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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-11-26 | |
avant propos
Il y aurait-il toujours un trou à vider ou à remplir ? Toute notre vie, ne serait-elle qu’une lacune ou un excès de tout ? Ne sommes-nous pas tous et toujours sur la corde raide ? Dans la tension et l’attention (telle une vigilance animale), entre un manque à gagner, des opportunités manquées ou une surcharge insupportable, quasi inhumaine ? Entre une certaine abondance, parfois honteuse, et un constant sentiment de carence ? Adeptes inconditionnels du désordre organisé ou de la table rase, collectionneurs à la recherche du chaînon manquant, ou partisans obsessionnels du Feng shui…, selon les uns et les autres, la vie serait comme un grand vide ou comme un trop-plein, qu'il faut absolument remplir ou vider. Entre absence et présence, entre la pesanteur des causes et l’apesanteur des grâces, ne sommes-nous pas toujours en équilibre instable ? Avoir, savoir, pouvoir, devoir …, n’existeraient-ils que pour combler un déficit de quelque chose en nous, et plus fort que nous ? Ou pour nous permettre de garder précieusement ce que nous avons peur de perdre ? Entre avoir ou être, l’angoisse du vide et la peur du plein, du l’envahissement, la captation ou l’oblation …, ne sommes-nous pas tous le lieu même d’une osmose ? Entre notre nature animale et notre devenir humain, Telle est la béance que l'on voudrait remplir d'idées, d'enfants, de critiques ou de créations, de travaux divers, de relations ou autres traces laissées ? Ou alors, ne sommes-nous pas dans un trop, une désagréable farce qu'il nous faut absolument vider pour survivre ? Pour nous protéger de quelque chose, de quelque abus, ou pour se délester d’autre chose ? Pour évider l’évidence, faire le vide en soi ou pour se remplir de certitudes et de croyances ; fuir une certaine réalité, masquer les apparences, ou se vidanger comme on vide sa plume sur le papier ? (...) LE TROU Dès notre premier contact, sa problématique était exprimée sous la forme d’une question : « Avez-vous "un trou" dans votre agenda pour me recevoir ? » Adolescent, il aimait bien regarder par le trou de serrure les ablutions de ses sœurs; à vingt ans il buvait déjà comme un trou normand, entre les p’tits plats et les grands évènements. Il vivait dans un trou perdu, au fin fond des Ardennes, et sa vie était misérablement en creux. Sa dépression qui datait d’une trentaine d’années était une fondrière cahoteuse, son chemin de vie une route pleine d’ornières, sa poésie des trous de vers dans un gruyère de mots, ses différentes compagnes des nids de poules, et son corps retraité n’était plus qu’un terrain de golf à soixante-cinq trous. Pour aller droit obus, son existence ressemblait à "une fosse", un vrai champ de bataille, un entonnoir béant où la vie déversait ses excréments et ses excédents de manques. L’air de rien, il touchait le fond ! C’était le trou noir, le désespoir, il était dans une impasse, comme l’animal qui après avoir creusé une tanière pour se réfugier, ne pouvait plus s’en sortir. « Quand je rêve », disait-il, « je tombe dans un trou sans fin ... un véritable cauchemar qui dure depuis mes premières caries ! » Il sortait juste du gnouf après avoir purgé sa peine, pour un trou de plusieurs milliers de zéros dans la comptabilité de son employeur ; face au juge qui lui demandant ce qu’il avait fait de tout cet argent, il n’était plus qu’un immense trou de mémoire, un trou noir, tel un oubli incommensurable. Par trou il croyait entendre les orifices lui parler, comme des voix qui murmurent dans un trou de souffleur : « Tu n’es qu’un trou de balle » et lui pensait « je n’essuie qu’un trou du cul !» « ça me trouble ! » exprimait-il avec des larmes. Je ne voyais pas comment l’aider, tellement le problème semblait irrésoluble, autant chercher un trou d'aiguille dans un trou de foin, qu’une psychose dans la forêt Amazonienne ! Vide de mère, absence de père, on aurait pu penser que dans ce vide parental, il était comme le bouche-trou, celui qui remplit les lacunes affectives ; d'ailleurs, il disait souvent : « Mes relations ne sont que déchirures, je suis accroc ! » Depuis quelques années, il ne consultait plus, et je l’ai perdu de vue progressivement, comme un quai qui s’éloigne du bateau. Hier, il m’a sonné pour me donner les dernières nouvelles; il a une nouvelle compagne, charmante autant qu’aimante. Depuis sa lobotomie, il y a un an, il chante Gainsbourg, et ça lui met tout plein de joie au cœur ; adaptant les paroles du chanteur au trop-plein du moment : « J’étais un gars qu'on croise et qu'on ne regarde pas, au fond de sa cave en forme d’oubliette, je faisais des trous dans les coffrets et dans ma tête, des grands et des petits trous, encore des trous , toujours des trous…, parfois je rêve, je divague, je fantasme, je cauchemarde…, je vois vague, un bateau qui part ou qui vient me chercher pour me sortir de nulle part, de ce trou à raz de marées, où je faisais des fosses ; mais le bateau sen va, il se taille crayons, j'en ai marre, ma claque de ce cloaque vide ; mais je sais bien qu’un beau jour, ma princesse viendra boucher mes trous de malheur par un bonheur plus grand encore, j'en suis sûr, et je pourrais m'évader dans la nature pour remplir d’amour tous ces trous-là … » (...) |
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