Plus de 100.000 spectateurs sont attendus à la dixième édition du festival du film de Sarajevo qui s'ouvre ce week-end. Cet événement culturel avait été lancé en 1994, comme un pied de nez en pleine guerre de Bosnie.

Durant le conflit qui a duré de 1992 à 1995, la capitale était assiégée par les forces serbes positionnées sur les montagnes alentour. Le festival a été créé en 1994 pour rappeler au monde que Sarajevo était affamée, y compris de culture.

"Il y a dix ans, le festival était un divertissement qui voulait faire oublier aux habitants leurs souffrances pour un moment", souligne Amela Mulavdic, une fonctionnaire de 43 ans. "Maintenant, ils prévoient leurs vacances de façon à ne pas le rater".

La première année, environ 15.000 spectateurs avaient éviter les balles des tireurs embusqués pour assister aux projections dans un sous-sol du centre-ville. Pendant "Pulp Fiction", les explosions qui retentissaient à l'extérieur faisaient écho aux coups de feu à l'écran...

Désormais, les feux d'artifice ont remplacé les obus de mortier. Les films sont projetés en plein air, sur un espace de 2.500 places. Des célébrités doivent arpenter le tapis rouge lors du gala prévu samedi soir.

Les acteurs John Malkovitch et Gérard Depardieu sont attendus au festival dont le jury est présidé cette année par le réalisateur britannique Mike Leigh. Pas moins de 180 films originaires de 44 pays seront présentés.

"A l'époque, je rêvais d'organiser un festival du film mais jamais je n'aurais pensé que ça deviendrait quelque chose d'aussi gros", a confié Miro Purivatra, qui dirige le festival depuis sa création. "Le festival offre aux réalisateurs de la région une chance d'avoir leur propre tapis rouge et tout ce qui va avec".

Le réalisateur bosniaque Danis Tanovic avait présenté ici son "No Man's Land", qui a reçu le prix du scénario à Cannes en 2001 et l'Oscar du meilleur film étranger en 2002.

Cette année, neuf films des Balkans sont en compétition à Sarajevo.

samedi 21 aout 2004, AP.