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Lyon Septembre de la photographie 2008
article [ Presse ]
16 septembre - 31 octobre 2008

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par [NMP ]

2008-09-29  |     | 















Lyon Septembre de la photographie, adopte à chaque édition une thématique en relation avec la Biennale de la Danse. Ce choix ajoute au panorama français un point de vue sur la photographie, à côté de manifestations d’importance comme Visa pour l’image de Perpignan qui traque l’actualité et les clichés comme objectivation de problèmes sociaux ; Les Rencontres d’Arles qui rendent compte d’une actualité, ou encore Paris Photo qui s’inscrit dans le cadre du marché de la photographie.
La spécificité de Lyon Septembre de la photographie est de trouver et de pratiquer le lien entre la photographie documentaire et l’art contemporain. Elle interroge la praxis de la photographie documentaire créative qui confronte la subjectivité du photographe à sa rencontre avec le réel au travers de la sociologie, l’histoire, la littérature, l’anthropologie, l’ethnologie, l’urbanisme, l’architecture, la psychologie etc.
Cette année, le festival a invité trois écoles d’art : l’Ecole nationale des beaux-arts de Lyon, l’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles et l’Ecole normale supérieure Lettres et Sciences Humaines de Lyon.
Elles seront présentes lors des trois jours de Rencontres afin de développer une réflexion autour de la photographie documentaire créative : photographes, universitaires et critiques vont ainsi pouvoir échanger autour de la question des IDENTITE(S).

Le questionnement sur la ou les identité(s) est au centre de toute approche géopolitique et artistique, composant une thématique suffisamment large pour laisser la place à un éventail passionnant de propositions multiples. Faire le constat de la mondialisation de l’identité de l’humain dans les domaines économiques et artistiques, n’exclut pas le champ des différences historiques et socioculturelles qui émanent d’espaces géographiques distincts.
Lyon Septembre de la photographie 2008 a choisi dans cette cinquième édition de se pencher sur le territoire européen, afin d’y questionner ses origines identitaires à travers les pratiques artistiques d’hommes d’images, venus d’approches documentaires créatives. Pratiques qui mettent en avant leur spécificité formelle et conceptuelle, sans toutefois prétendre à une vision exhaustive – et de fait sectaire – de la photographie contemporaine. Ces démarches particulières cultivent patiemment la volonté de réduire la scission du regard entre le monde extérieur avec ses composantes sociologiques et la subjectivité intérieure empreinte de poésie.
Cette conscience maîtrisée de la pratique du médium photographique ou cinématographique doit faire éclore peu à peu une rencontre avec ces publics avides d’images, à la recherche non pas de communication vide, mais de questionnements profonds sur ce monde où nous vivons… témoin du passage de la photographie d’identité, commune à tous, à l’identité de la photographie, propre à chacun.

Gilles Verneret

*

Questions d’identités photographiques ?
Gilles Verneret, directeur artistique


« L’identité n’est pas un héritage, mais une création.
Elle nous crée, et nous la créons constamment.
Nous la connaîtrons demain.
Notre identité est plurielle, diverse.
Aujourd’hui, je suis absent, demain je serai présent. »

Mahmoud Darwich,
in Le Monde du 13/02/2006

Le questionnement sur la notion d’iDENTITÉ(s) se résume bien dans la formule shakespearienne “To be or not to be“, de même qu’elle peut se conjuguer avec la triple interrogation de Gauguin : “D’où venons-nous? Qui sommes-nous? Où allons-nous?“.

L’être humain est un être socialisé ; aussi, sa quête de lui-même s’appréhende-t-elle dans une dialectique entre son identité personnelle et son identité collective, incarnée pour l‘artiste dans un support d’expression tel que le médium photographique. Dès sa découverte, l’image photographique a conforté l’illusion due à son corpus défendant d’être la garantie de la reconnaissance visible de cette identité par le portrait personnel ou de groupe, et par le paysage urbain et naturaliste. (On peut ainsi penser aux travaux d’Annet Van Der Voort, d‘Olivier Chabanis et de Fangchen Dong qui ont revisité chacun à leur manière le portrait identitaire, la première dans sa dimension sociale, le second dans sa dimension personnelle et psychologique, et le troisième sur le plan du médium).


© Olivier Chabanis


© Fangchen Dong


Depuis, la photographie s’interroge sur elle-même, remettant en question sa fonction documentaire pour revendiquer un statut créatif à part entière qui lui permette d’intégrer la sphère muséale et le marché de l’art. (Cf. les travaux de Jesus Alberto Benitez et de Katerina Drzkova face à leur questionnement sur “ce qui regarde“ les formes visibles externes). Et dans le même temps, elle nous questionne tous, en nous renvoyant cette image de soi. Images au quotidien multipliées par les compacts numériques et les portables, qui sont censées attester de la réalité de notre vécu (le certificat de réalité article du bleuduciel.net) réduit à tre collé en surface sur nos albums narcissiques de famille, tous rentrés dans une identité commune.


© Jesus Alberto Benitez


© Katerina Drzkova

Sur un autre plan, la volonté de se comparer à autrui, afin de se modeler sur des standards de communictaion et de physique, a envahi nos vies scandées par nos écrans et nos journaux. Le renforcement infantile de la notion de “starisation“ qui touche tous les domaines de la vie publique comme un opium du peuple , a fait que l’on peut tout aussi bien devenir star de la boulangerie, du porno ou des musées internationaux de l’Art Contemporain.

