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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-04-11 | |
Comment la perception d’une action crée la motivation pour l’action à venir ?
Dans l’exemple avec Monsieur Prétoire, dont nous avons amorcé l’analyse dans le texte précédent, le client est frappé par la jeunesse de son avocat, en raison de l’incompatibilité entre cet attribut de l’avocat et l’image qu’il se faisait d’un bon avocat. Disons que, suite aux plaidoiries brillantes du jeune avocat, le client aura gain de cause. Dans ce cas, il est fort probable que le stéréotype selon lequel la jeunesse est synonyme d’inexpérience n’aura plus de poids pour lui. La perception d’une action est le résultat du rapport entre cette action et les connaissances du sujet au moment de l’action. Ce rapport fait que la façon dont le client voit la jeunesse de Monsieur Prétoire à la fin du procès soit différente de la façon dont il l’a vue au début. Ce rapport fait aussi que la jeunesse de Monsieur Prétoire soit vue différemment par le client et par l’employé des douanes. Enfin, ce rapport, qui peut aller de la plus grande compatibilité à la plus grande incompatibilité, motive les actions du client et de l’employé des douanes en même temps qu’il explique la façon dont elles ont été accomplies. Voyons aussi pourquoi l’employé des douanes néglige une information, la jeunesse de Monsieur Prétoire, pour se concentrer sur une autre, l’appartenance nationale de ce monsieur. Parce qu’il a probablement une consigne concernant les citoyens belges, et qu’il n’a pas de consigne concernant les citoyes jeunes, de quelque nationalité qu’ils soient. L’employé des douanes voit ainsi Monsieur Prétoire, qui est belge, en rapport avec la consigne citoyen belge. Le résultat est une information plus importante que l’autre, ce qui fait qu’il se concentre sur cette information et “néglige” l’autre. L’objet que l’on perçoit compte, mais la façon dont on le perçoit compte tout autant. Autrement dit, le sujet percevant est tout aussi important que l’objet perçu. Les résultats de cette analyse confortent-elles la position de Barslalou et Smith et Zarate selon laquelle, dans l’activité de catégorisation, il faut tenir compte des connaissances du sujet et de ses motivations et objectifs? Les connaissances du sujet sont, comme on a pu le constater, déterminantes. Le client a remarqué la jeunesse de son avocat, parce qu’il a vu celui-ci en rapport avec l’image qu’il se faisait d’un bon avocat, et l’employé des douanes a retenu l’appartenance nationale de Monsieur Prétoire parce qu’il a vu ce monsieur en rapport avec la consigne qu’il avait reçue. Barslalou et Smith et Zarate pensent que la sélection d’un attribut plutôt que d’un autre dépend aussi du contexte. Certes, le contexte différent dans lequel se trouvent le client et l’employé des douanes pourrait expliquer la catégorisation différente de Monsieur Prétoire. Et pourtant, le même contexte n’est pas le même pour le client et son avocat comme il n’est pas le même pour l’employé des douanes et Monsieur Prétoire. La preuve : l’avocat ne se voit pas de la même façon que son client et Monsieur Prétoire ne se voit pas de la même façon que l’employé des douanes. Et même le fait de le dire prête à rire. Le contexte n’est pas un critère fiable. Par contre, les informations ou connaissances fournies par le contexte le sont, elles seules pouvant expliquer pourquoi le même contexte est différent pour des sujets différents. Il résulte que dans l’activité de catégorisation il suffit de prendre en considération les connaissances du sujet, dont les connaissances fournies par le contexte font partie aussi. Qu’en est-il « des motivations et objectifs » du sujet? Comme l’analyse de l’exemple ci-dessus l’ indique, la perception est le résultat du rapport qui s’établit entre l’action d’un facteur externe (Monsieur Prétoire) et les connaissances du sujet au moment où il perçoit cette action (l’image que le client se fait d’un avocat capable de défendre ses intérêts, d’une part, et la consigne concernant les citoyens belges que l’employé des douanes a reçue, d’autre part). Suite à ce rapport, le client est frappé par la jeunesse de Monsieur Prétoire, l’employé des douanes retient l’appartenance nationale de ce même monsieur. D’où l’on voit que le découpage de la réalité, pour l’un et pour l’autre n’est pas le même. Et leur investissement affectif n’est pas le même non plus. La conséquence : L’acte de regarder est non seulement orienté différemment mais il prend des formes différentes en fonction de cet investissement. Être attentif, négliger, se concentrer repésentent des manières différentes de regarder. Être attentif à la jeunesse de Monsieur Prétoire, la négliger, se concentrer sur l’appartenance nationale de Monsieur Prétoire indiquent des orientations différentesce de ce même acte. Ce que le client et l’employé des douanes ont fait et comment ils l’ont fait est en rapport avec la perception qui a précédé leurs actes. Or la perception d’une action ne peut nullement être motivée. Elle ne peut pas non plus être influencé par tel ou tel objectif du sujet. Mais en tant que résultat du rapport entre deux réalités différentes, elle détermine les objectifs de l’action à venir. Et en tant qu’expression de la compatibilité ou incompatibilité, plus ou moins grande, entre les deux réalités, elle crée la motivation . Observons cet autre exemple proposé par Olivier Corneille et de Jacques-Philippe Leyens : Si après m’être disputé avec Sylvie, je me convaincs que son grain de beauté n’est qu’une vulgaire verrue, sa coquetterie de la vanité, et sa gentillesse de l’hypocrisie, il est probable qu’une