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La dialectique de l'oeil (extrait) III
essai [ ]
La conscience imageante

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [Reumond ]

2012-06-11  |     | 



Entre l'anthropologie, la phénoménologie et l'histoire de l’art, qu’elle est la vision de l’essence et le sens même de cette « conscience imageante » et de cette émergence des images dans l’imaginaire et dans le monde ?

C’est à ces questions que Jean-Paul Sartre, à travers sa phénoménologie de l’imagination, a, dès les années 30, tenté de répondre à la manière d’un philosophe.

Dans ce même questionnement, et cet élan qui était probablement le sien, ce petit essai sans prétention veut aborder le thème de la douteuse crédibilité des images physiques (objective, concrète ou directe) et des images psychiques (subjective et mentales), et cette étonnante possibilité qu’à la conscience de « réaliser » ou d’«halluciner » des objets et des concepts.

Avec une question cruciale, qui reste en suspens comme l’homme dans l’espace-temps ; cette capacité de « faire du réel » (de réaliser - ce qui est l’objet de toute création), est-elle le propre d’un animal qui devient homme, ou celle de toute matière en (au) travail ?

La conscience serait-elle comme la lumière du Monde ou comme l’esprit dilué dans la matière, c’est-à-dire une forme d’intelligence imageante qui serait le moteur de la vie même dans sa biodiversité ; une conscience imageante dont la poésie et les arts plastiques ne seraient que des épiphénomènes disséminés dans tout le Cosmos ?

(…)

Il nous plaît d’imaginer et même d’imager nos rêves de célestes délices, de penser que nous étions autrefois des hommes beaux, complets et presque parfaits, mais que par quelque faute, nous avons tout perdu en des ailleurs paradisiaques. Il nous plaît ainsi de nous leurrer sur nos origines, de tricher sur la vie et de nous mystifier sur la mort, de maquiller la réalité et de falsifier la vérité. Car nous ne sommes que des bêtes aimant vivre entre le déni et le défi !

En rasant les forêts primaires, en évangélisant le sauvage, en colonisant le primitif, en éduquant l’idiot, en nivelant les différences…, plus ou moins inconsciemment, nous désirons en faits et en paroles, éradiquer nos racines profondes et en terminer avec nos peurs ancestrales.

Mais, c’est bien connu, chasser l’atavisme il remonte à la surface ! Chasser les dieux d’hier, exorciser les vieux démons ils reviennent en images, plus fortes encore ; expulser les archétypes ils reviennent en symboles, renvoyer les symboles chez eux ils reviennent sous la forme de croyances nouvelles, génératrices de nouveaux clichés.

Car l’homme n’est encore qu’un animal social ! Travaillant, mangeant, dormant, baisant …, à grand renfort de grands rituels « tranquillisants » qui remontent à la nuit des temps .

Délogez les hypothèques de la préhistoire et de toute l’histoire mises bout à bout comme un long film d’images, les huissiers les plus instinctifs, les esprits les plus animaux, en nous, parviendront encore et toujours à frapper à la porte de l’âme et du corps, se faisant ségrégationnistes, violents…

Et producteurs de clichés, de préjugés et de stéréotypes polymorphes

Pour survivre aux vides existentiels, aux doutes et aux regards des autres, aux creux du temps nous remplissons les trous de l’histoire, nous « réalisons » des clichés et des images sur les choses qui nous angoissent, et sur toutes ces incertitudes que nous figeons par un seul coup de baguette magique, un simple regard, en statues de sel ; nous les convertissons en clichés, en « convictions profondes », car l’inconnu et l’étrange font toujours peur ! Alors que les croyances nous rassurent, la bulle des clichés nous protège des êtres inquiétants, des menaces diverses et de tous les coups du sort. Qui sait !

Tels des enfants chez qui les peurs sont « imageantes », nous nous faisons nous-mêmes notre cinéma en « clichés sur » , sur tout ce qui pourrait être porteur d’incompréhension et d’appréhension, car les vents se souviennent du temps où des prédateurs se cachaient derrière chaque branche d’une grande et sinistre forêt primaire.

