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« Le grossier International rejoint le grossier national »
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Entrevue de Miron Manega avec Dan Puric

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par [Lyria ]

2010-01-26  |     | 



Entrevue avec Dan Puric :

« Le grossier International rejoint le grossier national »

De Miron Manega

Dan Puric, surnommé par les chinois le « Grand Muet », dont l'expressivité éblouissante ennoblit le vieil art du pantomime, est un interlocuteur extrêmement nuancé, sur le fond d’une pensée surprenante et complexe. Plus que toute opinion externe, ce sont ces propres faits et ses propres mots qui le définissent.
Cette formidable locomotive d’image de la Roumanie n’ayant aucun problème du côté de la performance, en en a pour toucher à ses droits de retribution. Heureusement pour nous mais malheureusement pour les promulgateurs de la pseudo-culture, Dan Puric est encore jeune et fort et tellement motivé dans ce qu’il fait. Il mène seul sa bataille pour la promotion de la « marque Roumanie » pourtant il n’est pas pris en compte dans les projets de MCC.

« Le capitalisme de caverne n’a pas besoin de culture »

Une entrevue avec Dan Puric, si on se trouve sur sa fréquence d’émission, devient, fatalement et heureusement, une troublante maïeutique sur les vérités fondamentales de notre monde, vue de la planche de la scène où il œuvre.
"Lorsqu’on fait du bien pour son pays- dit-il- il n’y a pas de reconnaissance". C’est comme dans une caricature d’un journal français : un enfant dans les bras de sa mère, tombe dans la rivière. Un jeune, prend tous les risques pour lui sauver la vie. Sans remercier, la mère se met à raconter : tiens, c’est ce qu’il m’arrive après 20 ans, avec les autorités roumaines : on me questionne sur le basque et l’on me paye la diurne après mon retour de l’étranger. Et surtout on me dit m’avoir fait la faveur de me laisser partir jouer au Théâtre Royal de l’Angleterre. »
Vous êtes-vous déjà rapporté la dimension économique de l’acte de création artistique que vous êtes en train de commettre ?
Avant tout il faut passer en revue le changement de contexte historique. Evidemment, après 1989, le théâtre, l’art en général, a fonctionné selon les exigences du ghetto néo-communiste : comme institution de survie. L’élément de vie était nul. Dans ce sens, il faut penser à deux étapes : avant 1989 et après 1989. Avant, le destin du professionnalisme et de la valeur était celui de monopole idéologique. Le pouvoir politique étant mono Céphale, on saisit les valeurs pour se légitimer à travers eux, les employer à des fins idéologiques, propagandistes, dans l'idée de nationalisme communiste ou tout simplement de communisme.
Le nationalisme communiste n’est pas lui une aberration? Car on le sait, l’essence du communisme est cosmopolite, internationaliste, mais le nationalisme tient plutôt des doctrines de droite.
Les inventeurs du communisme l’ont fait, au départ, internationaliste. Par la suite le jouet s’est détraqué, en arrivant au nationalisme de type communiste, qui est différent du nationalisme chrétien- orthodoxe ou de type maçonnique.
Donc le nationalisme de parti et d’état.
Ici la condition de l’artiste était celle d’artiste asservi au régime. Un peu de liberté il y avait dans le domaine du divertissement mais bien censuré. Ça ne veut pas dire que l’on ne produisait pas des œuvres d’art, parfois même dans la zone de censure. Lorsque le mur est tombé en 1989 nous sommes rentrés dans le néo-communisme. Ceux qui ont pris le pouvoir après la chute de Ceausescu, n’avaient plus besoin de l’art pour leur propagande. Les valeurs ont été mises de côté, la culture ne présentant pas d’intérêt pour le nouveau capitalisme de caverne avec ses politiques corrompues.
Alors c’est produit un contre phénomène tenant de l’anthropologie culturelle : toute la pseudo-culture de l’avant 1989, tout ce qui avait de mauvaise qualité ( ainsi certaines nombreuses productions dans « Chanter la Roumanie ») est surgie et s’est cristallisé en créant son marché de non valeurs.