A ce propos, ne parle-t-on pas de “contrôler et de soigner son image“, ou de remodeler son look ? N’assiste-t-on pas à une confortation de l’extériorité de surface: le masque social au détriment de l’intériorité vécue.

L’approche du “portrait“ présentée à Lyon Septembre de la photographie dans l’expositon du Musée de Lausanne “Faire faces“ souligne ce phénomène d’effacement de la ressemblance intérieure, dont Bacon était l’initiateur avant gardiste. On assiste donc à la disparition de la personnalité psychologique au profit de l’individualité anonyme, portraituré par un chef de file comme Thomas Ruff, ( et de ses suivants tels Charles Fréger, et Annet van Der Voort présents dans “Identités").


© Annet van Der Voort


L’image s’est emparée de “l’être“, réduit au substrat matériel, comme Narcisse s’est identifié à son reflet fallacieux, peu à peu confondu avec l’image sage et standardisée du consommateur consciencieux. L’argent fait le reste en envahissant les codes de diffusion, qui ont ensuite engendré ce droit à l’image, ultime pirouette dérisoire de l’animal humain en quête d’une identité stable. Cette confusion est redevable à l’ambiguité savemment entretenue de cette photographie, qui dès son origine mythologique dans l’empreinte supposée du Christ sur son supposé linceul, a voulu croire de façon animiste, que le réel était complètement présent dans le cliché photographique, en oubliant qu’il n’en était qu’une représentation formelle (présentation en second). Et cette vérité simple refait surface (au moment même où se développent les technologies numériques qui permettent de transformer et de réinventer à son aise les composants sémiotiques visuels pour créer de l’image virtuelle. Images virtuelles qui conservent leur semblant de réalité intacte, malgré leur extractionhors de tout contexte historique ou temporel qui entremêle des espaces et des temps différents rejoignant l’univers quantique et le questionnement shakespearien de demain “to be or not to be virtual“. (Cf. les portraits en surimpression d’Eva Lauterlein, de Jiri David, ainsi que ceux colorés de Tibor Kalman)

Le dispositif IDENTITE(s) /
Partant du point de vue que la photographie est une façon de penser le réel par elle-même, l’on s’est approché du dispositif “identité(s)“ par une double entrée : celle d’une réflexion philosophique menée parallélement à sa matérialisation dans des oeuvres photographiques qui ne se résumeraient pas à des reportages actuels mais seraient porteurs d’une vision subjective plus créative.
C’est-à-dire, d’un côté la volonté de conceptualisation (que l’espace géo-politique, qui est le nôtre, nous permet d’aborder), et de l’autre, la prise en compte des productions d’artistes venant de territoires et de cultures apparemment différentes. Il était nécessaire que ces dernières n’illustrent pas le discours mais l’accompagnent afin de poser plus des questionnements, avec le sens de la découverte qui en découle, que de délivrer des réponses.
Loisible à chacun de laisser émerger les constats qui conviennent dans leur esprit…

*

Avant-propos de Iosif Kiraly

Un spectre hante l’Europe… Il s’appelle « Peur de la perte d’identité »


Dans une Europe où des efforts de plus en plus considérables sont entrepris pour la fluidité de l’économie et des échanges entre les pays membres, afin que ceux-ci ne soient plus confrontés aux barrières législatives et bureaucratiques, apparaît une préoccupation croissante pour le maintien ou l’affirmation des frontières linguistiques et culturelles, la conservation et la valorisation des cultures et des traditions. Quel rôle jouent alors le politique, l’éducation ou encore les religions dans cette équation complexe ? Comment s’intégrer dans ce système économique global, sans se dissiper du point de vue culturel ? Ces questions préoccupent ainsi de plus en plus les hommes politiques, mais aussi les acteurs culturels.

Les artistes sont eux aussi confrontés à ce même dilemme. Le rêve de tout artiste (comme celui de tout footballeur d’ailleurs) est de devenir international. Au risque de simplifier, on peut dire que pour ce faire, l’artiste (et particulièrement celui issu des cultures minoritaires ou périphériques) doit apporter quelque chose de spécifique du monde d’où il vient. Mais il faut également que cette même information s’attache d’une manière ou d’une autre aux préoccupations et aux inquiétudes collectives du monde actuel, et – dans tous les cas – se transmette dans un langage propre à l’art contemporain. Autrement, son discours sera perçu comme provincial et artisanal.
Le thème de l’identité représente un des thèmes majeurs dans le domaine de l’art contemporain, soit qu’il s’interroge sur des problématiques d’ordre national, régional, racial ou de genre (Gender), soit qu’il se rapporte à des groupes professionnels ou à des minorités sexuelles.

La photographie est probablement le domaine le plus privilégié de l’art de ces dernières décennies. Après 150 ans de débats passionnés sur son statut ambigu, oscillant entre art et technique, personne ne doute plus à présent de ses capacités artistiques. En revanche, de plus en plus de personnes doutent de la capacité de la photographie à reproduire la réalité d’une façon objective.

Le rêve des premiers photographes placés au même rang que celui des peintres est aujourd’hui devenu réalité. Mais à quel prix ? La photographie même souffre de nos jours d’un problème d’identité ; elle est perçue de plus en plus comme une sorte de peinture hyperréaliste, dépourvue cependant de l’aura d’unicité propre à la peinture, et perdant en contrepartie le caractère original qu’elle avait sous son statut de preuve documentaire.


© Iosif Kiraly

***

Source Internet et site à consulter :
Lyon Septembre de la photographie 2008

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