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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-09-17 | |
Nigh iyis nigh aserdun
Awa shuf aberem n lawqat Igrid z'man i uaghyul Igrid ughyul i washal. Je suis monté à cheval, je suis monté à mulet regardez comme les temps changent Le destin m'a jeté sur un âne et L'âne m'a jeté par terre. (Chanson berbère - Traduction Souag Mohamed) Depuis l’enfance, le Maroc m’évoquait un pays avec des traditions, des coutumes et une langue arabes fortes. Quelle surprise cet été lorsque je suis arrivée sur les terres d’un peuple à la culture amazigh bien présente. Les berbères, premiers habitants du Maroc, ont une histoire marquée par les invasions de différents peuples qui ont introduit leur culture et leur langue: romains, vandales, la colonisation française, l’Arabie… et ce qui m’étonne c’est que cette langue, cette culture soient toujours bien ancrées dans ses racines. Prenons pour exemple les peuples inca ou aztèques : plusieurs siècles après l’hispanisation ils conservent seulement quelques bribes de leur culture. Ce n’est pas le cas pour l’amazigh, les habitants de ces terres ont su résister et garder leur identité culturelle. Cette identité, l’homme libre (amazigh) la transpire, la fait vivre de toutes parts sur ces terres arides, ces régions montagneuses où l’on ne peut que s’émerveiller devant la beauté des paysages et des visages. Il la transpire, mais il la chante aussi, la poétise. Il n’est pas rare dans la rue d’entendre un homme ou une femme réciter un izli, ou de voir des écoliers évoquer la pluie à travers des chants. En discutant avec diverses personnes, poètes, universitaires, je suis peu à peu parvenue à entendre la voix du barde et des troubadours, les chants et les izlans d’amour, les contes et les proverbes pour enfant. De la poésie classique à la poésie contemporaine, l’histoire du Maroc se révèle à travers la poésie. Poésie essentiellement orale, de génération en génération. C’est pour cela qu’avec Ali Iken nous avons pensé à donner un aperçu de cette poésie, comme une invitation au voyage. Nous avons contacté, lors de mon séjour, diverses personnes pour comprendre les différentes facettes et perceptions de la poésie amazighe où les thèmes de l’amour, le mariage, les vices de la société et l’identité culturelle semblent revenir souvent. Mais avant cela, voici les propos que nous avons eu avec Ali Iken. Quand on parle de poésie amazighe (berbère),la notion d'oralité revient très souvent Mais qu'entend t-on exactement par oralité? Est-ce que vous pouvez nous expliquer sous quelles formes cette oralité s'est manifestée ? Cette oralité existe- t-elle encore aujourd'hui ? Effectivement, la poésie amazighe demeure foncièrement orale, elle est ancrée dans la tradition et appartient de ce fait à ce qu’on peut appeler "la poésie populaire" par opposition à la poésie écrite présupposée plus savante. C’est une poésie chantée ou récitée, un espace qui n’a besoin ni de papier pour le griffonner ni d’encre pour le réciter. Une poésie davantage liée aux mécanismes de la mémoire, au chant, à la musique et à la danse qu’à l’écrit. La voix, l’instrument, le mouvement du corps sont ses propres supports. Ses traces sont gravées sur le visage de l’air. C’est aussi une poésie exigeante qui impose des normes rituelles stylistiques et sociales. Ainsi les gestes, les inflexions de la voix, les intonations, les silences, les réactions des auditeurs, les états d'humeur de l'aède, le genre de fête, de rencontre et de rite, les instruments ..etc. sont les ingrédients qui concourent à la composition de l'oralité de cette poésie. Le