« La carte n’est pas le territoire » ressasse le répondeur analogique (formaté par l’école de Palo Alto) de mon cabinet de psychothérapie.

Est-il logique ou même analogique de répéter mille fois la même chose ?
Il rabâche, je radote ; il serine, je rumine ; il réitère et me rabat les oreilles sur les genoux. Ainsi de suite je discute en vain ; il parle, insiste, alors je résiste… d’écho en écho, je le contrecarre ! On pourrait se croire entre Wimbledon et Roland-Garros, du côté d’un court de tennis en direct, dits et redits contre coup droit, réponse et coup adroit.

La carte n'est pas le territoire mais le territoire bouffe la carte !

Comme dans une cour de récréation, entre le passé obsolète et un futur en suspens, je me sens gauche au palmarès des questions sans réponses. J’ai beau manger des champions chips, la faim de vérité me tourmente ; car en définitive, on joue toujours seul en double avec soi-même, et rien ne sert de se croire Le grand Sachem d’un Grand Ch'lem, le challenge est perdu d’avance ! La vie est une trop courte saison sur gazon éphémère et l’Éternité un match à gagner sans cesse en retour.

En ce tournoi de tennis qui se déroule au présent, même les androïdes savent que l’Éternité se compte en algorithmes !

En raison du réchauffement climatique, mes circuits intégrés se réchauffent dangereusement, ma vision thermique se dégrade et à cause de la fonte des glaces mes miroirs eux-mêmes ont le teint pâle et plus un seul au-delà. Pauvre Alice qui patauge avec les ours polaires sur une banquise aussi plate que nos écrans haute-définition !

Suite à tous ces bouleversements, je désire ardemment me faire greffer un autre regard et me faire implanter une nouvelle carte d’extension pour m’ouvrir davantage à la vie et aux autres. Mais c’est une véritable ascèse !

Quand notre cerveau reptilien ne se sent plus en sécurité, notre cerveau limbique régurgite ses humeurs vagabondes ; et quand le limbique vomit, le néocortex imagine le pire !

Voyez vous-mêmes, les islamistes se cachent dans mon salon, les huissiers dans ma chambre à coucher, ma cuisine est pleine de SDF, mes WC grouillent de prédateurs, ma salle de bain est polluée et mon bureau rempli de réfugiés et de sympathiques sans-papiers, mais comme une âme vagabonde, je n’ai plus de chez moi !

Alors, à quelle carte père se vouer et de quelle carte-mère naîtra celui qui n’est pas encore et qui ne naîtra pas d’une femme (Macbeth) ?

De quel ventre analogique, de quel bit divin et de quel langage binaire serons nous les enfants de demain ? Alors que nous ne sommes que des bêtes savantes, de quel méat informatique et sur quelles muqueuses de microprocesseur l’Homme nouveau va-t-il crier son premier algorithme vraiment humain ?

De quel cordon sériel mâle ou femelle viendra cette sève de vie qui laissera passer la tendresse du monde ? À quel cordon connecté à l’amour pouvons-nous encore raccrocher nos espoirs ?

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