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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2007-04-11 | | Dossier de presse. I n t r o d u c t i o n : Dès le Moyen Âge, le commerce a introduit en Europe des marchandises provenant de l'Extrême-Orient. À côté de produits naturels comme les épices, arrivaient des objets manufacturés : tissus, laques et céramiques. Jusqu'au XVIe siècle, les échanges se sont faits par voie de terre. À partir de cette date, l'essor de la navigation leur a donné une nouvelle intensité. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, quelques compagnies maritimes rivalisèrent dans l'importation des productions extrême-orientales. Les pays les plus actifs dans ce domaine ont été le Portugal et l'Espagne, puis les Pays-Bas, la France et l'Angleterre. À la fin du XIIIe siècle, les voyages de Marco Polo ont commencé à répandre une certaine connaissance de l'Extrême-Orient dans les pays occidentaux. Les allées et venues des marchands et les missions religieuses ont fait progressivement découvrir aux Européens des civilisations lointaines. L'esprit humain, toujours prompt à rêver de mondes imaginaires, a trouvé un aliment nouveau dans ces contrées, réelles sans doute, mais que la distance parait d'un caractère fabuleux. De très anciennes figures mythiques comme les dragons, animaux fantastiques qui se retrouvent dans quantité de civilisations, sont apparues sous des formes nouvelles dans les images venues de l'Extrême-Orient. Cet empire étrange et mystérieux est devenu Cathay, monde de rêve où l'on ne distinguait pas Chine, Inde et Japon. Le but de la présente exposition est de montrer la façon dont Cathay s'est manifesté dans l'art européen au XVIIIe siècle. Il ne s'agit pas d'analyser l'influence des arts chinois et japonais sur ceux de l'Europe. On a voulu plutôt illustrer un moment particulier de l'art occidental où les oeuvres venues de pays lointains, utilisées avec désinvolture et sans souci d'exactitude, ont servi à donner corps aux aspirations d'une époque tourmentée de doutes et que la découverte des mondes nouveaux prive soudain des références que lui fournissaient la tradition classique et l'Antiquité. Le rococo, âge de sourire et d'insouciance, est aussi celui d'une grande crise dans les esprits, dont la chinoiserie est l'un des symptômes. Höchst, l’Empereur de Chine, Meissen The Metropolitan Museum of Art, Don de R. Thornton Wilson, en mémoire de Florence Ellsworth Wilson, 1950 (50.211.217) © 1990 The Metropolitan Museum of Art Ex o t i sme e t f a n t a i s i e : L’Europe n’a pas attendu le XVIIIe siècle pour découvrir l’Extrême-Orient et ses arts. Soieries, laques et porcelaines étaient importées en grand nombre depuis le XVIe siècle. On rencontrait des collections d’objets chinois ou japonais aussi bien en Hollande qu’en Allemagne, en France, en Angleterre ou en Italie. À cette époque, aller d’Europe en Extrême-Orient était une aventure aussi extraordinaire que l’est, au début du XXIe siècle, un voyage vers la Lune : après des mois de trajet, ayant affronté des périls sans nombre, le voyageur se trouvait plongé dans un univers totalement différent du sien. Les récits de ceux qui revenaient étaient accueillis avec émerveillement. La réaction des Européens devant l’Extrême-Orient n’a pas toujours été la même. Au XVIIe siècle, on a cherché à produire des objets susceptibles de rivaliser avec ceux que l’on importait : politique commerciale d’États anxieux de voir leurs réserves de monnaie refluer vers des contrées lointaines. C’est ainsi que les vernisseurs ont mis au point des procédés permettant d’obtenir des objets comparables aux laques. Faute de pouvoir fabriquer de la porcelaine, on s’est d’abord employé à donner à la faïence un aspect identique, autant que faire se pouvait. Les manufactures de Delft ont particulièrement brillé dans ce domaine, jusqu’à ce que la découverte de kaolin en Saxe permette enfin de produire une porcelaine présentant les mêmes qualités que celles de Chine et du Japon. Au début du XVIIIe siècle se produit un phénomène nouveau. Les Européens cherchent toujours à percer les secrets de l’Extrême-Orient. Mais on ne se borne plus à imiter ; les oeuvres venues d’Orient stimulent l’imagination des artistes et des artisans occidentaux. Il en résulte des créations originales ; l’exotisme est maintenant le support des rêves et des craintes qui hantent l’esprit du monde chrétien. Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, c’est l’Antiquité classique qui avait servi de référence aux créateurs, écrivains aussi bien que peintres et sculpteurs. Voici qu’un univers reculé, non plus dans le temps, mais dans l’espace, prend la relève. Des Chinois de fantaisie s’installent sur les tables et les consoles ; leurs silhouettes bizarres décorent la panse des vases, leurs cérémonies et leurs habits sont reproduits sur des tapisseries ou des décors peints ; bonbonnières et pommeaux de canne prennent la forme de Chinois. Des pavillons chinois s’élèvent dans les jardins, des Chinois dansent sur les scènes d’opéra. C’est le règne des « pagodes », mot qu’il faut entendre dans le sens de petite sculpture représentant une figure un peu grotesque d’inspiration chinoise. Cet Orient de fantaisie, peuplé d’Occidentaux revêtus d’étranges costumes réputés chinois et japonais, se présente tantôt comme un monde de pure bizarrerie, où règne l’extravagance et l’absurde, tantôt comme un monde idéal, à l’abri des vices et des violences qui déchirent l’Europe. Le premier aspect a prédominé pendant la première moitié du siècle ; le second a pris le pas après 1750. Avec les Encyclopédistes, la sagesse et la tolérance des Chinois sont alors vantés, en opposition avec la superstition, le fanatisme et la brutalité des Occidentaux. Cette mode a duré jusque dans les années 1770. Puis, progressivement, les joyeux Chinois se sont assagis et ont cessé leurs gesticulations. À demi oubliés pendant une cinquantaine d’années, les Grecs et les Romains ont repris la place d’honneur. C’est de nouveau à Rome, et non plus à Pékin, que l’on est allé chercher des modèles de vertu. Les Goncourt ont dit de Boucher, l’un des artistes à avoir le plus brillamment exploité les thèmes chinois, qu’il avait « fait de la Chine une province du rococo ». C’est à cette époque de légèreté et de fantaisie qu’il convient de réserver le nom de chinoiserie. Les charmants bibelots que l’on a produits alors méritent toute notre attention, car derrière leur futilité se cachent des préoccupations tout à fait sérieuses. À l’inquiétude d’une Europe qui s’est rendu compte qu’elle n’était, ni le centre du monde, ni le seul modèle de civilisation, les chinoiseries apportent une réponse facétieuse, avant que ne se lèvent les orages romantiques. La Chine source d’inspiration Deux matériaux ont captivé les Européens lorsque les objets d’Extrême-Orient ont fait leur apparition sur leurs marchés : la laque et la porcelaine. Ni l’un ni l’autre n’avaient d’équivalents en Occident. Les matières premières et les procédés techniques des artisans chinois et japonais sont longtemps restés des énigmes, mais les recherches menées au XVIIIe siècle pour en percer le secret ont fait faire des découvertes imprévues. La faïence, qui existe depuis longtemps, a été travaillée de manière à ressembler le plus possible à la porcelaine; une fausse porcelaine, dite porcelaine tendre, a été inventée. Des techniques de peinture ont été mises au point pour donner des équivalents de la laque. Les objets importés d’Extrême-Orient ont aussi intéressé les Européens par leurs formes. La petite sculpture, longtemps dépendante des modèles antiques, y a trouvé une nouvelle inspiration. La vaisselle et les vases chinois et japonais offraient des silhouettes d’autant plus surprenantes qu’elles répondaient à des usages eux-mêmes nouveaux comme celui du thé, qui fait fureur à partir de la fin du XVIIe siècle. On découvrit en même temps, à travers les récits des voyageurs et leurs illustrations, une architecture aux principes inédits, faite de pavillons et de passerelles distribués dans la nature d’une façon apparemment capricieuse. Les animaux fantastiques, chiens, oiseaux ou serpents à la conformation étrange, vinrent enrichir le vieux répertoire des bêtes fabuleuses de l’Europe. La découverte des peintures chinoises et japonaises a mis les Européens en face de conventions nouvelles pour eux. La conquête de la perspective et l’étude des proportions étaient la grande affaire des artistes depuis la fin du Moyen Âge. La peinture des vases et des panneaux de laque extrême-orientaux offrait des formules inédites, où fond et figure, plans et profondeur, étaient traités d’une manière dont les modèles traditionnels n’offraient aucun exemple. La Chine empire du bizarre Construit dans les jardins de Versailles en plein règne de Louis XIV, le pavillon dit « Trianon de porcelaine » à cause des carreaux de faïence à la chinoise dont il était revêtu, n’a eu qu’une brève existence. De même les peintures exécutées vers 1715-1716 par Watteau au château de La Muette, qui combinaient la tradition antique des « grotesques » et le nouvel intérêt pour la Chine, ont vite disparu et ne sont plus connues que par des gravures. Parues en 1731, ces estampes furent suivies de beaucoup d’autres recueils exploitant la même veine. Les thèmes chinois, ou réputés tels, ont été répandus à travers l’Europe par les ornemanistes, à la fantaisie