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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-06-01 | |
illustration : "Chaos tellurique" une oeuvre d'André SLAMA
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui tout a paru, et sans lui rien n’a paru de ce qui est paru. En lui étaient la vie et la lumière des hommes.» (Jean – Prologue). Artiste ou pas, tout homme porte en lui "un logos poétique" Dans le champ du réel, chaque éclat de voix, chaque mouvement, rai de lumière ou tesson de mots, est un lieu de transfiguration, de transformation, un « lieu d'Epiphanie » (André Gence). Au commencement était le Logos, capable déjà d’impressionner l’œil, se jouant des toiles de l’espace, de la pellicule du temps, comme dans « La création d'Adam » de Michel-Ange sur le plafond de la Chapelle Sixtine. Le Verbe était déjà là , sur l'os gravé, couché de long en tubes, en pinceaux, dans la première boîte de pastels, les premières aquarelles..., mots à traits, pour rendre les choses visibles sensibles et les invisibles tangibles de l’intérieur. C’est-à -dire qu’en ces temps hors temps, la Parole était déjà la lumière du Monde et des hommes. Le lien entre l'écriture et la peinture est de l'ordre du Verbe, c'est à lire du lien ou du trait d'union. Ab origine, ad litteram, ab absurdo …, le bien démontre le mal, le désordre illustre l’ordre, l’ombre célèbre la lumière, le vide justifie le plein, la crête des ondes coïncide justement avec le creux des particules…, ainsi, « La lumière jaillira » pour ceux qui ont les yeux ouverts « Claire et blanche un matin / Brusquement devant moi / Quelque part en chemin / La lumière jaillira … Et de la voir si belle, je connaîtrai pourquoi j'avais tant besoin d'elle » (Jacques Brel) Car, comme les slams et les Slama, les ondes savent se faire poèmes (ou) et chansons, lumières et sons, traits pour rais, traces dans les nuits les plus bleues. Sang d’encre ou sèves d’acryliques, dès l’origine du trait rupestre jusqu’au sommet du rai Slamien, l’épreuve prouve toujours la réalité des choses : à coup de stylets ou de pinceaux, écrire ou peindre, c’est du pareil au même ! Encore et toujours essayer de percer les secrets des Univers ; ceux de notre humanitude, là où les trous noirs ressemblent à s’y méprendre à des tâches d’encre et de sens. Du Big Band au Big Crunch, retour à la case départ, la logique de l’histoire comme la dialectique du Principe, c’est que la peinture et l’écriture ont toujours à voir avec l'incarnation du Logos, Le Principe étant Lumière et Parole ! Ainsi, le verbe est entrée en matière, c'est-à -dire qu’en se faisant proton, photon, carnation, radius…, le Logos venait de plain-pied à la rencontre de l’Homme. Le Logos illuminateur, parole éternelle, pulsée, noire, blanche polarisée, acceptait de se livrer à nous, de se laisser faire « imaginaire » sous la forme diverse de calligraphie, mais aussi de rature, corpuscule, dispersion, propagation et plus encore. « Merhr licht !», cria-t-on dans la nuit des sens ! Qui ? Cria quoi ? Qui demanda quoi ? À qui ? Est-ce le grand Goethe lui-même qui réclama « plus de lumière » ou Faust, l’alchimiste, qui cria sur son lit de moribond, après quelques candélabres disponibles ou après quelques porteurs de lumière ? Dans la nuit des encres de Chine et le rougeoiement des sanguines, qui cria quoi ? Qui demanda à qui ? Qui appelle ? Le papier, la toile ou la couleur ? L’Esprit de l’art, témoigne de la vie et de la mort, de la relation, du mouvement et de l’être, du chemin à parcourir pour plus d’humanité, en quête d’une peinture absolue, là où la lumière qui « brille dans les ténèbres » et les ténèbres qui « ne l’ont pas saisie », se métamorphosent pour le meilleur et pour le pire, dans la transvaluation des opposés, en pleine transparence. Comme le peintre-plasticien incarne son dessin dans le