(…)

Comme l’épaisseur de l’air fait loupe, la masse des images fait mouche de tous clichés. Tout « ça » pour s’acheter une bonne conscience, faire comme les autres, en essayant de maîtriser nos peurs les plus étranges, en rendant « les autres » responsables de nos angoisses les plus inconscientes et en les solidifiant en des clichés abjects. Les boucs émissaires serviront encore longtemps, livrant l’encre et le sang sur les autels de toutes les religions et politiques du Monde !

Nos multiples clichés sur les nations, les races, les sexes et genres, au top 10 des clichés, ce sont des clichés de masque, des labels, comme il existe des images de marque, des déguisements adaptés comme des loups pour nous cacher derrière ces « personna » anonymes ; mais l’homme n’est-il pas un loup pour l’homme ?

Dans les périodes de crise et de confusion, les clichés abondent comme les fleurs des champs sur un sol miné.

L’image et la nature ont horreur du vide, cela est bien connu de ceux qui ont le vertige, alors nos clichés vont bon train, ils comblent ces vides !

Ils nous rassurent, nous rassemblent, nous cachent, nous protègent comme des cuirasses caractérielles, des sourires religieux, des bonnes manières d’être ensemble, des névroses de mascarade, des cagoules sociales et culturelles ... mais tout cela n’est qu’un reste de notre docilité sociale, de notre animalité « culturé » ; qu’un relief oublié de notre soumission aux mâles dominants, aux grands prêtres d’aujourd’hui et de demain, à tous ceux qui ont « le voir supérieur ».

Cliché sur cliché, toutes ces « images sociales » se font l’expression de notre subordination aux chefs, à la hiérarchie, aux tabous et aux totems du clan, un reliquat de nos habitudes de meute, là où la parole se fait dogmatique et virulente pour calmer les ardeurs des uns et la soif d’indépendances des autres, ou même le zèle un peu fou de quelques autonomistes qui veulent quitter les rangs de la tribu

Comme elles devraient se partager pour donner la vie, en cartouches ou en phylactères, en clichés ou en images, les paroles se donnent pour donner sens aux choses.

La bulle ! C’est que les gens semblent vivres dans leur propre « bulle » et refuser d’en sortir ! Car entre nous, seules les personnes qui ont des bulles ouvertes aux vents peuvent en jaillir aisément et gaiement comme les bulles d’une eau minérale, vous laissant ainsi rafraichir en devenant l’hôte de ses bulles.

Parfois la bulle se fait dogme hérissé de paroles émoussées ou sceau bardé de barbelés impénétrables, comme des enceintes stériles destinées à protéger « nos clichés », nos intérêts et toutes nos déficiences humaines.


Pour survivre au doute dans les méandres de l’existence, l’homme a besoin de donner sa propre lecture des choses, et d’imposer plus ou moins ses propres « images » du monde, selon ses états d’âme, de conscience et d’esprit. C’est là le contraire du cliché ! Ce qui ne va pas sans combats entre la chair qui traine ses hypothèques biologiques, et l’esprit qui va bon train…,


Ce en quoi, nous sommes tous des « porteurs de clichés », tels des faussaires de l’imaginaire, tous voués au doute le plus total ou condamnés aux convictions éternelles qui sont celles de nos croyances et de nos clichés sur toutes choses.

L’humaniture a une sainte horreur du vide ! Alors faute de changement, avec tous « nos clichés » nous comblons les espaces anxiogènes, nous apaisons nos peurs de l’étrange® et nous soulageons nos incertitudes. Sur rail, sur route, sur papier glacé, ils nous servent à nous déplacer en zones d’incertitudes. Dans l’air comme en mer, nos clichés sur tout nous rassurent ou nous rassemblent. En tout cas, ils nous ressemblent, car, rumeurs obligent, le vertige des clichés n’a de proximité que celui de nos inquiétudes les plus primaires.

(...)

Comme l’humaniture se nourrit de naissance et de reconnaissance, la bête humaine a besoin de « donner sens » aux choses les plus innommables ; besoin de sa-voir, de pou-voir, d’a-voir et de de-voir …, ce que la « morale » stigmatise et marque au fer rouge du terme désuet de « concupiscence ».

