. Comme dans un miroir brisé j’y vois des images éparpillées. C’est comme si je faisais la somme d’un vagabond parti vers chez lui. Un “chez soi” qui n’est nulle part.
Et j’y vois des meubles aux formes élancées fatiguées; des meubles qui semblent rêver et penser à travers moi ou peut-etre n’y a-t-il que moi qui pense à travers eux…
Mes nerfs me font mal. Je veux crier mais mon cri ne résonne plus… Un désordre hallucinant rôde autour de moi…
L’anéantissement est agressif. Le vide lui aussi me fait mal. Ma solitude me mène encore plus loin. Plus haut plus bas…Rien que des automatisme virulents…
Enveloppé d’une étrange lumière mon esprit virevolte alors devant moi tel un voyageur fanatique. Je veux m’envoler toujours plus haut sans regarder en bas. La terre me dégoute…Et tous les voyageurs m’écoeurent…Je me sens devenir une autre…
Je suis un habitant de passage dans une demeure qui n’est pas la mienne qui n’a ni porte ni fenêtre qui n’a que l’ailleurs…
Acroché à cet ailleurs Baudelaire disait quelque part:la vie ressemble à un hôpital où chaque malade veut changer de lit. Un qui souffre veut contenir son mal auprès d’un poële, un autre croit qu’il guérirait près d’une fenêtre!…
Et moi? Où aller contenir ma souffrance?…J’irai ailleurs… Mais voila que je me réveille encore une fois dans cette carcasse vide qui touche à la reverie un espace vraiment spirituel où l’air crémeux est teinté de rose de bleu et de vieux rougeâtre… un gouffre où le moi se perd à contempler la grimace changeante d’un nuage à jamais effiloché…

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