La ville de Dinard (Ille-et-Vilaine) se met à l'heure japonaise pendant tout l'été autour d'une grande retrospective consacrée à Tsuguharu Foujita (1886-1968) au Palais des Arts, l'occasion de découvrir un personnage bohème attachant, qui fit de nombreux séjours en Bretagne.

"Foujita, le maître japonais de Montparnasse", organisé par le Musée du Montparnasse à Paris dans le cadre de sa programmation hors les murs, et subventionné par la Ville de Dinard, retrace sur 1.000 m2 le parcours chronologique du Japonais francophile, artiste incontournable de l'Ecole de Paris, qui rêvait d'être "le premier peintre de Paris".

"Il n'y avait pas eu de rétrospectives Foujita en France depuis 1985", explique Elie Szapiro, conseiller municipal délégué aux arts plastiques, qui espère que l'exposition, ouverte du 27 juin au 25 septembre, atteindra une fréquentation identique à celles des expositions Botéro (2003) et Jules Verne (2001), qui avaient attiré chacune 35.000 visiteurs, dans une ville de 10.000 habitants.

"Foujita avait exposé à Dinard en 1926, et y avait séjourné ensuite en 1927", explique Sylvie Buisson, commissaire de l'exposition, et spécialiste de l'artiste.

Ce dernier, qui s'est rendu également à l'île de Bréhat, à Lesconil, ou à Tréboul, a peint à plusieurs reprises la Bretagne, comme en témoignent ses toiles exposées: "Port breton à la voile rouge" (1917), "Paysage de Lesconil" (1950), ou "La sirène" (1953).

L'exposition dispose de nombreux prêts exceptionnels de particuliers et de musées, dont le musée d'Art moderne de Paris, qui a proposé neuf peintures à l'huile de grands formats, inédites, données à la ville de Paris par la cinquième et dernière épouse de l'artiste en 1949.

Parmi elles figure "le clou de l'exposition" selon Mme Buisson, une toile de trois mètres sur trois intitulée "Composition au lion" (1928), une oeuvre classée qui vient d'être restaurée, prêtée par le conseil général de l'Essonne.

Une place particulière est également accordée à l'une de ses plus célèbres toiles, "Au café" (1949), "que l'on considère comme son chef-d'oeuvre", explique Sylvie Buisson. "Elle synthétise toute l'oeuvre de Foujita, son travail sur le blanc et sur le noir, le thème de la nature morte, de la femme avec son regard songeur, qui évoque la mélancolie de Paris".

Les visiteurs pourront également découvrir le premier tableau réalisé par Foujita à l'âge de 12 ans, représentant une poule "d'après le modèle d'une boite de biscuits allemande", explique Mme Buisson.

La rétrospective présente au total 160 oeuvres, peintures, dessins, gravures, sculptures, photographies, et films vidéos réalisés par Foujita.

En marge de l'exposition, la ville de Dinard a développé une série d'événements autour du Japon, allant d'une exposition du photographe Shun Kambe, à un concours d'haiku (courts poèmes) pour les enfants, en passant par des conférences sur l'artiste.

La bibliothèque municipale présente de son côté une exposition consacrée à l'étonnante Judith Gautier (1848-1917), la fille de Théophile, une orientaliste convaincue et précurseur du Japonisme en France, qui habitait à Saint-Enogat, près de Dinard.

Des initiatives privées ont également été recensées: la galerie Saphir présente une exposition "de Montmartre à Montparnasse au temps de Foujita", consacrée à l'Ecole de Paris, avec notamment deux oeuvres de Foujita.

vendredi 9 juillet 2004, AFP