En un mot, il a besoin de « Voir » ! Pourquoi VOIR ?

Entre « Imaginer », « traduire » et « interpréter », la réalité qui nous entoure et nous pénètre, les zones d’incertitude sont nombreuses ; mais c’est dans cette « faille » que les clichés prennent vie ; c’est aussi dans cette même faille que l’on pourrait dire « existentielle », que toute création et toute poésie prennent racines et trouvent leur chemin.

(…)

Entre l'image et le cliché, le réel reste vague et la vague reste humide de réalités plurielles, c’est justement pour « ça » qu’il est réel !

Paradoxe des eaux troubles, le réel n’est jamais une évidence, jamais une vérité en soi, mais une « vidence » de plus en plus pleine, une vidence qu’il nous faut réaliser par le dépouillement. Non pas une réalité à consommer, un nouveau produit de notre imaginaire, comme une nouvelle certitude avec son lot de croyances, mais tout son contraire, un renoncement au voir, une vidence à vivre de l’intérieur, comme un vide qui prendrait chair pour n’être plus qu’une incarnation de la liberté de créer, ou comme une chair qui se ferait vide afin d’être le lieu même de l’amour.

(…)

Comme le négatif d’une photo, nos clichés restent
« sensibles » aux rayons sociaux et culturels.

Avec la crise, partout autour de nous, la peur et l’évidence se déploie dans les vitrines de l’irréalité et du superficiel.

C’est là, toute l’hégémonie des clichés ; c’est là aussi toute la violence des apparences et des faux-semblants !

Comme le flux et le reflux, vidence et violence s’opposent, car on ne peut se remplir qu’en se vidant de tout, image après image, croyance après croyance…, pour libérer l’espace comme l’Espace s’épand en se jouant du temps.

L’outrance, la barbarie, l’abus, l’envahissement…, sont des comportements qui nous restent de nos vieilles orientations « tribales », ils sont de l’ordre de l’évidence, tout comme la bestialité et l’animalité sont de l’ordre du voir.

Mot à maux, "percer le voir" pour évider les évidences tel est mon appel !

La vie dense ne vient pas de la possession d’un plein, de l’acquisition d’un voir, mais d’une dépossession progressive qui se déploie en toute liberté dans l’espace du manque.

Tous ces clichés que nous partageons sont à l’image de nos mesquines petites réalités, de nos différents captages et prises d’images plus enfermantes qu’ouvertes ; des phototypes de l’humain finissant et définissant une bonne fois pour toutes les choses dans une « Illusion » faite « Image » pour faire « Réalité »

Il en est ainsi des allusions et des illusions que l’on colporte de cliché en cliché ; des allusions qui restent après la rumeur comme des échos sur le papier.

Car paroles de zoom et souvenirs de regard, notre pain quotidien, c’est la « possession », la consommation, la prise de vue, comme dans une photographie ou l’image captée devient aussi une image captive ; ou l’image zoomée et possédée et aussi une image possessive qui vous rive les yeux, vous capture l’âme et vous enferme dans une chambre noire ou la chair est rouée de représentations.

Quand nos clichés se découpent en strates bien distinctes, afin de ne plus rien voir, rien savoir, rien penser… Quand l’absence de tout détail, de toute forme et des toute couleur se fait présence. Quand le zoomage devient impossible et que l’impossible se fait Ciel.

Perçons le voir, évidons les évidences, vidons nos bulles, gommons nos images et nettoyons nos clichés…

Tel l’oignon qui fait pleurer, mais qui pourtant nous ouvre son cœur, nous avançons lentement, nous perçons le voir à travers le miroir d’illusoires pelures du réel qui se présente à nous, nu de toute réalité, et dépouillé de toute image comme de tout cliché.

Si vous arrivez à déchirer le voile, si vous parvenez à percer le voir, alors le mystère deviendra vous-même ; alors, il vous sera peut-être donné d’accéder à de nouvelles strates du réel, pleur après pelure, comme en de nouvelles couches, à travers la peau du vide et les nuages de l’inconnaissance.


(…)


La dialectique de l'oeil - essai (extraits)

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