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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-10-13 | |
La langue en fonctionnement qui est la parole sous tend un mécanisme qui n’est autre que celui qui fait que la production de la parole et sa réception s’associent dans le sens de la réception et se dissocent dans celui de la production. Plus précisément, dans le premier cas, la production et la réception sont simultanées , dans le second, la production succède à la réception.
Mon objectif est de tirer toutes les conséquences de la mise à jour de ce mécanisme. Dans le sens de la production, on va d’une phrase à l’autre en passant par le mot et d’un mot à l’autre en passant par la syllabe. La syllabe, manifeste dans l’acte de parole, est l’unité d’expression minime. Dans le sens de la réception, ou de la donation de sens, la syllabe se relie toujours à la syllabe qui la précède pour former le mot. Le mot, en revanche, ne se relie pas toujours au mot ou groupe de mots qui le précède pour former la phrase. La phrase,de son côté, se relie toujours à son référent linguistique ou extralinguistique. Ainsi la phrase, et non pas le mot, est l’unité de sens minime. Reste à savoir comment le locuteur en tant que récepteur franchit l’écart entre l’unité d’expression minime qui est la syllabe et l’unité de sens minime qui est la phrase, étant donné que le mot ne sert pas toujours de relais. Reste à savoir aussi comment la phrase se relie à son référent extralinguistique. Observons cet exemple: - Le vent souffle très fort ce matin. Il n’est pas question de sortir en mer. - Tu le penses? Pour le récepteur, « Le » ne se relie à rien « vent » se relie à « Le » et donne « Le vent » « souffle » se relie à « Le vent » et donne « Le vent souffle » « très » ne se relie à rien « fort » se relie à « très « et donne « très fort » « très fort » se relie à « Le vent souffle » et donne « Le vent souffle très fort » « ce » ne se relie à rien, « ma » ne se relie à rien non plus, « tin » se relie à « ma » et donne « matin » « matin » se relie à « ce » et donne « ce matin » « ce matin » se relie à « Le vent souffle très fort » et donne « Le vent souffle très fort ce matin. » « Le vent souffle très fort ce matin » se relie à la représentation que le récepteur avait du temps qu’il faisait ce matin-là . « Il » ne se relie à rien « n’est » ne se relie à rien non plus « pas » se relie à « n’est » et donne une fois« n’est pas » « n’est pas » se relie à « Il » et donne « Il n’est pas » « ques » ne se relie à rien « tion » se relie à « ques » et donne question « question » se relie à « Il n’est pas » et donne « Il n’est pas question » « de » ne se relie à rien « sor » ne se relie à rien « tir » se relie à « sor » et donne « sortir » « « de sortir » et une autre fois Il n’est pas question de sortir sortir » se relie à « de » et donne « de sortir » « de sortir » se relie à « Il n’est pas question » et donne « Il n’est pas question de sortir » « en » ne se relie à rien « mer » se relie à « en » et donne « en mer » « en mer » se relie à « Il n’est pas question de sortir » et donne « Il n’est pas question de sortir en mer. » « Il n’est pas question de sortir en mer » se relie à « Le vent souffle très fort ce matin. » « Tu » ne se relie à rien « le » ne se relie à rien « penses » se relie à « le » et donne « le penses » « le penses » se relie à « Tu » et donne « Tu le penses » « Tu le penses? » se relie à « Il n’est pas question de sortir en mer. » Le fait que « tin » se relie à « ma » pour donner « matin », que « tir » se relie à « sor » pour donner « sortir », et ainsi de suite,prouve que, effectivement, la syllabe se relie toujours à la syllabe qui la précède. Le fait que « fort » se relie à « très » alors que « très »ne se relie pas à « Le vent souffle », le fait que « penses » se relie à « le » alors que « le » ne se relie pas à « Tu », et ainsi de suite, prouve que, effectivement , le mot ne se relie pas toujours au mot ou groupe de mots qui le précède. Enfin, le fait que « Tu le penses » se relie à « Il n’est pas question de sortir en mer. » , qui se relie à « Le vent souffle très fort ce matin. », qui se relie au référent extra linguistique prouve que, effectivement , la phrase se relie toujours à son référent linguistique ou extralinguistique. Dans ce cas, on peut se demander ce qui fait, qu’ après le premier acte de parole, l’interlocuteur reste à l’écoute. La réponse la plus appropriée est qu’il