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La métaphysique de la moustache
essai [ ]
essai sur l'homme et sur Dieu, le mensonge et la réalité.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [Reumond ]

2013-02-25  |     | 







AVANT-PROPOS


Les convictions sont-elles des prisons comme le pensait Nietzsche?

L’homme se ment en croyant dire une vérité qui toujours le dépasse ! Si pour survivre, « croire » est une nécessité biologique, il nous semble impossible de penser l’homme ou Dieu dans un espace linéaire et dualiste, la vérité est toujours dans « l’entre-deux », dans cet « Entre (L) Dieux », cet Autre Lieu, cet « Ailleurs » si cher aux prophètes, aux voyants et aux poètes ; zone médiane aux courbes sinueuses et complexes comme un corps dans une torsion qui est celle de la vie.

Si en imaginant, on peut se rapprocher du réel, le dire serait-il un mensonge ?
Toute conviction est-elle une prison pour l’âme et pour le corps ?

S’il traverse depuis toujours l’histoire des hommes, Dieu est-il pour cela une réalité temporelle et spatiale, ou reste-t-il une réalité « spéciale », une suprême intention comme une divine virtualité ?

Homme ou Dieu, ils sont des réalités "en puissance"

« Celui qui sera », « Celui qui vient » toujours davantage…

Comme une tension et une attention particulière de l’humanité, entre les mains de l’esprit des choses ; une intention, un chemin de vérité sur l’homme et sur la vie elle-même ?

(...)



SOUFFRANCE et SOUVENIR D'EN FRANCE

(...)

Un porteplume en bois d’acacia comme le coffre sacré des Juifs de l'Ancien Testament; une gomme si pâle d’avoir tant gommée, et une plume si rouillée d’avoir tant écrit; et sur le bureau, la cendrée des mots de poussière, où le pupitre de l'école se confond avec le bureau d'aujourd'hui.

Avec le temps, un clavier noir et une imprimante ont pris le relai...

Les jets d’encre sont comme des queues de comète, ils se disent, s’écrivent, et laissent des tracent lumineuses dans le fond des rétines sensibles comme des fonds d’écrans.

La feuille vierge est un azur à consteller...

(...)

Prier, écrire, entre l'oratoire et l'écritoire

La main sur le cœur et le cœur dans la main, j’inspire, et avec mes paumes jointes ou bien tournées vers le ciel, j’écris quelques mots : écart, oraison, nébuleuses… aux bruits secs et irrégulier produit par le mécanisme d’un clavier souple comme les montres molles de Dali.

Oui, j’écris, comme d’autres prient ou comme certains malappris pissent sans vergogne sur des murs blancs, rehaussés de lamentables plaintes ; je vous écris, car dit-on ici, celui qui tague l’azur est capable de voler.
Dans le doute, je sème l’anagramme, je plante la métaphore.

Peut-être que sans le savoir, je prie à ma manière, avec ma propre matière vivante ; car je prie tellement fort que la cursive se courbe et se fait chair, je tape l’azerty d’impossibles mots afin que la chair se fasse sigillaire comme un sceau rouge sang.

À déchirer l’arc-en-ciel, j’écris, entre la Terre et les cieux, dans l’ouverture de l’entre, ou parmi les étoiles, comme d’autres font de la prose ou l’amour aux nuages, aux vents ou aux grandes marées d’équinoxe.

Car j’en suis sûr maintenant, sûr comme l’encre tâche, et certain que les stylets déchirent le fond des chairs fragiles ; sûr et certain, même si les suretés et les certitudes me pèsent lourdement, j’en suis sûr aujourd’hui !

Tout en croyant écrire, en réalité, je me parle à moi-même, je me questionne, je me prie d’écrire avec ferveur ; en criant je me crie, en priant, je me prie, je me supplie de devenir moi-même au-delà des mots, des formes et des couleurs ; car au-delà de nous, notre vrai moi toujours nous appelle par son trait de caractère, par ce trait unique qui traverse les Ailleurs, l’espace et le temps; en fait, je me prie tel que je me plie à la courbe de la vie, à l’image d’un ruban sans fin je me déplie en me retournant sur ce qui était encore hier le reflet de moi-même.

Je me prie comme je me prends aux jeux des mots, et que je m’y reprends encore, et que toujours je m’y pends et m’y repends d’encres vives et de papier nu. Avec en main, comme unique repère, l’aiguille encrée de la boussole folle de mon stylo magnétisé.

