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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2021-10-08 | |
L’anthologie « Cent poèmes d’Aimé Césaire » préparée par Daniel Maximin, poète, romancier et essayiste guadeloupéen, publiée aux Éditions Omnibus en 2009, nous offre l’essentiel de toute l’œuvre poétique de Césaire.
Moi qui fréquente depuis une cinquantaine d’années l’œuvre de Césaire, il m’arrive de découvrir encore certaines perles de sa pensée. Tiens, lisez la définition que Césaire donne de la poésie : « La poésie est cette démarche qui par le mot, l’image, le mythe, l’amour et l’humour m’installe au cœur du vivant de moi-même et du monde. » Ou encore cette autre précision du célèbre poète et politicien martiniquais : « La poésie, c’est pour moi la parole essentielle. J’ai l’habitude de dire que la poésie dit plus. Bien sûr, elle est obscure, mais c’est un « moins » qui se transforme en « plus ». La poésie, c’est la parole rare, mais c’est la parole fondamentale parce qu’elle vient des profondeurs, des fondements, très exactement, et c’est pour ça que les peuples naissent avec la poésie ». L’anthologie s’ouvre sur cet extrait du "Cahier d’un retour au pays natal" : « Partir. Mon cœur bruissait de générosités emphathiques. Partir… j’arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J’ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies. » Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : « Embrassez-moi sans crainte… Et si je ne sais que parler, c’est pour vous que je parlerai. » Et je lui dirais encore : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. » Et venant je me dirais à moi-même : « Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse… » (Aimé Césaire, Cent poèmes d’Aimé Césaire, Éditions Omnibus, 2009, p. 5 et 11)
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