desquels ils offraient des possibilités sans limites. La Chine vue par les décorateurs de l’époque rocaille est un pays situé hors du monde et de l’histoire, dans une sphère sans pesanteur ni passions. Les images de cet empire lointain, encore plus irréel que l’Olympe classique, se prêtent à la production de tapisseries. La manufacture de Beauvais a produit deux tentures «chinoises », l’une tout au début du XVIIIe siècle, l’autre à partir de 1740. Le contenu des sujets chinois, tels que les concevait le XVIIIe siècle, est mince; ils ne conviennent qu’à de la peinture décorative. C’est précisément ce qui, à partir de 1710-1720, fit leur succès auprès d’une clientèle fatiguée de la mythologie et de l’histoire antiques. Cette recherche du divertissement léger, illustrée par les panneaux de l’ancien hôtel de Richelieu (autour de 1735), s’était déjà manifestée en Angleterre dans les dernières années du XVIIe siècle. Le désir de rivaliser avec les laques chinois est ici manifeste. Le secret de fabriquer une porcelaine semblable à celle des Chinois fut découvert en Saxe vers 1710. Ailleurs en Europe, on produisait un succédané dit porcelaine tendre. Tirant parti des caractères particuliers de ce matériau, les artisans ont déployé la plus grande fantaisie dans l’interprétation des formes et des motifs exotiques, La production de faïences imitant la porcelaine continua elle aussi tout au long de cette période. Ces images de l’Extrême-Orient ne relèvent pas de l’imitation, mais constituent une création européenne en habit oriental. A l’imitation des statuettes venues d’Extrême-Orient que l’on voyait dans les collections, les manufactures européennes ont fabriqué beaucoup de petits sujets, animaux fantastiques, personnages burlesques (on les appelait « magots » ou « pagodes ») et petits groupes. Ces figures sont généralement colorées de tons vifs détachés sur du blanc laiteux. Elles servaient de décor de tables, de porte-flambeaux, ou agrémentaient les encadrements d’horloges. Il y en avait d’articulées et mobiles. La Chine empire de la sagesse Au milieu du siècle, la fantaisie des cartouches rocaille, avec leur mélange de motifs abstraits et de figures humaines ou animales, cède la place à des compositions plus calmes. Groupés en petites scènes qui ressemblent à des fragments de grandes compositions, les Chinois qu’elles représentent s’adonnent à des occupations paisibles, jardinage, thé ou entretiens galants. Ces vignettes sont placées au centre de frondaisons stylisées qui jouent le rôle d’un cadre. Les peintures à sujets chinois, toujours nombreuses dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, montrent, comme les gravures, des fragments de paysages suspendus dans de légers réseaux de branches et de feuillages. Au milieu du XVIIIe siècle, la manufacture de porcelaine fondée à Vincennes se transporte à Sèvres et devient une entreprise royale. Protégée par Mme de Pompadour, elle se conforme au goût de la favorite: des formes plus amples et des couleurs plus soutenues que dans la période précédente, ou bien un blanc crémeux. Les sculpteurs s’efforcent à présent de donner un air de vraisemblance à leurs inventions. Rares à Sèvres, les sujets chinois restent nombreux dans les manufactures allemandes et anglaises. Ils transmettent la vision d’une Chine idéalisée, mais qui n’est plus le royaume de l’absurde. Des décors aux formes larges, avec d’amples enroulements qui se répondent selon des rythmes puissants, se répandent dans la vaisselle à partir de 1750. La forme des pièces se simplifie. Souvent elles sont décorées de petites scènes montrant des scènes bucoliques avec des Chinois qui pêchent, qui jouent de la musique ou qui jardinent. L’Extrême-Orient est toujours un monde utopique, mais ce ne sont plus de bizarres chimères qui le peuplent, mais des créatures paisibles occupées à de tranquilles travaux. Plus on approche de la fin du siècle et plus le décor chinois se fait sage. Il entre désormais dans un univers bien ordonné, comme si les fantasques Chinois s’étaient enfin mis à l’école de Rome et de la Grèce. Georges Brunel, conservateur général, commissaire de l’exposition *** Tarifs d'entrée de l'exposition - 7€ plein tarif - 5,50 € tarif réduit (détenteur de cartes familiales, chômeurs, séniors) - 3,50 € tarif jeune (14 à 26 ans inclus) - gratuité (enfant jusqu'à 13 ans inclus, étudiants des écoles d'art munis de leur carte, personnel de la Ville de Paris, conférenciers et guides, handicapés + accompagnateurs, syndicat de la presse artistique) * Source Internet et site à consulter : Paris.fr: Musée Cernuschi : "Pagodes et Dragons, Exotisme et Fantaisie dans l’Europe Rococo" |
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