papier n’a pas de place, même dans le cas où le poète est un lettré ou scribe de ses propres textes le moment est à l’improvisation et au « par cœur ». Par exemple, au sud, les poètes chanteurs appelés « rrways »sont en majorité des scribes de leurs textes, une scribalité basée sur la mémoire. Paul Zumthor dans son "Introduction à la poésie orale" (1983.Paris.le seuil) fait une distinction entre trois formes d'oralité : l'oralité primaire, l'oralité secondaire et l'oralité médiatisée. Le paradoxe est qu’au Maroc, nous sommes en passe de tout écrire. L'oralité primaire, d'ici peu de temps, ne sera donc que du passé même si la scribalité, tout en portant en son sein des éléments de l'écriture et de l'oralité, est incapable d’assumer un vrai passage à l’écrit. Les fautes d’orthographe et de grammaire, l’absence de la ponctuation, les diverses normes de transcription, les trois alphabets pour l’écriture (arabe, latin et tifinagh) sont là pour attester de la présence permanente de cette oralité. Cette oralité se manifeste aussi dans la fragmentation de la langue amazighe en plusieurs parlers. Au Maroc on en distingue trois : le rifain, le tachelhit et le tamazight. Actuellement malgré les efforts et les progrès de la standardisation entamés par les associations, les artistes, les écrivains et l’école, un nombre de poètes continuent à écrire dans leur parler régional. Ceci n’est pas le cas dans la nouvelle, par exemple, où le passage à l’écrit est qualitativement important. Avant tout, la poésie amazighe est à écouter, à voir et non pas à lire. Paradoxalement la fixation graphique (qui, bien entendu, s'avère vitale et d'une extrême urgence pour l'ensemble du mouvement culturel amazigh) avec tout ce qu’elle propose de « salutaire » par ses formes, sa ponctuation et ses genres de spatialités demeure dans l’incapacité d’exprimer le génie poétique de l’oralité. L'aède amazigh, n'est vraiment maître de ses rimes que devant son public.Le grand public ne cherche pas à lire Tabaà mrant ou Zayd Lisyour mais à les écouter et à les voir. M.Aufray, en distinguant entre la parole et l’oralité, écrit dans sa thèse sur les littératures océaniennes que l'oralité "est une forme de communication sociale caractérisée par des modes de production et de transmission qui lui sont propres. L'oralité doit être envisagée comme une performance qui est définie par des circonstances, temps, lieux, contextes sociaux, par le statut et le rôle des participants,interprètes et auditeurs et par les modes d'interactions entre ceux-ci". Donc si je comprends bien, le passage de l’oral à l’écrit ne se fait pas sans difficultés, ça m’intrigue tout de même de savoir ce qui a amené les poètes amazighes vers l’écrit. Vous avez une explication ? Je ne parlerai pas des facteurs socio-économiques ni du contexte idélogique et historique de l'apparition et du développemnt de la conscience identitaire amazighe je dirai simplement que parmi les leviers de l’émergence de la poésie écrite, on peut citer la publication des normes graphiques et linguistiques de cette langue et aussi la réédition des collectes et études qui ont été réalisées par des amazighisants étrangers tels que De Laporte (1840), Hans Stumme (1895), Emile Laoust (1930,1940), Henri basset (1882), André Basset (1920), Arséne Roux (1942),... Mais il ne faut pas oublier que le passage de l'oral à l’« écrit » a été initié depuis des siècles dans les confréries du sud. Parmi les centaines de manuscrits sur diverses disciplines de la poésie, la poésie religieuse occupe une place importante. Le premier manuscrit recensé remonte au 17e siècle, il s'intitule "l'océan des