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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-09-27 | |
La conscience est si fondamentale et si mal comprise qu’une solution du problème de la conscience pourrait modifier profondément notre conception de l’Univers et de nous-mêmes.(David Chalmers)
Pourquoi avoir choisi de faire le compte rendu de ce livre ? Tout d’abord parce qu’il représente un jalon essentiel de la philosophie contemporaine. Ensuite parce qu’il constitue un ouvrage de philosophie sérieux accessible aux non philosophes. Voilà ce que son auteur dit à ce propos: « Mon moi d’il y a dix ans figurait à tout moment dans mon public idéal; j’espère avoir écrit un livre qu’il eût apprécié. » Enfin parce que, dans ce livre, la spéculation la plus radicale ne tarit pas la source de l’interrogation, l’analyse conceptuelle la plus rigoureuse n’enlève rien à la virtualité propre des mots et la remise en cause des théories contemporaines sur la conscience se transforme en une discussion philosophique stimulante. Et non pas en dernier lieu, la traduction du livre, faite de l’anglais, est brillante. L’Esprit Conscient, l’ouvrage le plus important à ce jour de David Chalmers, propose un cadre unifié dans lequel «les problèmes réellement difficiles relatives à la conscience » peuvent être abordés L’auteur distingue en effet entre problèmes importants mais faciles et problèmes difficiles. Des problèmes tels que « Comment le cerveau traite-t-il les stimulations environnementales ? » « Comment intègre-t-il l’information ? » « Comment produisons-nous des comptes-rendus de nos états internes ? » font partie de la première catégorie, alors que d’autres comme « Pourquoi le traitement des stimulations environnementales s’accompagne-t-il de l’expérience d’une vie intérieure ? » « Comment un système physique tel qu’un cerveau peut-il également être un sujet d’expérience ? » « Comment la conscience s’intègre dans l’ordre naturel ? » entrent dans la seconde catégorie. Qu’est-ce qui les distingue ? Pour résoudre les premiers, il suffit de décortiquer la mécanique qui les rend possible; ils seraient ainsi à la portée des sciences cognitives et de la neurologie, alors que les seconds mettent en défaut toute explication fonctionnaliste. Dans le premier chapitre du livre, l’auteur dégage les manifestations variées que recouvre la conscience, précise à laquelle de ces manifestations il fait référence et donne une analyse de sa relation au reste de l’esprit. Et la manifestation qu’il trouve la plus appropriée pour son propos est l’expérience vécue en première personne, l’expérience à laquelle est associée un ressenti qualitatif. Cette expérience « s’étend des sensations de couleurs les plus vives aux expériences des arômes les plus tenues, de la douleur la plus violente à l’expérience d’une pensée insaisissable que l’on a sur le bout de la langue, des sons et des odeurs les plus ordinaires à la grandeur envoûtante de l’expérience musicale,de la trivialité d’une démangeaison tenace à la profondeur de l’angoisse existencielle, de la spécificité du goût de la menthe poivrée à la généralité de l’expérience en soi. » (p.22) Le ressenti associé à ces expériences, connu sous le nom de qualité phénoménale ou quale, constitue pour David Chalmers le problème difficile de la conscience. Une fois parce qu’il s’agit de déterminer si ce ressenti est de nature physique ou s’il est seulement lié à des systèmes physiques. Une autre fois parce qu’il se pose la question de savoir comment ce qui est ressenti peut être compris par quelqu’un qui n’en a pas eu l’expérience. Son approche de l’esprit amène l’auteur à distinguer les états psychologiques, qui jouent un rôle dans la production et l’explication du comportement, des états phénoménaux,dont on a l’expérience. Et s’il admet qu’il peut y avoir un lien entre les deux états, qui peuvent même advenir ensemble, ce qui les distingue lui semble plus important. C’est que seuls les premiers peuvent être expliqués fonctionnellement, alors que pour les seconds une explication en termes physiqualistes est impossible. Ainsi, la croyance qu’il pleut peut être analysée comme le genre d’état produit quand il peut. Cet état en relation avec d’autres, comme le désir de ne pas être mouillé, conduit à adopter un comportement approprié. Mais le même type d’ analyse ne peut pas expliquer pourquoi l’activité de notre cerveau nous fait ressentir quelque chose plutôt que rien ou pourquoi elle nous fait ressentir ceci plutôt que cela. Le problème difficile concerne donc l’aspect phénoménal de la conscience et non pas son aspect psychologique. Il est vrai qu’en général les concepts mentaux mènent une double vie, ayant à la fois un composant phénoménal et un composant psychologique. Ainsi le concept d’apprentissage, qui peut être analysé comme l’adaptation de nos capacités comportementales en réponse à des stimulations environnementales, peut avoir une coloration phénoménale aussi. Au terme de douleur, utilisé pour nommer une espèce particulière de qualité phénoménale déplaisante, on peut également associer une notion psychologique, celle « d’un état qui tend à produire des dommages dans l’organisme, qui tend à produire des réactions d’aversion, et ainsi de suite. » (p.39) Là -dessus l’auteur tient à préciser que l’aperception d’une information, qui confère la capacité de contrôler le comportement en fonction de cette information, accompagne toujours la conscience phénoménale, alors que l’aperception, qui est psychologique, n’a pas besoin d’être accompagnée de conscience. Raison de plus pour résister à la tentation d’assimiler les deux composants. Et, ajoute-t-il, déterminer pourquoi la qualité phénoménale est présente et pourquoi l’état psychologique joue un rôle causal représentent de toute façon deux questions distinctes. L’auteur défend ainsi une forme de dualisme selon laquelle la matière possèderait des propriétés physiques