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Les identités holographiques (extrait)
essai [ ]

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par [Reumond ]

2014-01-13  |     | 




Avant-propos

Comme dans ces espaces paradoxaux, miroirs magiques et autres cercles limites de ce divin graphiste, Maurits Cornelis Escher, les illusions d’optique se font les reflets d’une réalité : les identités comme les mots se font holographiques !

Entre l’image que je donne de moi et celle que je voudrais donner ; l’image que j’ai de moi-même ici présentement et celle que j’avais hier matin en me levant la bouche pâteuse ; quelle unité possible pour quel impossible éclatement ou pour quelles fragmentations à l’image d’une blessure ? Quel homme ne suis-je pas dans le pas des miroirs de l’inconnaissance ?

Entre celui que je pense être et celui que je rêve d’être, celui que j’étais encore hier et celui que je pourrais être demain soir si les conditions sont bonnes, et celui que j’ai peur d’être ou de devenir un jour ; qui est celui qui se pose des questions existentielles ?

Entre celui que vous croyez que je suis et celui que vous aimeriez que je sois ; entre celui qui se dit à demi-mot ou s’écrit en pleine page, entre le no man’land de l’être et les terres du non-être, qui peut vraiment me dire ce qui existe et qui est en ce vaste territoire de l’être ?

Qui est ce « Je » qui veut et désire vraiment se penser et se causer en moi, et crois peut-être même se dire ? Entre celui que vous voulez voir, lire ou entendre et celui que vous croyez voir, lire et entendre, un espace se tire au trait, mot à mot, un espace paradoxal se déchire. Entre ce que ce « Je » fait et ce qu’il est et ce qu’il pense ? entre ce qu’il dit et ce qu’il voudrait bien vous dire, les ego se tirent, s’étirent et se déchirent à l’infini de soi.

Entre je et tu, les identités se font holistiques et complexes. Qui suis-je, face à qui es-tu et qui serais-je si tu n’étais pas là, disponible et tendre comme le pain sur la table de l’altérité ? Et qui serait ce « tu » si nous n’étions pas ensemble les yeux dans les vœux, avec cette même volonté et ce même désir d’être nous-mêmes l’un pour l’autre quelqu’un ou quelque chose de bien et de bon ?

Qui sommes-nous en fait et qui sommes-nous en somme en étant des étants figés devant nos miroirs respectifs et déformants comme devant des yeux pleins d’étoiles et d’attentes scintillantes ?

Quels individus serions-nous dans le vide total, et quand les questions se posent, papillon de méninges, qui se pense en nous, sinon un autre nous-mêmes derrière quelques masques souriants ? il y a-t-il quelqu’un ou quelqu’une conscience qui traverse les miroirs épais de la vie ? Être mi-animal ou mi-humain, quel personnage se dit « Homme » pour se cacher de la bête, et qui personnifie l’un ou s’identifie à l’autre ?

L’être indiscutable se discute, de figure en parabole, de métaphore en ressemblance, l’image détournée comme l’avion se pose sur le visage, comme un soleil sur le paysage ; figuré ou pas, plus ou moins convexes ou concaves les images s’obliquent au méandre des miroirs aux alouettes dans un grand jeu d’illusions.

Obliques les images se déposent pour fléchir le reflet et étendre les mots, comme les trous noirs fléchissent l’espace pour faire lit. Suis-je indivis ou multiple ? unifié ou schizophrène plein de nœuds ? indissoluble ou dissous dans le grand tout ? Comme perdu entre l’effigie rigide d’une identité à laquelle je m’accroche, ou l’estampe détrempée de sueurs rances d’un sans-papier ?

Suis-je différent ou dissemblant, distinct de ce que je crois être moi ? dans l’opposition des reflets sur les mille facettes holographiques d’un prisme qui est celui du temps. Quand j’ai su que je n’étais qu’une silhouette perdue dans un paysage, qu’un mystère de l’être dans un trou de hasard, un algorithme truqué pour cabaliste fou, ou un processus en marche vers la construction de soi, j’ai su qu’il me fallait me contenter d’être un chiffre sur une porte entrouverte, une étoile jaune sur un vêtement râpé, ou un archétype quelconque, celui d’un type flou et vague sans domicile fixe et sans papier aucun sur la route de soi.