larmes" d’Alawzali. L'écriture à ses conditions, ses références, ses règles, ses exigences et ses formes. Elle se passe de tout paramètre kinesthésique. Elle se défend par ses propres moyens. Elle est métalangage. Elle n'a que du noir et du blanc pour vivre dignement ou mourir. Ce qui ne veut pas dire que tout ce qui est écrit est bon ou meilleur que tout ce qui est oral. Beaucoup de textes oraux (même hors de leur contexte naturel) sont plus concis plus imagés et plus beaux que d’autres qui sont écrits. Comment alors passer à l’écrit sans perdre la richesse de l’oralité ou une partie de cette richesse ? N’y aura-t-il pas risque d’une rupture totale avec le lecteur ? L’auditeur / ou spectateur peut-il se convertir en lecteur ? Beaucoup de questions qui sont préoccupantes pour le poète amazigh. On parle beaucoup de l’oralité pour la poésie amazighe, mais existe t-il d'autres formes d’expression poétique ? L'oralité est à l'origine de toute la poésie pas seulement amazighe. L'homme ne s'est jamais passé de la poésie, c’est l'un des premiers moyens après ses doigts qui lui a permis d'apprivoiser la cruauté et la beauté du monde. L'écriture est une invention, la parole est une nature, l'absence de la plume aiguise le génie de la mémoire. Le troubadour peut réciter de mémoire des milliers de vers, sûrement que les trouvères du 12éme et du 13éme siècle du nord de la France faisaient la même chose. Tous nos poètes qui sont à cheval entre la modernité et la tradition,- exemple de Moustaoui Mohamad et de Taws Omar; enseignants tous les deux,- sont souvent des poètes-chanteurs bien ancrés dans « l’orature » ; néologisme désignant la littérature orale. Hormis le travail ancestral de scribalisation ou celui fait par des étrangers ou par des chercheurs et amateurs autochtones l'authentique et vrai passage de l'oral à l'écrit n’a commencé chez nous qu’avec les poètes contemporains qui ont pris en charge la défense de leur culture, de leur langue et de leur identité amazighe. Les moyens de communications modernes, malgré la marginalisation et l'oppression dont cette culture a toujours était victime, ont beaucoup facilité la tâche aux poètes pour produire et diffuser leurs textes. Le premier recueil de poésie amazighe "Le phare" d’Ahmed Amzal est publié en 1968, le deuxième, un recueil collectif édité en 1975 par l'association AMREC sous le titre "Cascades", en 1976 un autre recueil "les chaînes" de Mohammed Moustaoui. Actuellement les recueils publiés se comptent par dizaine, ils sont souvent écrits en caractères latins ou araméens(dits arabes) dans les normes de la poésie traditionnelle ou en vers libres. On cite:"Les amoureux" de Hassan Id belkacem,"les cicatrices" de Ali Azaykou,"les signes" de Jouhadi Lhoussin,"les fleurs célestes" de Taous Omar,"J'écrirai sur le roc" de Ahmed Ziyani, "La parole m'a enseignée" de Fadma Ouriachi (poétesse), "Donne moi mon rêve" de Mayssa Rachida (poétesse), "les feuilles de l'année " de Najib Zouhri., etc. Mais j'ai entendu parler du tifinagh, l'écriture amazighe,dans le passé aucun poète n'aurait utilisé le tifinagh? Pouvez-vous nous parler un peu du tifinagh ? A l’exception des textes isolés, les seuls recueils écrits en caractères tifinaghs (je parle toujours du Maroc) et en même temps en latin sont ceux qui ont été édités dernièrement par l’IRCAM (l’Institut Royal de la Culture Amazigh). Le tifinagh est l’écriture antique des berbères (amazighs). C’est un alphabet consonantique que les touaregs utilisent encore de nos jours. Il date d'après l'hypothèse de Gabriel Camps depuis le VI siècle avant J.C. Les anciennes inscriptions, qui sont au nombre