et des propriétés mentales, ces dernières n’étant pas réductibles aux premières, dans le sens que les lois qui les gouvernent ne ressemblent pas complètement pas aux lois des autres domaines, elles ne sont pas physiques. Ce dualisme des propriétés, qu’on qualifie de physicalisme non réductible, fait de la conscience une entité à part entière, aussi fondamentale que l’espace, le temps ou la force gravitationnelle. L’édifice de sa complexe et subtile théorie de la conscience, l’auteur le fait porter au concept de survenance auquel il consacre tout le deuxième chapitre En quoi le concept de survenance est-il une pièce centrale de cet édifice? Tout d’abord, il évite à l’auteur d’identifier les états mentaux aux états physiques. Ensuite, il fournit un cadre dans lequel l’idée d’explication réductrice, dominante en sciences cognitives, peut être clarifiée. Enfin la force de la liaison de survenance, selon qu’elle est soutenue par la nécessité logique ou par la nécessité naturelle, est à même de déterminer le type de relation qui vaut dans un domaine et peut ne pas valoir dans un autre. La survenance est définie en général comme une relation entre des propriétés de niveau supérieur (de type B) et des propriétés de niveau inférieur (de type A) et, en fonction de l’interprétation de la notion de possibilité, elle est logique ou naturelle.¹ La survenance logique des propriétés de type B sur les propriétés de type A a lieu s’il n’existe pas deux situations identiques par leurs propriétés de type A, mais distinctes par leurs propriétés de type B. La survenance naturelle des propriétés de type B sur les proprietés de type A a lieu si deux deux situations naturellement possibles dotées des mêmes propriétés de type A ont les mêmes propriétés de type B. Selon l’explication dite réductrice tout ce qui se passe au niveau supérieur peut être élucidé, si nous savons assez sur ce qui se passe au niveau inférieur. Des concepts aussi divers que la reproduction, l’apprentissage, la chaleur peuvent de la sorte être interprétés fonctionnellement. Mais l’explication réductrice requiert une relation de survenance logique, ce qui fait qu’un concept contenant un élément phénoménal ne puisse être complètement expliqué. L’explication réductrice n’est donc pas la panacée de l’explication; elle fait défaut dans les domaines où la survenance logique ne vaut pas, soutient l’auteur Malgré tout, la survenance logique est dominante et son potentiel explicatif est fort. Et pour le démontrer, l’auteur convoque des arguments fondés sur la concevabilité, des considérations épistémologiques et l’analyse des concepts. 1.Un monde identique au nôtre en ses moindres faits microphysiques aura nécessairement la même structure et la même dynamique macroscopique que le nôtre. « Quand nous fixons tous les faits physiques du monde - y compris les faits relatifs à la distribution de la moindre des particules dans l’espace et le temps, - nous fixons aussi la forme géométrique macroscopique de tous les objets du monde, la manière dont ils se meuvent et fonctionnent, ainsi que la façon dont ils interagissent physiquement. S’il y a un kangourou dans ce monde, alors tout monde physiquement identique à ce monde contiendra un kangourou physiquement identique, et ce kangourou sera automatiquement vivant. »(p 64) Il est donc inconcevable que les faits physiques fluctuent indépendamment de leurs fondations physiques 2. Le problème est que dans le cas d’un monde physiquement identique au nôtre, les données externes ne nous permettent pas de savoir que nous sommes dans un monde plutôt que dans un autre. Autrement dit, les données externes, grâce auxquelles nous avons accès aux faits biologiques de notre monde, ne permettent pas de distinguer les possibilités. De même, nous ne pouvons pas accéder à la conscience d’un autre que nous, alors que nous n’avons pas de tels problèmes avec notre propre conscience. Enfin, les données externes ne nous donnent accès qu’aux régularités dans le monde, elle ne donnent pas accès aux lois sous-jacentes. Mais là on peut stipuler, dit l’auteur, que la base de survenance inclut non seulement les faits physiques particuliers, mais également les lois physiques. Reste que les probèmes épistémologiques ne se posent que dans les domaines où la survenance logique fait défaut. 3.L’analyse des concepts sous-entend qu’une personne disposant de tous les faits microphysiques, peut en principe connaître tous les faits de niveau supérieur, si elle possède les concepts de niveau supérieur concernés. A cet effet, la signification des concepts est représentée par des intensions , non par des défintions. C’est que l’intension en tant que fonction qui spécifie comment le concept s’applique à différentes situations est plus pertinente pour l’analyse. Concrètement, les intensions spécifient des propriétés structurelles ou phénoménales, ayant rapport à la structure interne de l’objet, et des propriétés fonctionnelles, qui concernent le rôle causal externe d’une entité, caractérisant son interaction avec d’autres entités. Le résultat de l’analyse conceptuelle n’est jamais parfait à cause de l’indétermination des concepts. Mais l’auteur pense que « Aussi longtemps que nous savons en vertu de quelle sorte de proprietés l’intension s’applique, nous en savons assez. » (p.123) Et de toute façon, la possibilițé d’une telle analyse prouve, selon lui, que les faits de niveau supérieur surviennent sur des faits microscopiques et sont explicables par réduction à des faits physique. Notes ¹ Une situation naturellement possible est une contrainte plus forte que la simple possibilité logique. Ainsi un univers sans gravitation ou un univers dont les constantes physiques fondamentales ont des valeurs différentes sont logiquement possibles et naturellement impossibles. Bibliographe Chalmers, David, L’Esprit Conscient, Éditions Ithaque, 2010 |
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