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De la liberté et en particulier du
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Extrait de La Traversée de l'Être

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par [Reumond ]

2024-05-26  |     | 





« La liberté (ou le sentiment de liberté) n’est que l’ignorance des causes qui nous déterminent. » Spinoza




Comme si, seules une pleine conscience et une parfaite connaissance de soi pouvaient nous rendre libres de vivre vraiment, d’agir, de penser, de croire ou d’imaginer.

Si le « libre arbitre » est cette faculté des êtres humains de penser, de décider et d’agir « librement » et par eux-mêmes, c’est-à-dire sans aucune contrainte ou influence intérieure et extérieure ; l’une des questions qui nous viennent à l’esprit assez rapidement est la suivante : à partir de quel stade de son évolution, l’hominidé fut-il capable d’introspection, de discernement ou de liberté de jugement, c’est-à-dire d’une certaine conscience de soi, ou d’une certaine « liberté d’esprit » et d’ attention portée aux autres, à la nature et au monde au-delà de ses besoins, de ses pulsions et des instincts qui le déterminent ? À partir de quel moment a-t-il cette position d’être ou de créature « pleinement responsable » ?

Notre liberté est toute « relative » , c’est-à-dire autant « conditionnelle » que « conditionnée » au monde (le social et le culturel, c’est-à-dire à la société ou au groupe social dans lequel on évolue) ; assujetti au corps (à nos prédispositions héréditaires, physiques, mentales et psychologiques innées ou acquises) ; à la nature, à l’éducation, à nos croyances et aux blessures de l'existence ; aux expériences et aux rencontres personnelles ; aux formations et informations reçues et comprises…

C’est-à-dire à tous ces déterminants et autres facteurs qui font que toute liberté est fortement « déterminée » ou « conditionnée ».

C’est de la sorte que les déterminismes et autres conditionnements vont nous forger ou nous « former » comme l’argile dans les mains d’un potier ou d’un démiurge : l’existence elle-même.

Quand nos attachements et nos désirs sont bien souvent des « servitudes », et nos pensées des prisons étroites, notre sentiment de « libre arbitre » ou de « liberté » sont des illusions tenaces.

Spinoza n’écrivait-il pas en 1674 à son ami Schuller :
« La liberté consiste uniquement dans le fait que les hommes sont conscients de leurs appétits et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. »

A mon humble avis, ce fameux « Libre arbitre », comme cette fameuse triade « liberté, égalité, fraternité » tant désirée, sont des processus dynamiques, tels des mouvements de libération.

Pas quelque chose d’innée, que l’on possède comme une sorte de résultat d’une génération spontanée, mais comme « un chemin » de libre arbitre.

Comme le Cosmos tout entier, aucune créature ne peut naître vraiment libre, égale et fraternelle… Partout, dans cette Création qui ne cesse de gémir dans les douleurs de l’enfantement, toutes les créations comme toutes les extinctions se suivent et se ressemblent, partout la mort engendre la vie à l’image des étoiles qui brillent et s’éteignent, comme à celle des mondes qui se meurent comme d’un manque d’Amour.

Alors, peut-on se libérer de ces illusions de liberté et comment ?

Les hominidés que nous sommes en somme, en instincts, en pulsions comme en besoins vitaux, ne se distinguent pas des autres créatures et des autres animaux ; vous et moi sommes des créations ou des productions de cette Nature que Spinoza écrivait avec une majuscule. Et à ce titre, toute création, si belle soit-elle selon certains critères mondains, est systématiquement « programmée » sur le mode d’une matière ou d’une substance entièrement « déterminée ».

Si dans sa lettre à son ami Schuller, Spinoza fait remarquer que les hommes sont tous les victimes de cette « illusion du libre arbitre », il ajoute aussi qu’ils peuvent s’en libérer.

Si l’homme n’est pas vraiment libre au sens du « libre arbitre », il y a en lui la capacité de tendre à cette liberté, de recouvrer la liberté en se libérant peu à peu de ses déterminants… C’est là le chemin de « la vraie liberté ». Pour Spinoza, la vraie liberté consiste donc à évider les évidences de la liberté, à briser l’illusion de libre arbitre que nos croyances croient et que nos pensées pensent…

Telle une arborescence de l’Évolution, si l’on considère que toutes les créatures comme tous les individus sont le résultat d’une somme de succession de causalités, d’une suite de facteurs plus ou moins déterminants :

- d’une préfabrication (Maurice Zundel) ;
- de programmation ou d’algorithmes (selon les Géants du Web) ;
- de conditionnements (Pavlov)
- et de prédispositions ou de déterminismes psychologiques (Freud) ;
- biologiques ou héréditaires (ADN) ;
- sociologique et culturel…

Qui vont déterminer l’ensemble de nos états d’être, d’âme, d’esprit et de conscience.


Mais, il est en nous tous, sans exception, une incroyable capacité de libération, une incroyable capacité d’être et de devenirs possibles ; il est en nous tous un lieu au plus intime de nous-mêmes, qui aspire à l’absolu d’une liberté infinie et qui nous appelle et nous aimante comme un Aimant ou comme un(e) Amant(e).


Si « Le monde est créé du côté de Dieu, il n'est pas encore achevé du côté de l'homme. Nous ne saurons ce qu'il doit être qu'après avoir donné ce consentement de notre liberté qui en fera une oblation d'amour. Ta religion n'est pas l'attente passive d'une béatitude extérieure à l'esprit, mais la création avec Dieu et à son image d'un monde de lumière, de joie et de beauté. »
Écrivait M. Zundel (L’Évangile intérieur).

Ce n’est donc qu’à travers l’Homme pleinement Homme (l’HpH) que peut se réaliser un véritable « libre arbitre » ou s’accomplir une authentique liberté.

C’est à travers cet élan vers l’Humain « inconditionnel » qui est le seul moteur d’une liberté intérieure infinie que l’Homme neutre (Hph) engendrera une Humanité à son image et à sa ressemblance.

Cette Nouvelle Humanité ne peut être qu’un « espace vivant » où notre liberté prendra pleinement conscience d'elle-même pour s'accomplir dans un monde nouveau et réaliser enfin l’impossible, comme à travers une liberté ou un « libre arbitre » qui ne serait que pur Don.


Extrait de La Traversée de l'Être.

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