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François Truffaut, le deuil impossible
article [ Société ]
AP

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par [NMP ]

2004-10-22  |     | 



C'était il y a 20 ans. La France perdait un des réalisateurs les plus talentueux du XXe siècle. Chantre d'un cinéma populaire mais de qualité, créateur de la "Nouvelle vague", François Truffaut s'est éteint le 21 octobre 1984. Il a laissé derrière lui 21 films, des "Quatre cents coups" au "Dernier métro", qui ont laissé une empreinte indélébile dans l'histoire du grand écran.

Dans "La Chambre verte" (1978), le personnage joué par Truffaut explique à un veuf éploré que "les morts peuvent continuer à vivre". Il y raconte l'histoire d'un homme qui voue un véritable culte aux disparus. Vingt après que le réalisateur eut lui-même succombé à une tumeur au cerveau, à l'âge de 52 ans, l'engouement des cinéphiles à l'égard de son oeuvre ne s'est jamais démenti, avec l'impression persistante qu'il n'est jamais parti.

A l'occasion du vingtième anniversaire de sa mort, les chaînes de télévision lui rendent hommage, avec la diffusion de trois longs métrages. Sur France-3, les téléspectateurs verront ou reverront jeudi soir "Le Dernier métro" (1980), suivi de "Tirez sur le pianiste" (1960), tandis qu'Arte diffusera "La Chambre verte". Dans les librairies -il était lui-même passionné par les livres-, plusieurs ouvrages lui sont consacrés, notamment le "Dictionnaire Truffaut" (Ed. La Martinière) ou "Truffaut au travail" (Ed. Cahiers du cinéma).

Né en 1932, François Truffaut interrompt ses études à l'âge de 14 ans. Tout en vivant de petits boulots, il anime un ciné-club, avant de rencontrer André Bazin, qui lui permet de commencer une carrière de journaliste aux "Cahiers du cinéma", où il se fait remarquer pour ses critiques acerbes. Il dénonce les grands réalisateurs français du moment, rend hommage aux auteurs américains, notamment de série B, et voue une véritable passion pour Alfred Hitchcock, avec lequel il publiera un livre d'entretiens.

Après plusieurs courts métrages, il filme "Les quatre cents coups", sorti en 1959. Ce sera le triomphe. Le film obtient le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Le cycle Antoine Doinel, du nom de son jeune héros joué par Jean-Pierre Léaud, va lui permettre de gagner ses galons de cinéaste.

Le film, qui ressort en salles ce mercredi dans une copie restaurée, raconte l'histoire d'un jeune délinquant aux parents indifférents à son sort. Truffaut se défendra d'avoir écrit une oeuvre autobiographique. Dans un article publié dans le magazine "Arts" le 3 juin 1959, il explique: "Si le jeune Antoine Doinel ressemble parfois à l'adolescent turbulent que je fus, ses parents ne ressemblent absolument pas aux miens, qui furent excellents. (...) Je n'ai pas écrit ma biographie en quatre cents coups".

Avec ses amis d'alors, Jean-Luc Godard, Eric Rohmer ou Claude Chabrol, François Truffaut est au coeur de la "Nouvelle vague", qui va révolutionner les bases du cinéma français. Il se pose en observateur de la vie quotidienne, mais se réjouit que les films soient "plus harmonieux" que la réalité, car "il n'y a pas d'embouteillages ou de temps morts". Dans ses films, il donne souvent le premier rôle aux femmes, dont les jambes sont, selon lui, des "compas" qui donnent au globe "son équilibre et son harmonie", et raconte l'amour, la mort, l'enfance.

En 1971, il fait scandale avec "Les deux Anglaises et le continent", où il filme une scène de défloraison. Malgré la pression des distributeurs, François Truffaut avait refusé de couper le plan montrant la tache de sang de l'héroïne, Muriel, sur le drap. Plus tard, il racontera s'être rendu compte d'avoir "voulu presser l'amour comme un citron".

Entre 1959 et 1983, il enchaîne les tournages, réalisant pas moins de 21 films. Leurs titres sont encore aujourd'hui dans toutes les têtes: "Jules et Jim" (1961), "La peau douce" (1964), "La mariée était en noir" (1968), "La nuit américaine" (1973), "L'histoire d'Adèle H" (1975) ou encore "La femme d'à côté" (1981). Puis, ce sera le dernier, "Vivement dimanche", en 1983, avec Fanny Ardant et Jean-Louis Trintignant. Comble de l'ironie, François Truffaut s'éteint un an plus tard. Un dimanche.

mercredi 20 octobre 2004, AP.

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