On me nomme, on me lit, on me dit … mais pourtant, qui suis-je pour être nommé ? Libre ou esclave de ma condition et de mes conditionnements ; comme Robinson est asservi à son île, suis-je libre ou assujetti de mes identités préfabriquées, auto-collées et à mes préjugés bien enracinés ?

Suis-je tellement étranger à moi-même que le vent lui-même me maltraite en me traitant d’immigré et d’étrange étranger ? Suis-je le passager clandestin, le clone ou le clown d’un autre, sans passeport et sans valeur propre, seulement chargé d’une valise ontologique pleine de souvenirs, des plus nostalgiques aux plus joyeux ?

Suis-je un colon en transit ou une créature de rêve dans un cauchemar étouffant ? Une chose est sûre, je suis ce qui se cause pour faire acte de soi ? une entité maléfique ou bénéfique, un être pétrifié qui se confond avec une pensée vague et qui se regarde penser du bord de sa dérive ? Suis-je un être en quête de logique et de vérité ?

Suis-je en relation ou relatif à quelque moi, en ces « je » plus ou moins abstraits qui pallient aux manques jusqu’au bout de ses questions ?

Mais suis-je vraiment ? Entre ce « Moi » et entre ces « nous ...», et ces « on... »; honte à perte de vue et ce « moi Je ... » à se perdre soi-même ?

Suis-je celui qui à peur d’être ou celui qui désire être ? Celui qui va vers l’autre ou celui qui le fuit ?

« Être plus » comme dirait Teilhard de Chardin, être davantage soi-même, mais qui suis-je vraiment en celui qui est, qui était et qui vient ? C’est-à-dire à travers ces identités fragiles qui semblent nous habiter ou nous traverser comme un vent, parfois lourd, parfois léger.

À travers toutes ces relations éphémères, suis-je toujours le même ou le semblant d’un autre moi-même ?

Suis-je cet homme auquel vous pensez ?

Suis-je celui que vous croyez comprendre, ou que vous voulez comprendre à travers ses logorrhées, ses cris et ses menstrues d’encres noires ?

Suis-je celui que vous comprenez peut-être ?

Quoi qu’il en soi, entre vous et moi, si vous et moi sommes bien réels et authentiques, il y a au moins mille raisons de nous perdre dans les mille facettes de l’être, et mille raisons déraisonnables de nous égarer plus encore dans les problèmes d’identités qui sont tout à la fois fractales et holistiques, grandement simples et éminemment complexes.


Les identités holographiques

(...)

Sans trou ou sans vide il n’y aurait que du plein !

Sans trou et sans vide il n’y aurait plus de rouages au Yi Jing et plus d’espace entre ce « Je » et ce « Tu » qui dialoguent les yeux dans les voeux avec un grand sourire aux lèvres.

Sans trou, il n’y aurait plus ce no man’land entre belligérants de bonne volonté, comme entre votre identité profonde et la mienne, toutes tendues l’une vers l’autre, pareillement aux doigts d’Adam et de Dieu en la chapelle Sixtine, car ce sont les trous de nos identités qui en font et qui en fondent le mystère ! Comme c’est le vide qui fait d’un cœur, d’une maison, d’un cloître, un lieu habité qui a une âme. Comme c’est le trou qui s’étend de la crypte aux voutes du plafond, ou de l’oratoire au laboratoire, qui font véritablement l’identité d’un lieu.

Ce ne sont pas les fresques et les apparences qui sont essentielles, c’est dans ce vide comme dans cette relation entre Michel-Ange et Jules II, que la vie comme une peinture prend chair en ses multiples tableaux. C’est dans la diversité et la qualité des trous que l’on reconnait les trop-pleins !

« Identifiez-vous », me dit sans cesse l’ordinateur sur les sites visités, en ces lieux virtuels les plus visitables.

L’homme, je parle ici de l’animal qui se dit orgueilleusement déjà homme, a un fameux penchant pour « s’identifier » et « identifier » les autres aux êtres et aux choses de ce monde; c’est che lui, une forme de névrose toute naturelle !

Chez lui, ce besoin de s'identifier et d’identifier pour se rassurer c’est vital !

De la forêt la plus profonde à la ville la plus haute, il lui semble fondamental de connaître et de reconnaître quelque chose ou quelqu'un dans les ombres et les reflets; il lui semble vital de déterminer leur degré d’appartenance et de prédation ; et de définir ainsi la « catégorie » dans laquelle il appartient de les inscrire, et de les expliquer d’une manière donnée, logique et surtout apaisante, quelle que soit la personne ou l’animal, la plante ou l’objet que j’assimile en (à) moi.