de plus de 1200, relevées au Sahel ,en Afrique du nord et aux Îles Canaries sont rédigées dans cet alphabet qu’on appelle aussi le « libyque ». Les spécialistes distinguent entre trois variantes du tifinagh : le tifinagh oriental, le tifinagh occidental et le tifinagh saharien. Ce dernier est le seul qui a survécu aux aléas du temps et de l’histoire. Les touaregs l’ont jalousement gardé. Chez les autres groupes amazighs, le tifinagh a résisté en persistant encore sous forme de motifs de décoration dans les tapis, le tatouage, l’architecture, la poterie, etc. Il faut attendre la fin des années 60 pour qu’un sérieux travail d’aménagement et de diffusion de cette variante commence, à Paris sous l’égide de l’Agraw Amazigh (académie berbère) association fondée par des kabyles et quelques marocains. Ce néo-tifinagh va être largement diffusé au Maroc, en Algérie et en Libye pendant les années 80 et 90. Des amendements s’ajouteront à ce travail dont les plus en vue sont ceux apportés par l’Institut Royal de la Culture Amazighe. Des gens dans la rue récitent des izlan, qu’est ce qu’un izli ? Quel est son rôle ? Etymologiquement parlant l’izli veut dire « le fluide ».Comme terme générique il désigne tout court poème, qu’il s’agisse de « tamawayt », de « timnadin », de « taguezzoum » ou autres mais avec la particularité d’être un poème de deux vers. C’est un genre très présent dans la vie quotidienne, chacun peut en créer à sa guise pour exprimer ses amours, ses attentes, ses regrets, ses remords, ses exploits, sa sagesse et ses joies. On peut réciter un izli à la place d’un proverbe pour interpeller ou avertir l’autre : le voisin,l’aimé, l’adversaire ou l’ennemi ..L’izli fortifie notre éloquence et l’anime. Mais quand il s’agit d’une fête seuls les poètes osent « tenir le coup » parce qu’on est confronté à en improviser une multitude dans les normes métriques et thématiques. Le public est là pour nous en juger et nous crier « Awch !!!Awch !! » dans la face en cas d’une altération ou mauvaise image. Le producteur de l’izli est souvent anonyme. Si les izlan des danses d’ahidous,d’ahwach ou des troupes de chanteurs sont divers, nombreux et se chantent accompagnés de refrains ceux de la meule, de la moisson, de la tonte, de la pollinisation des palmiers et de battage du blé sont les mêmes. On n’en crée pas d’autres, ils sont invariables en genre et en nombre et sans refrain . L’izli le plus courant dans l’Atlas est celui de 20 syllabes 10 syllabes chaque vers en voici quelques uns que je vous traduis. 1-Awa maghf ay ajjerg ad i tneqqad Mr k ikkisgh ur i isxub ighf adu. *-Maudite dent osant me faire du mal Comment ne t’ai-je pas arraché ? 2 –Amm udfel illan g là amud ayd gigh da y i yessumum wenna righ amm uzal *-Telle la neige des pentes est ma peine mon aimé tel un soleil me fait fondre. 3 -Hagh ak rrkub ay amazan teddud tinid asn i waynhubba à migh a. *-Messager tiens tes frais de voyage va dire à mon aimé que je n’ai plus de regard. 4 –Gigh tin ughanim ur digi adif A y ! azwu ur digi may tessergigid. * -suis tel le roseau sans moelle prière ! ô vent arrête tes souffle ! Les izlan les plus médiatisés à travers les chants des troupes musicales du moyen Atlas sont ceux de l’amour en voici 4 pour illustration (traduits par Afulay.A.L voir awal n 23.2001) 1 -Taghagh là afit g imi taghagh ul Ur c issexsay a là ejb a xs way-drix. *-La bouche me brûle, me brûle aussi le coeur rien ne peut éteindre ce feu extraordinaire que mon aimé 2 –Nekkin t-tafuyt a mi gix amezdugh nekkin g wacal nettat g igenwan. * -Du soleil je suis le compagnon Moi sur la terre et lui dans le ciel. 3 –Mr i yettir usmun inw tifednin ad as bbix awd adar gex ahizun! *-Que mon ami me demande mes orteils je lui couperai tout mon pied et deviendrai boiteux. 