Quatre musées implantés sur les légendaires escales de l'Aéropostale, à Rabat, Cap Juby, Port-Etienne et Saint-Louis du Sénégal, vont faire revivre l'histoire des "défricheurs du ciel" et perpétuer la mémoire des lignes Latécoère, en service de 1918 à 1933.

Au travers de photos originales, d'affiches, de maquettes d'avion et de vidéos, ces musées retraceront l'histoire de la plus longue ligne aérienne postale au monde en son temps -13.500 kilomètres entre Toulouse et Santiago du Chili- ainsi que l'époque héroïque du matériel de fortune, des moyens de contrôle inexistants et des aérodromes improvisés.

Créés par l'association Mémoire d'Aéropostale, soutenue par la Mairie de Toulouse, la Chambre de Commerce ou encore Airbus, ces musées seront inaugurés entre le 28 septembre et le 5 octobre. Coût de l'opération: 350.000 euros.

L'association, qui cette année suit le parcours du 22e rallye aérien Toulouse/St-Louis du Sénégal sur les traces des pionniers de l'Aéropostale, devrait se désolidariser l'an prochain de l'événement sportif, et oeuvrer seule pour distinguer 6 autres escales, sud-américaines celles-là, entre Natal et Santiago du Chili.

Première étape: l'aéroplace de Cap Juby à Tarfaya, située en plein désert marocain, où Saint-Exupéry fut nommé en 1927. Il y resta 18 mois, négocia avec les tribus maures insoumises la libération des pilotes prisonniers et y écrivit son premier roman, "Courrier Sud".

Deuxième escale: Nouadhibou, jadis appelé Port-Etienne, au nord de la Mauritanie, à quelques kilomètres de la frontière marocaine.

La 3e escale muséographique sera hébergée par l'office de tourisme de St-Louis du Sénégal. Première colonie française d'Afrique, St-Louis offrit aux pilotes le confort de l'Hôtel de la Poste et sa vie animée de capitale du Sénégal.

L'association achèvera son périple à Rabat (Maros). Le 9 mars 1919, Pierre-Georges Latécoère y atterrit, un jour après avoir décollé de Toulouse. Pour montrer l'intérêt d'une telle liaison aérienne, il apporta au Maréchal Lyautey un exemplaire du quotidien Le Temps, acheté le 7 mars, et un carton de violettes pour la Maréchale.

Le musée de St-Louis portera le nom de Mermoz, tandis que St-Exupéry ornera le fronton de l'établissement sud-marocain. Les autres, pour l'instant baptisés "musées de l'Aéropostale", pourraient par la suite se voir aussi attribuer le patronyme de pilotes célèbres.

Les musées, "offerts" aux différents pays, "ne sont que la concrétisation d'un souci et d'une demande des populations locales", témoigne Eugène Bellet, vice-président de Mémoire d'Aéropostale. Les autorités locales estiment en effet que de tels musées seront "des vecteurs culturels qu'ils pourront promouvoir dans leurs brochures touristiques", renchérit la présidente Catherine Gay.

Jugeant "paradoxal qu'il y ait une escale partout sauf à Montaudran", l'aérodrome historique de l'Aéropostale, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc estime nécessaire de "mettre en valeur la formidable épopée à laquelle Toulouse doit tant de son rayonnement actuel".

Jeudi, il a donc profité du lancement de l'opération Mémoire d'Aéropostale pour annoncer que la mairie allait racheter la piste classée et ses alentours, jusqu'à présent promis à un projet immobilier, afin d'en préserver la mémoire et en faire "un musée vivant et visible".

vendredi 24 septembre 2004, AFP.