Je m’écris, je me trace, je tourne en rond comme la double galaxie du Tourbillon se calligraphie sur la voûte céleste, j’évite ainsi la plupart des linéarités stériles, des droites trop rigides et les mirages bien trop lumineux.

J’ai oublié d’oublier, alors je me souviens, de mémoire de carcasse crayeuses, qu’il y a sept millions d’années, mes ancêtres criaient déjà de leur voix éraillée vers les étoiles de la Voie lactée.

Il y a encore en moi beaucoup d’eux, et beaucoup de leurs rêves les plus fous que je porte dans mon plumier d’acacia clair. Descendant des juifs du pape, j’ai oublié d’oublier, alors je me souviens du coffre sacré qui contenait l’encre et le papier pour rédiger la loi de la vie, en quelques chroniques parcheminées.

L’encens s’élevait sous la tente de la rencontre, seuls les lévites avaient le droit de porter le coffre doré, et seuls les scribes détenaient le pouvoir d’écrire ; fils de l’un et héritier des autres, en mémoire de ceux qui m’ont précédé, je porte le stylo à ma bouche, à me déchirer la langue maternelle, et je le plonge dans mon sang d’encre frais.

(…)


La terre du milieu, une zone sans angle

Je suis bien dans mon espace courbe, entre deux eaux et deux extrêmes bien nuageux ; fortuné comme un riche sur son chéquier, heureux comme une reine dans sa ruche, ou debout sur l’échiquier, béat, paumé, sur un jeu de paume intemporel, sans limites physiques. À 360° infinis, je me joue du filet et du mitan des lieux.

Je suis bienheureux, là où certains implorent les dieux, les saints et les anges, j’invite simplement le ciel à rejoindre la Terre, dans cet espace hôte, je me sens moi-même l’hôte énamouré d’infini ; je supplie mon firmament intérieur de révéler sa profonde extériorité ; et tout exalté, tout passionné d’éternels horizons, oscillant entre les nuages et les vagues, dans un baise - fond illimité, dans une abyssale introspection, je me laisse couler dans les mots, au fond des phrases, sous la ligne de flottaison, je me laisse émerger d’adjectifs imbibés par la laisse des eaux, et par les verbes jusqu’au gommage, je me laisse annulé, recouvrir, effacé, raturé jusqu’à la trame, selon le sens que prend la gomme dans le vide infini.

(...)

Plus les pensées se collent aux traits, plus les images se rapprochent des mots, plus le tout ne se rapporte qu’à rien, plus je peux tout de rien, et rien de tout à la folie du verbe « éprouver ».

Comme saint Antoine tenté par ses propres démons, je suis moi-même happé de vide, totalement surpris tellement le vide est grand ! Alors, je veux appeler, crier de tout mon corps comme le homard dans l’eau qui bouillonne, mais en moi l’eau me bâillonne.

Pauvre de moi, pauvre moi, je prie, par la preuve d’Oraison (1), c’est là qu’en juillet 58, à l’oraison de toute prière, l’horizon lui-même m’a écartelé d’eau et englouti comme un village fantôme ; c’est là qu’entre les moiteurs océanes du néant et les eaux d’en haut, j’ai côtoyé enfant, l’au-delà de la mort comme l’au-dedans de la vie ; c’est là encore que j’ai crié pour la première fois le Nom et le nominal, le non-lieu et le locatif , le désespoir et l’espérance, le bleu du ciel et le gris de la piscine ; entre deux eaux, comme immergé ou plongé entre le réel et l’imaginaire, entre l’enfant noyé et l’autre qui survient, dans un geste symbolique, j’ai saisi à pleines mains la bouée du milieu des eaux.

Humide encore de l’imagination même des vagues, je crie à la mer de m’ordonner par l’écume aux maux, et en toute chose à l’esprit même des mots; par l’épreuve du gueuloir (2) , entre Liège et Charleville, dans ma chambre j’écris, pour retrouver ce souvenir moite comme un corps défait, pour m’adonner avec passion aux traits sans fin, pour me perdre dans cette quête éperdue de l’Ailleurs, par-dessus tout, sous le niveau des eaux glauques, cherchant l’harmonie entre les opposés, L’air et la terre, l’eau et le feu.