4 –Asid wul inw illa ghur wayd rix adday ur i hadr ammi tteddux gg id *–La lumière de mon cœur est entre les mains de mon aimé quand il n’est pas là , je vais comme dans la nuit Le plus long izli d’après mes petites recherches d’amateur est celui de 18 syllabes le vers .En voici un de ma traduction : -Awas igan i tmeddakwelt inw tabanka tasi tighanimin Isnal t i buà rgub a tterrez tadawt ns is tra leksawi *Oh! Que j’aimerais voir mon amante porter le tablier la faux aux mains ! s’échiner le dos aux tertres prix de cette robe qu’elle demande. Quels sont les thèmes abordés dans la poésie classique et contemporaine ? La poésie traditionnelle (orale) est plus descriptive, elle est clairement liées aux sujets qu’elle aborde. Elle établit des constats et propose des solutions. Une « tamedyazt » (le long poème) est fait d’un prologue religieux d’un sujet ou deux ou trois, en l’occurrence sa matière puis se termine par un épilogue toujours d’ordre religieux où l’on invoque dieu et sa miséricorde. Les sujets qu’elle aborde sont nombreux et de diverses natures, du politique à l’amour, des problèmes de la vie quotidienne, du chômage, des prix élevés des vivres, de l’immigration, des prophètes, des guerres, etc. Le poète traditionnel ne s’arrête pas au quotidien de s’informer sur ce qui se passe dans son village et dans le monde. Il occupe la fonction de journaliste d’où le terme « Amedyaz » pour le désigner et qui veut littéralement dire « le diffuseur » comme il n’est pas seulement défenseur des valeurs de la communauté mais il est aussi un critique qui pose ses doigts acerbes au cœur des plaies. Le poète traditionnel joue aussi le rôle du « à alim » (le savant en arabe), un titre que les fquihs (les curés musulmans) ont toujours essayé de se l’accaparer pour leur compte. La poésie contemporaine (écrite) quant à elle, aborde des sujets divers liés surtout à la politique et à la question identitaire .C’est une poésie combative ouverte sur des questions ontologiques et abstraites. La colonisation et les multiples invasions ont-elles joué un rôle dans la poésie amazigh ? Sûrement que les chocs avec l’autre ont remué la poétique amazigh et créé du nouveau, ne serait ce qu’aux niveaux thématique et lexical. Imazighns malheureusement n’ont presque rien gardé de leur histoire poétique antique. Ils ont souvent écrit leur poésie dans les langues dominantes : le grec et surtout le latin (et l’arabe dès le moyen âge) Actuellement, nous avons un large répertoire de poésie de la résistance contre les deux occupations française et espagnole qui prouve que la poésie ne peut être qu’au cœur du monde. Les bataille d’Anoual, de dehr Uberran, de tazegzawt, de Baddou, de Bougafer, etc. n’ont pas laissées nos aèdes indifférent à ce qui se trame autour d’eux. Voici une grappe de joutes du genre « Tamawayt » entre Taà ellalt poétesse des Ayt Zdeg et un poète du nom Assou des Ayt Aissa lors de la bataille de boudnib en avril 1908. Assou: Sersat ts i Ussumur! nna d isgafayn Taà ellalt ad tut awal g tizza wer twalf! *** Méritoire est Oussoumour! d'avoir Taà ellalt dans ses rangs venue enfourcher son cheval dans des cols étrangers pour elle! ***** Taà ellalt: Wenna wer itteggan ccmeà ad iwwt nnur taneszriyt irz lqqalb issmer i seksu d uksum ad ur as itrehhab i Tà ellalt! *** Celui qui de cire n'illumine pas son salon n'invite pas les gens au thé ni couscous ni viande ne cuisine ne mérite pas que Taà ellalt soit son invitée! ***** Assou: Da tnezzed a tahérrabit day tà