Monde, le Logos incarne et révèle le Réel et son dessein éternel comme infini : Traits portraits, les artistes et les poètes sont ici-bas les témoins privilégiés de cette Lumière du Logos. Les jeux (de lumière) sont faits, feux et faits d’un flagrant délit d’obsession lumineuse, Slama se donne à voir et à lire des yeux dans les étoiles. Il y a « des lustres » que je connais cet artiste-là , ce porteur de flambeau, cet éclaireur d’outre-chemins ! Nous puisons semble-t-il, l’un et l’autre, à la même source d’éclairage, à la même pulsion de créer : André avec son pinceau et moi avec ma plume. Avec d’infinies possibilités d'éclairage pour réfléchir, certains préfèrent la cire des bougies à la puissance des spots et LED. Pour ma part, j’ai opté depuis bien des années pour le porteplume en guise de cierge de pèlerin, car la luminescence des mots comme celles des couleurs reflètent pareillement la lumière. Déjà dans sa période antérieure quelques transistors, micro-processeurs et autres composants électroniques égarés hors temps et hors lieu, étaient des lucioles comme mes poèmes sont des vers luisants, parce qu'il y a mille similitudes entre « peinture » et « écriture ». L’homme larvaire que l’on est, a besoin de voir, d’être saisi par les représentations ; afin de nous rendre présent au visible ainsi qu’à l’invisible, Slama se fait le porte-feu d’un regard bien personnel. Je reconnais bien là sa capacité d’impressionner l’œil comme les photons se jouent de la pellicule. Flots, torrents, rais et rayons, filets et reflets en peinture, font échos à l’écriture, en marche des marges, là où l’encre se fait lignes et traits. Ce nouveau luminariste pourrait-être un phare parmi les artistes contemporains, et l’un des plus fréquentables ! C’est justement dans la galerie d’art de la Maison Delcourt SA de Liège, fabricant et grossiste en matériel d’éclairage, que j’ai eu l’occasion d’interviewer André Slama pour la première fois il y aura bientôt 20 ans, devant la caméra de l’Icadi . On parlait à l’époque du « Bleu Slama » comme d'autres parlent du « bleu de Chartres », « des nymphéas » de l’un, ou de la « madeleine » de l’autre, des références pour une référence ! Slama dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut ! Pour reprendre plusieurs titres de l’un de mes auteurs préférés, l’académicien François Cheng, la lumière fuse entre « vide et plein » ; de « l’un vers l’autre », « à l’Orient de tout », dans « le vide médian », « souffle-esprit », de vide en vide, calligraphie des raies, « entre source et nuage », là où « le souffle devient signe », où la lumière prend chair et couleur à travers le prisme de l’œil. Quand l’Esprit guide la main, « L’éternité n’est pas de trop », la main accompagne l’Esprit dans la courbe de l’espace-temps. « Dixitque Slama fiat lux et facta est lux », Slama ne produit pas de la lumière comme une vulgaire dynamo, l’un de ces dérisoires générateurs …, il est un initiateur, peintre de la nitescence, entre l’illumination et la nuit des sens éclairés, il écrit, il écrit l’éclat comme on écrit une Icône, car il est un fin limier, c'est-à -dire un chercheur de limites ; entre ses ciels bleus d’hier et ses rayons d'aujourd'hui, c’est l’invisible dans le visible qui se donne à percevoir ! En maître d’un espace limite à la frange de la vraie lumière, Slama est un authentique Stalker de la pénombre, et du clair-obscur, un guide, qui sait nous conduire sur la trame de ses toiles, au pays des lumières plurielles. C.Q.F.D. Lumen - Django qui chantent ! Des lumières comme on n’en fait plus depuis la nuit des temps, et qui toujours ravissent les regards, jazzent d’envies d’illuminer plus encore, plus loin, swinguent d’en faire plus, toujours plus, pour s’épandre davantage dans les rayures de la transparence. Roland Reumond |
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