Qu’il s’agisse d’une pensée fuyante, d’une croyance ou d’un concept mathématique … chez cet animal qui habite toujours l’homme de manière prégnante et impulsive, il est nécessaire d’identifier pour mieux assimiler tel changement ou telle réalité nouvelle, dans une démarche souvent captative.

Afin de ne plus la confondre, l’homme pense, juge et discerne, identifiant le bon grain qui dit vrai.

Mais l’identité des choses et des gens n’est qu’une forme de vérité du réel, qu’une forme de réalité de la vérité, pour un lieu et une époque donnée ; mais quand tout change dans l’Univers, à quelle identité et à quelle vérité se fier comme dirait ma mère, presque centenaire, qui ne comprend plus rien à ce monde dépossédé de sa réalité à elle ?

Nos identités ne sont que des « constructions mentales », bien avant d’être des réalités sociales ou culturelles ; car n’en déplaise à ceux qui s’accrochent à leurs rôles et fonctions, nous somme plus que la somme de toutes nos identités - plus que nos missions et nos activités - plus que nos statuts sociaux et nos personnages familiaux - plus que nos masques et responsabilités dans la société – plus que nos appartenances dans le monde et plus que nos croyances et nos profils sur les réseaux...

C’est peut-être même dans ce trou abyssal de ce que nous ne sommes pas que git notre véritable identité. En dehors de tous nos titres, hors vocation, au-delà de notre célébrité, de notre bonne ou mauvaise réputation, de bon fils ou de bon travailleur.

C’est peut-être derrière les apparences, peut-être là ailleurs, que ce déploie notre similitude avec des Univers toujours en expansion, dans une nature bio diversifiée et avec une vie qui ne cesse de croire et de croître en elle sans arrêt – des réalités non identifiables - quoi qu’on en dise !

(...)

De curriculum vitæ en cursus de mort, la vie se déroule à la vitesse CV. Prime, comme pour en identifier rapidement les âges et les étapes.

À travers l’espace - tempes nos identités changent, entre être et faire nous évoluons et nos identités ne cesse de s’y disputer le terrain, pour savoir à qui me représente le mieux.

Entre ce que je fis jadis, ce que je fais aujourd’hui même et ce que je ferai après-demain pour être, et entre ce que je fus, ce que je suis et ce je serai pour faire, toutes nos identités inséparables de notre histoire, inhérentes à notre présent et indissociables de nos projets, s’impriment comme des décalcomanies qui vous colle à la peau.

Les identités sont comme des compromis inévitables !

Bâtard de ta mère ! Grande gueule, gros cou ou grosse tête … quoi que je sois, quoi que je fasse… d’identifications en identification, en fonction des relations que l’on a, du pays et des époques, nous sommes trop souvent ce que nous faisons et nous produisons ce que nous représentons.

(…)

Qu’importe la nomination, quelque soit le sobriquet, l’injure ou la couleur de notre peau, les mots s’envolent et le sang partout coule toujours aussi rouge ! Je n’ai point de sang bleu, mais un liquide sirupeux d’un vermeil qui vous ressemble, et comme il est dit de par le monde que ceux qui se ressemblent s’assemblent, plein d’espérance, je me relie à vous pour chercher ensemble le chemin.

Autour de nous, on parle partout d’identité comme de la onzième plaie d’Égypte ou même comme le huitième jour de l’homme ; mais qu’importent les échos, seuls comptent les vents ! De média en rumeurs, on en cause, on polémique beaucoup, on verse par précaution, et l'on renverse par inadvertance son fiel, comme une huile bouillante pour se défendre de l’étrangeté et de l’étranger ; comme ci l’identité des uns pouvait être la cause des problèmes de l’autre.

Mais qu’en est-il vraiment de cette soi-disant « Identité » si paradoxale et si difficile à définir ? Quand est-il de l’identité en ces jeux complexes de paradoxes, dans cette zone frontière où je me situe par rapport aux autres et où autrui se place et positionne vis-à-vis de moi ou de mon groupe ?

Entre ce qui différentie l’autre dans ses identités propres et ce qui me différencie dans mes croyances et valeurs identitaires, les identités toujours se jouent de nous ! Dans ce jeu, quel espace de différentiation puis-je tolérer ?