attend de voir de quoi le locuteur parle et ce qu’il veut en dire. Ainsi, dans la phrase «Le vent souffle très fort ce matin. » , le locuteur parle-t-il du vent pour dire que ce matin-là , il soufflait très fort. Dans la phrase «Il n’est pas question de sortir en mer. » , le même locuteur parle du fait de sortir en mer pour dire qu’il n’est pas question de le faire. Enfin, dans la phrase « Tu le penses ? » l’autre locuteur parle de ce que son interlocuteur pense pour dire qu’il n’est pas très sûr qu’il en soit ainsi. Chaque fois , ce dont on parle correspond dans la phrase à un nom, un groupe nominal ou un substitut nominal. Ou à ce que nous appelons une donnée nominale . Chaque fois, ce qu’on en dit correspond au verbe ou groupe verbal. Ou à ce que nous appelons la manifestation verbale. Ce dont on parle est ce à quoi le locuteur se réfère ou le référent Par la suite, il nous faudra rappeler les grandes lignes de notre conception du référent et de la référence . Pour le locuteur, le référent est un facteur interne et non pas externe. Il est plus exactement un facteur externe que le locuteur connaît plus ou moins bien et qu’il perçoit d’une façon plus ou moins positive ou plus ou moins négative. Comme tel, il a un côté objectif et un autre subjectif et sa nature est physique et psychique à la fois. Si à propos du vent un locuteur peut parler « du vent », un autre (cet autre peut être le même locuteur à un autre moment de sa prise de parole), « du vent de ce matin », un autre, « de ce terrible vent », un autre, « de ce vent béni », et ainsi de suite, c’est que le même vent comme facteur externe est différent comme facteur interne d’un locuteur à l’autre ou bien que le vent comme facteur interne correspond pour chacun à un facteur externe différent. Ainsi, la différence pointe, dans un cas, vers le sujet, dans l’autre, vers l’objet. Vers le sujet, quand on a un même objet et plusieurs sujets, vers l’objet, quand on a plusieurs sujets (ou un seul sujet à des moments différents, ce qui revient toujours à plusieurs sujets) et un objet différent d’un sujet à l’autre. Un objet différent d’un sujet à l’autre ne peut ,à coup sûr, donner qu’ un référent différent. Mais que dire d’un même objet ? Et puis un référent différent d’un sujet à l’autre ne bloque-t-il pas la référence ? En principe, oui. En pratique entre le vent perçu par tel locuteur et le vent perçu par tel autre locuteur il y a des ressemblaces aussi. Des ressemblances qui permettent aux interlocuteurs de réaliser qu’ils parlent des manifestations d’un même phénomène . Ces ressemblaces confèrent au vent une valeur générale et les différences, en tant que valeurs particulières, apparaissent dans les limites de cette valeur générale. Ce qui relie ainsi le vent de ce matin au vent d’hier soir c’est le vent comme mouvement d’une masse d’air qui se déplace. Cette valeur permet de ne pas confondre le vent avec la pluie, par exemple. Le référent particulier, qui est le vent de ce matin, il est identifié dans les limites du référent général qui est le vent. Dans ces même limites s’établit la communication. Supposons maintenant qu’un locuteur parle d’une tornade déchaînée et de la même tornade, qu’on appellera la tornade x, dont la force a diminué. La question est de savoir ce qui permet à ce locuteur de se référer à la tornade dont la force a diminué comme étant la même que la tornade déchaînée. La question est de savoir aussi comment la tornade dont la force a diminué s’est constituée en référent différent de la tornade déchaînée Il est évident que pour notre locuteur la tornade dont la force a diminué n’existe que par rapport à la tornade déchaînée. Pour quelqu’un qui n’a pas vu la tornade x déchaînée, la tornade x dont la force a diminué n’existe pas et ne peut donc pas se constituer en référent. La tornade dont la force a diminué est ainsi le résultat d’un rapport, le rapport que le locuteur établit entre une manifestation de la tornade x et une manifestation de cette tornade déjà constituée en donnée. Cet exemple montre pourquoi la différence pointe aussi vers le sujet. Les données du sujet comptent tout autant que les manifestations de l’objet . La différence, d’autre part, ne peut se dessiner que sur un fond commun à l’objet et au sujet. Et ce fond commun se constiue grâce aux ressemblances perçues par le locuteur entre une manifestation de la tornade x et une manifestation de cette tornade déjà constituée en donnée. D’où