ayet aksum d w atay ibabb aghruc ar dtemmà egh Ayt Izdeg ad agh mdtaddan d urumy! *** On vend son arme à feu en thé et viande est conversée on porte à sa place un bâton et moi naïf espère que les Ayt Zdeg en braves affronteraient les roumis! ***** Taà ellalt: Udayn ad mnalan d udayn ià rabn s ià rabn imazighn s wiydt id Wewwizdeg ad mdtaddan d urumy! *** Juifs contre juifs arabes contre arabes imazighns contre imazighns et le Zedgui tout seul battra les roumis.! ***** Assou: Ay! Ayt izdeg awi teggudim terram iqbiln ghifun ttajin aymi tmutturm! *** Ô! Ayt Zdeg nombreux vous l'êtes mais battus souvent par les autres seul le tajine vous assemble! **** Taà ellalt: Hédac lmiyya n ighrem ag-gan lefdtahét Awd yiwn ighiyn ad ikkr ad iwwt arumy! *** Onze milles villages tous ne sont que honte aucun d'eux n'a pas pu contrer les roumis et se tenir debout! ***** Assou: Seksew Taà ellalt tegma g rrxa da tessefru y izli ur tannay berziggu gh urumy! *** Ô voyez la! quelle vie d'aisance elle mène! comment elle interprète bien l’izli! hélas! ignore encore les percutants des roumis! ***** Assou: Ay! Ayt Izdeg ! a yiqemmariyn! ay ayt y icnidtn! ar tteqqlegh ad irrz urumy! *** Ô! les Ayt Zdeg! que des parieurs vous êtes Ô propriétaires de poulains! naïf moi d'attendre de vous la défaite des roumis! *** Taà ellalt: Mr awn tgi amm dawa ad texlum ttulut g urumy! *** Si ça serait comme "Dawa" vous massacreraient un tiers des roumis! ***** Assou: Llig nsella s is nedda-d an-nannay taà ellalt ur tgi ayelli da sseflidgh! *** Quand d'elle j'ai entendu parler tant je suis venu voir qui est Taà ellalt au juste celle dont on me parlait elle ne l'est pas ! (source : collection personnelle d'Ali Iken - propos recueillis auprès du poète Habach de la vallée Ayt Aissa) Une question me trotte dans la tête, l’arabisation du Maroc a-t-elle marginalisé la poésie amazigh ? Oui l’arabisation forcenée a fait de grands ravages. La poésie a toujours occupé une grande place dans les sociétés amazighs avant l’avènement du protectorat et pendant son instauration. Les poètes étaient de grands agitateurs des masses. C’est après l’indépendance que leur statut social s’est affaiblit par la montée en puissance du panarabisme et de ses acolytes ici qui ont fait tout pour gommer du temps et de l’espace tout ce qui est en rapport avec l’amazighité du Pays. Quels sont les plus grands poètes amazighs selon vous ? Les plus grands poètes amazighs(phones) pour moi sont Si Muhend Umhend, Achaq Sakou,Oumehfoud, Lhaj Belaid, Azaykou,Ayt Menguellet et Matoub Lounes. J’aime leur poésie parce qu’elle est belle ! J’y trouve ce que je cherche, le plaisir c'est-à -dire ! La poésie amazighe ou les autres formes de littérature (contes,mythes,légendes,proverbes,devinettes) ont-elles une place dans l’éducation ? Actuellement il n’y a que la poésie et les proverbes qui persistent à transmettre des enseignements au sein des familles et des groupes, le rôle des autres formes de littérature est presque éteint avec les moyens modernes de la communication. Mais je crois qu’avec l’introduction de la langue et de la culture amazighe à l’école les choses vont sûrement changer. On espère que tous les genres littéraires amazighes retrouveront leur place dans les institutions scolaires et médiatiques. Pour aller plus loin dans la découverte de la poésie amazighe : Des études sur la poésie amazigh marocaine sur Amazighworld Lire les derniers articles dans les sites : TamaynutFrance Tamurth.net Awalinoo.net Cécile Guivarch et Ali Iken, pour Francopolis en partenariat avec Agonia France, septembre 2005. |
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