C’est bien là que j’ai survécu malgré moi à cette initiation aqueuse, et encore là que j’ai rencontré cet « autre » si spontanément énoncé par le voyant de Charleville, dans cette superbe motion qui laisse encore ses traces dans la mémoire collective, « Je », au jeu des mots « est un autre », pour un « enjeu » plus grand encore que « moi ».

Oui, tout comme Dieu se révèle sur la montagne et se dit avec tonnerre à Moïse, dans un fulgurant « Je suis celui qui vient », c’est dans les profondeurs de l’eau et peut-être même un peu dans la profondeur de mon âme que « Je » à croisé l’ «Autre », au plus creux d’une petite mort à soi-même.

Un Maurice Zundel que j’apprécie énormément, tout comme un Jean Tauler, ce fils spirituel et disciple de maître Eckhart, avaient aussi cette même passion, toute mystique, pour l’anéantissement de ce moi peut glorieux, que le philosophe dit « haïssable ». De leur vivant, ils avaient l’un et l’autre cette ardeur sans pareille pour « la dépossession », ou cela dit autrement, pour « le renoncement à soi-même ».

Mon maître mot : « l’écart » me vient d’eux, certainement, à trop les côtoyer, les tempéraments déteignent ! Et puis, dans la confiance, je me suis laissé prendre aux multiples jeux du « je », puis enfin « au grand écart » des mots et des espaces sans nom.

Le nom même d’Eckart ne vient-il pas du Germain « Agi(n) » qui signifie « rivage » ou « lisière » ; vous savez bien, ces bords sans frontière réelle, ces pourtours flous sans extrémité, ces doutes où la mystique la plus éthérée s’accouple avec énergie aux trivialités les plus crues de l’incarnation ; là où orgasme et extase se confondent dans un seul cri et don de soi, tout comme l’écho léger à besoin des montagnes si lourdes pour se faire entendre au loin et se réaliser enfin, afin que la moindre syllabe prononcée au théâtre du roc se fasse chant de plume, pour porter l’espérance contenue dans les plus beaux mots d’amour.

Au-delà des reflets des miroirs, derrière les vitres embuées, entre deux eaux, deux ciels, deux terres, seul l’écart compte, seul l’écart seul est vraiment réel, seul l’écart pousse plus loin et peut servir la quête, celle de l’essence du vide ; seul l’écart à la texture adéquate pour contenir nos rêves les plus fous et toutes nos recherches éperdues.

L’écart c’est le Graal, c’est le Lieu très saint, celui de l’entre-deux qui englobe dans son mystère tous les secrets des êtres, et toutes les grâces des causes répandues entre l’ordre et le désordre, le mal et le bien.

Seuls les pensées, les êtres et les choses qui vivent là, en ce lieu médian, m’importent vraiment !

Je n’ai nullement la prétention d’un Suso qui voulait écrire les livres de la vérité et de la sagesse éternelle ; pour ma petite part, je ne fais que rêver ! Je ne suis qu’un pet tiède dans un mistral de folie, qu’une brise oubliée entre quelques syllabes, rien de bien consistant ! Mais ce qui m’importe réellement, c’est de vivre l’écart et de respirer d’encre et de sang dans cet « Entre » (dans cet antre vénérable, véritable et sacré où les choses se font et se défont).

(…)

Fusil et mandat de perquisition en mains, les fonctionnaires et Institutions peuvent toujours m’intenter un procès en diffamation ou en inquisition, ils ne trouveront plus rien chez moi qui ne vaille quelque déplacement, ils ne verront rien d’autre que la transparence du vent ! Du rien dans la commissure des écarts, des vétilles de paille dans l’entrebâillement des extrêmes ; ils ne distingueront même pas le souffle vaporeux d’une présence dans un espace à l’abandon ; et si jamais ils avaient la fibre sensible des poètes, ils ne découvriraient là que des fissures qui respirent et des failles qui palpitent.

Car au bout de la ligne, après ce point sans contour, ce pauvre résidu d’écriture, je ne suis plus rien que futilité, quelques propos de table rase, quelques mots creux collés à la vitre comme l’haleine du matin ; une buée insignifiante qui s’envole, petite consolation passagère, dès que pointent les premiers rayons du soleil.

(…)



(1) Un village des Alpes de Haute Provence.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Oraison_%28Alpes-de-Haute-Provence%29

(2) à propre de Gustave Flaubert et de sa chambre de
Croisset.




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