Effectivement, le réalisateur a présenté ce vendredi son dernier long-métrage, "La vie est un miracle", avec lequel il pourrait ravir une troisième Palme après "Papa est en voyage d'affaires" (1985) et "Underground" (1995). Ce serait une première dans l'histoire du Festival!

La venue de Kusturica ne pouvait donc pas passer inaperçu! Ainsi, c'est au son de la musique du film, interprétée par son groupe No Smoking Orchestra, qu'il a monté les marches du palais du Festival entouré de ses comédiens.

"La vie est un miracle" raconte l'histoire de Luka, un brave Serbe d'une quarantaine d'années. Ingénieur, il réalise le rêve de sa vie : construire une ligne de chemin de fer touristique. Pour cela il a dû quitter la ville et s'installer dans un village perdu dans les montagnes bosniaques avec sa femme Jadranka et son fils Milos, 18 ans. Jadranka, chanteuse lyrique vit mal cet isolement. Elle se demande ce qu'elle fait là au milieu de nulle part... Milos, lui, rêve d'une carrière de footballeur professionnel et espère réussir sa qualification dans l'équipe nationale.

Tout à sa passion pour les rails, Luka ne veut pas croire aux rumeurs sur l'imminence d'une guerre. Et pourtant le conflit éclate. Milos est mobilisé. Jadranka, plus dépressive que jamais, passe la nuit à se saouler. Le lendemain, elle quitte Luka et part pour Belgrade avec son amant d'une nuit qui lui a promis de relancer sa carrière. Luka reste seul.

Malgré les bombardements, et l'exode, il reste là à attendre le retour de son épouse et de Milos. Mais Jadranka ne revient pas et Milos est fait prisonnier. C'est alors qu'il sauve une jeune musulmane, Sabaha, des griffes des soldats serbes qui voulaient la violer. Sur les conseils de miliciens, il s'apprête à échanger Sabaha contre son fils. Mais Luka et Sabaha tombent amoureux l'un de l'autre...


Lors de la conférence de presse qui se tenait quelques heures plus tôt, Emir Kusturica a abordé le côté politique de son film: "Il se trouve que l'action du film se déroule en Bosnie. C'est un homme qui vit à Toulouse qui m'a raconté cette histoire. Mais si elle se passait en Corée ou au Rwanda, j'y serais allé. C'est avant tout le récit d'un homme qui tombe amoureux de son otage. Le langage de l'amour ne connaît pas de frontières..."

Il a ajouté: "L'année du cinquantième anniversaire du Festival, j'ai rencontré Francis Ford Coppola. J'ai passé une heure et demie à essayer de lui expliquer d'où je viens, mais ça n'a pas servi à grand-chose. Si même Coppola n'y comprend rien, comment voulez-vous que le journaliste d'un obscur magazine de science-fiction saisisse les différences qui existent entre les Serbes et les Musulmans ?"


Reste maintenant à Emir Kusturica qui, selon ses dires, "croit encore aux miracles", à créer le miracle en remportant sa troisième Palme. Quoi qu'il en soit, au sortir de la projection de presse, la rumeur le plaçait déjà parmi les grand favoris.
Mais patience, le Festival ne fait que commencer...