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La dialectique de l'oeil (extrait) I
essai [ ]
Politique du regard et métamorphose des icônes

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [Reumond ]

2012-05-06  |     | 



illustration: la métamorphose des icônes (2012)


A droite ou à gauche, qui regarde qui ?
Où est l’œil du sujet et quel est le sujet de l’œil ?
Peintre ou photographe, qui fait quoi et qui regarde quoi ? Pourquoi ?

Qui suis-je encore derrière le filtre de mon métier, la porte de ma banque, mes différents mandats, mes rôles et fonctions... ?

Qui suis-je au-delà de "mon" art, de "mes" talents, de "ma" famille, de "mes" formations et nombreuses relations ; derrière toutes ces images que je cajole ou que je hais, qui suis-je vraiment dans la transparence des jours ?

J’ai beau m’écrire et m’écrier à déchirer l’âme, par en-deçà et bien au-delà de moi-même, je tourne en rond autour d’une même et unique image, celle d’un moi qui se voit pour se voiler la face, d’un moi qui se penche sur lui-même, se pense et se reflète dans l’illusion de son propre reflet sirupeux.

J’ai beau tourner les pages de mon scénario de vie, tirer les portées musicales de mes chansons d’amour, relire mes images métaphoriques, me souvenir des images passées, présentes et à venir, peindre et repeindre mon portrait...

Que reste-t-il vraiment de mon image de marque et des marques de mon image ?

Mes yeux bruns et verts ne savent rien de la couleur des yeux du Réel ; si le rouge est la couleur du sang, qui connait la couleur du sens ?

Pourtant, ces images, nous les couvons comme des yeux ; nous les chérissons comme l’album (ine) de nos vies.

Nous y croyons et nous nous y voyons déjà, dur comme trop faire, en de somptueux clichés de vacances et de belles photos, à la pelle des jours et des zooms, mais que restera-t-il de tout ça dans les méandres du temps et les cendres de l’espace ? Un point, une poussière, une note, un trait, un mouvement qui va sans revenir.

Oui, il nous semble que nous sommes des dévoreurs d’images, de véritables iconophiles ou pire des iconophages du pixel, nous nous prenons pour des maîtres de pellicule, nous pensons Photoshop, donc nous sommes !

Vidéo, collage ou peinture, photo ou gravure, quel que soit la forme de la « graphie », tout comme la rumeur laisse derrière elle quelque chose d’obscur en quelque trace indélébile, on ne ressort jamais indemne d’une image ou d’un cliché.

À vivre comme des voyeurs ou à exister comme des voyants, nous oublions que ce sont les images qui nous dévorent, que c’est le film qui nous voit, nous tourne; à moins que nous nous identifiions à elles, les images sachons-le, nous identifie jusqu’à l’os !

(...)

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