il résulte que la même mise en rapport est à l’origine des éléments communs qui assurent la continuité (la tornade x) et des éléments différents qui indiquent une évolution (déchaînée et dont la force a diminué). Voyons maintenant comment s’est constituée le référent une tornade déchaînée. Le référent une tornade s’est constituée par de la mise en rapport d’un mouvement de l’air d’une grande violence et des données que le locuteur avait déjà sur les tornades. Le référent une tornade déchaînée marque en plus le fait que le locuteur a été fortement impressionné par la force de cette tornade, même s’il savait déjà ce qu’était une tornade. Il est important aussi de remarquer que le locuteur ne se réfère pas à la tornade déchaînée comme à une tornade connue, car cela suppose qu’il ait saisi des ressemblances entre la tornade déchaînée et cette même tornade en train de se former. Seules ces ressemblances lui auraient permis de se référer à la tornade x comme à un phénomène connu. Or le locuteur n’a pu établir des ressemblances qu’entre le déclenchement de la tornade et ce qu’il savait déjà des autres tornades, et cela a donné une tornade déchaînée mais non moins inconnue pour autant. Par contre, le locuteur peut se réfèrer à la tornade dont la force a diminué, comme à une tornade connue, et donc comme à la tornade x , et cela en raison des ressemnblaces qu’il percoit entre la tornade dont la force a diminué et cette même tornade déchaînée. Il en est de même pour la première tornade que le locuteur a connue. Il ne l’a pas connue en tant que tornade mais en tant que phénomène atmosphérique .Plus précisément, les ressemblances l’ont recommandée comme un phénomène atmosphérique, les différences comme un phénomène atmosphérique inconnu. Le référent ne peut donc être qu’objectif ou que subjectif, il est objectif et subjectif à la fois. Il est vrai que le degré d’objectivité et de subjectivité est variable d’un locuteur à l’autre et pour le même locuteur d’un moment à l’autre. Le fait, par exemple, qu’à propos du même vent comme facteur externe, un locuteur puisse dire « ce terrible vent » et un autre « ce vent béni » montrent que dans la constitution du référent les données du sujet sont tout aussi importantes que les manifestations de l’objet. La constitution du référent permet de comprendre pourquoi au niveau de la phrase ce n’est pas l’ordre des mots qui est significatif, mais le rapport entre ce dont on parle et ce qu’on en dit ; ce dont on parle qui sert de base à la communication et se concrétise en une donnée nominale et ce qu’on en dit qui motive la communication et prend la forma de la manifestation verbale. Cela nous permet aussi de comprendre pourquoi, sur le plan de la forme, la manifestation verbale s’accorde avec la donnée nominale et, sur le plan du contenu, est compatible avec la donnée nominale. C’est que tout objet qui sert de référent est objectif et subjectif à la fois. Comme tel, il est, d’une part, commun aux interlocuteurs et rend possible la référence, d’autre part, il est différent d’un locuteur à l’autre et informe sur le sujet parlant aussi. Quant à la manifestation de l’objet qui sert de référent, elle est toujours subjective. Mais comme elle se produit dans les limites de l’objet qui est objectif et subjectif à la fois, elle informe sur l’objet mais aussi sur sa perception par le sujet parlant. Et il ne peut pas en être autrement, étant donné que la manifestation de l’objet qui sert de référent correspond à ce que le locuteur dit de cet objet. Dans le texte qui suivra, je me propose de montrer que ce que le locuteur dit est le résultat d’une négotiation de chaque instant entre ce dont le locuteur parle et comment il le dit, que le jeu des contraintes et libertés reste le même du début à la fin de la phrase, qu’on ne peut donc parler à la manière de Yves Macchi dans « Du rôle du signifiant dans la genèse du sens énonciatif » d’une décroissance de la liberté de choix du locuteur au fur et à mesure que la phrase se construit. Par la même occasion, je tâcherai de montrer que syntaxe et prosodie se relayent l’une l’autre pour franchir l’écart entre l’unité d’expression minime et l’unité de sens minime et que la phrase n’est pas formée de mots mais forme les mots. ¹ Notes 1. L'idée selon laquelle la phrase n’est pas formée de mots mais forme les mots appartient à un auteur dont je ne retrouve plus le nom. |
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