telle modification de mes catégories initiales se répercutera sur ma façon d’interagir avec elle. En fait, la modification des catégories initiales ne se répercutera pas sur la façon d’interagir de l’interlocuteur, mais sur sa façon d’agir. Sa façon d’agir, de son côte, modifiera les catégories initiales de Sylvie, modification qui se répecutera sur la façon d’agir de celle-ci, et ainsi de suite. Les deux auteurs soutiennent que « la catégorisation se situe en amont et en aval des échanges que les individus entretiennent avec leur environnment. » En aval, précisent-ils, « parce que les catégories sociales d’un groupe ou d’un individu modifient profondément les rapports qu’il entretient avec autrui (c’est notamment le cas des stéréotypes). » Mais en aval, « les catégories sociales » ne modifient rien, elles ne font que déterminer la façon dont l’individu agira sur autrui, et donc la façon dont il se conduira à son égard. En amont, précisent les auteurs, « ce sont les rapports qu’un individu entretient avec son environnment social qui influencent son activité de catégorisation ( à travers la connaissance qui se dégage de ces rapports, à travers le souci pour l’individu de conserver dans un contexte de comparaison sociale la positivité de son identité sociale,etc. ;) » Qu’est ce qui se passe réellemet? En amont, ce sont les actes d’autrui qui modifient les catégories initiales de l’individu. Et ils les modifient dans la même mesure où celles-ci modifient les actes d’autrui. Il s’agit d’une détermination réciproque. Si la modification est positive, l’individu recherchera la présence d’autrui afin de préserver ou de renforcer « la positivité de son identité ». Si elle est négative, l’individu évitera la présence d’autrui ou tâchera même de la supprimer afin de diminuer ou de faire disparaître la négativité de son identité. La catégorisation, qui est involontaire, n’a rien à faire avec le souci de conserver une identité positive. Nécessairement positive ou négative, la catégorisation ne fait qu’orienter les actes de l’individu afin que celui-ci puisse préserver son identité positive ou diminuer son identité négative. Mais la grande difficulté est ailleurs. Pour bien la cerner, revenons à l’exemple ci-dessus ! Il est évident que les paroles de Sylvie ont modifié l’image que l’interlocuteur avait d’elle. Cette image, à son tour, a rendu les paroles de Sylvie plus cruelles qu’elles ne l’étaient. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’interlocuteur cherche à se convaincre que « son grain de beauté n’est qu’une vulgaire verrue, sa coquetterie de la vanité, et sa gentillesse de l’hypocrisie. » Il y a eu donc détermination réciproque, de l’image par les paroles et des paroles par l’image Mais si l’on peut expliquer une détermination par l’acte de parole, on n’a pas d’explication pour l’autre. Revenons aussi sur l’exemple avec Monsieur Prétoire. Le fait que Monsieur Prétoire est jeune pour le client et belge pour l’employé des douanes, alors qu’il a les deux attributs et d’autres encore, montrent que les connaissances du client et de l’employé des douanes (l’image d’un bon avocat et respectivement la consigne concernant les citoyens belge) ont joué un rôle déterminant dans la perception de Monsieur Prétoire. La question est de savoir ce qui permet aux connaissances d’un sujet d’intégrer l’action d’un facteur externe, action qui différencie ces connaissances. Ma réponse est la suivante : c’est la réaction qui se déclenche au moment de l’action. Quelles sont les particularités de cette réaction qui ne s’identifie pas avec une action de sens contraire ? Tout d’abord, à la différence de l’action qui se produit à un moment donné, la réaction se produit en un certain lieu. Prenons le cas de Monsieur Prétoire dont l’action s’exerce sur l’image que le client avait d’un bon avocat. La réaction se produit donc au niveau de cette image. D’où l’on voit que la réaction est locale, à la différence de l’action qui est temporelle. Ensuite, l’action, orientée de l’intérieur vers l’extérieur, est volontaire, alors que la réaction, provoquée de l’extérieur, est involontaire. Enfin, c’est la réaction à une action qui fait que l’action soit bonne ou mauvaise. Ou, en d’autres termes, l’action est bonne ou mauvaise selon la réaction bonne ou mauvaise qu’elle provoque. C’est ce qui fait d’ailleurs que la même action soit bonne pour certains et mauvaise pour d’autres. La perception d’une action externe consiste en un processus d’intégrations successives et de différenciations simultanées. Dans le sens de l’intégration c’est le concept qui est donné, dans le sens de la différenciation c’est l’objet particulier. Pourquoi un processus ? Parce que l’action perçue comporte une suite d’actes auxquels correspondent autant de réactions. C’est peut-être pour cela que Bandura développe l’idée d’une variation temporelle entre le stimulus et la réponse. En fait, chaque action provoque simultanément une réaction, et à l’ințérieur de l’action, chaque acte fait de même. Mais, il est évident que la réponse n’est complète qu’une fois le dernier acte accompli. Et je reviens sur l’information principlale. La perception implique le sujet percevant autant que l’objet perçu. Et cela fait que le résultat de la perception ne soit jamais neutre, mais cela ne fait pas que la perception soit moins un processus involontaire (et donc non intentionnelle). Et à cet égard, il est important de distinguer entre le stéréotype en tant que croyance et le stéréotype en tant que jugement que l’on porte sur le membre d’un autre groupe que le nôtre . Seul le deuxième est volontaire est intentionnel |
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