Je rejette bien souvent « la différence » qui caractérise et donc identifie l’autre, alors que je m’identifie souvent moi-même à mes propres différences ? Quand je m’identifie à ce qui me différencie ne fais-je pas la même chose et les mêmes choix que l’autre ?

Comme autour d’un trou noir, le poids, la masse de mes propres identifications et des identités qui en résultent dans une forme de codépendance entre l’une et l’autre, fait se courber l’espace entre vous et moi jusqu’au point où je vous perds de vue, en un point de non-retour que l’on nomme « rupture ».

Dans cette zone linéaire et duelle pleine de zones d’ombre et d’angles morts qui délimitent à l’horizon des événements mes propres perceptions, je ne perçois plus que la surface plane des choses, avec leurs vagues apparences comme tant de silhouettes floues, mais sans percevoir les caractéristiques particulières qui identifient l’autre.

En revanche, je m’enfonce dans l’illusion pour poursuivre ma route dans un combat désespérant, comme dans un choc ou une collision de deux espaces ténébreux. Car les grands fonds regorgent de ces épaves pareillement pleines de bonnes résolutions ou de mauvaises intentions.

Dans le refus de la différence et de ces identités plurielles , je perds peu à peu la côte du regard, et je me trouve comme emporté au large des conflits, sans pouvoir regagner quelque plage dorée. Comme un mauvais nageur privé de rive, pris dans la vague d’une spirale infernale, je brasse en vain au point d’atteindre un lieu de non-retour. Partout la guerre gronde alors que je suis là perplexe, en colère, impuissant, sans pouvoir échapper à cette logique du flot.

(…)

Dikkenek essoufflé ou Zinneke (1) métissé, le poil humide et la queue entre les jambes, à l’image de ses chats de gouttière et de ces chiens croisés qui traversent la ville, je cours après l’identité de l’homme. Aux croisements des multiples civilisations et cultures qui nous précèdent et dans lesquelles nous sommes immergés, ne sommes-nous pas tous, sans exception aucune, comme les bâtards bavards de quelques grandes traditions qui se perdent et se renouvellent dans les couloirs du temps ?

Hybride moi-même de générations de bêtes et d’hommes mélangés, à quelle identité biologique puis-je honnêtement me référer : primate ou mammifère ? Larve d’homme, homme en devenir ou mort en puissance, poussière d’étoiles ou fils du vent ?

L’identité serait-elle un objet parlé non identifiable ? Une valeur sociale ou culturelle aussi variable et multiple qu’une figure géométrique abstraite aux mille facettes éclatées ?

L’identité au sens large est rarement un ciel bleu où flottent quelques nuages moutonneux ; au zoo humain, les moutons noirs et les vilains petits canards cohabitent ensemble pour faire de l’homme, entre les Cieux et la Terre, ils occupent les basses et les hautes cours, mais partout à travers eux, la vie désire plus que tout reprendre ses droits.

Comme ce pain bâtard au goût subtil de viennoiserie, qu’enfant, je me réjouissais de manger avec du chocolat pour ma collation de quatre heures ; j’aime goûter la différence, sa saveur pimentée qui arrache les larmes, ou son goût de miel qui donne du baume au cœur. Ses odeurs suaves ou ses fragrances exotiques, ses effluves de chez nous et celles venues d’ailleurs.

Oui, nos identités mélangées sont synonymes de « bâtardises » et cela m’enchante l’esprit, corps et âme cela me fascine ! C’est là tout l’enchantement des identités qui se conjuguent pour faire rimer la vie ; c’est là toute la poésie bâtarde qui parle à nos corps ouverts aux mots nouveaux

(…)

Dehors, l’enfant adultérin joue aux billes avec le légitime, l’enfant naturel se met à genoux pour devenir surnaturel, mais ce qui est et reste essentiel, c’est que l’un et l’autre restent les enfants de l'amour.

Depuis la nuit des temps, la vie tisse et métisse les chairs, elle brode les nerfs pour nous donner à nous ouvrir au monde, et seuls les sangs mêlés d’acceptation et de tolérance peuvent se jouer des identités holographiques et faire pousser partout la vie dans toute sa diversité.

(...)

(1)Deux expressions, bruxelloise et flamande, dont la première désigne un « gros cou » (un vantard), et dont la seconde concerne les chiens bâtards.


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