- Celle de l’amateurisme?
- Non, pas celle-là, parce que l’amateurisme est pourtant une étape par laquelle toute artiste y passe dans sa voie de développement et je n’en fais pas exception. Mais il s’agit d’un marché de la non-culture.
- Décrivez ce que vous entendez par non-culture.
- Promiscuité, pornographie, kitsch.
- Qu’est-il arrivé des valeurs culturelles ? Comment elles survivent ?
- Comme je disais, nos politiques- les vagabonds politiques en fait, les corrompus- n’avaient plus besoin de se légitimer à travers l’art. Alors les grands artistes, déçus et déprimés se sont isolés dans institutions budgétaires, avec économies primitives où tout le monde est égal. Plus exactement dans la zone de subsistance économique. Mais dans les médias on promouvait des personnes de qualité douteuse sous tous les aspects.
- Est la Roumanie entièrement coupable pour ce qui arrive dans cet espace de la culture ?
- On ne peut pas tout jeter sur le dos de la Roumanie car le processus de « grossièrement » est international. Il se propage par les médias dans des émissions cultivant l’instinct primaire de l’homme. Le grossier international a pris la main du grossier national. Mais il s’agit aussi du problème de l’anthropologie culturale : les politiques et les leaders économiques sont responsables du niveau culturel d’un pays. Chez nous, ces chefs agréent la culture de type « manele » (mouvement sous-culturel dégénéré de l’art gitane suburbain, promouvant la vulgarité et le manque de respecte envers toute valeur) Je n’ai rien de personnel contre les « manélistes » car le problème ne réside pas dans leur apparition dans le paysage social, mais dans la fréquence à laquelle la mauvaise qualité est diffusée à la télévision où la moquerie a pris la place de l’humour.
« Après 20 ans d’abêtissement, la qualité est rejetée. »
- Quelle est, en fait la différence entre moquerie et humour ?
- Avant ’89, des artistes comme Toma Caragiu, Amza Pelea et beaucoup d’autres pratiquaient l’humour qui est une valeur de l’intelligence. Ainsi tout acte artistique- comme le dit Heidegger- l’humour te fait sortir de la routine. Chez nous il a été une arme de défense et de résistance. L’humour a des dimensions sacrées, par rapport à la moquerie qui désacralise tout. La moquerie est de genre athéiste néantisé, elle se moque de toute valeur et de tout repère. Ce système de démolition des valeurs, appartenant au petit individu, s’avança et commença à créer en série toujours ce genre de divertissement, en invoquant l’audience auprès du public. Mais cela est faux tant qu’on exclut l’alternative.
- Les séries, sont-elles incluses dans cette catégorie ?
- Les séries sont plutôt pour le 3e monde. Elles sont nocives même pour les acteurs qui en jouent. Je ne veux pas toucher à mes collègues. Pauvres eux n’ont pas trop d’occasions à pratiquer leur métier. Alors ils sont heureux de jouer dans des séries, parmi des amateurs. C’est pareil un chirurgien ayant comme aide un brancardier surtout avec des mains sales. L’infection survint à l’instant. Par analogie, voyons qu’est qu’il arrive à un acteur pratiquant longtemps entre des amateurs : ses acquis affaiblissent en se contaminant peu à peu d’amateurisme. En retournant à la non-culture au sens large, ses effets sont désastreuses à la longue pour tous les consommateurs. Cette nourriture « synthétique » a une agressivité croissante en plus d’être une question de chantage presque. Après 20 ans d’abêtissement, si ton offre est la qualité, il est rejeté car la dépendance de l’opposé s’est déjà instaurée. Comme il dit Socrate : le marché est plein de choses dont nous n’avons pas besoin. Maintenant les consommateurs ont de faux besoins, de fausses motivations.
« On a fait de la culture un sort de réservation »
-Vous parliez d’alternatives. Certaines télévisions ont des émissions culturelles.
-Ce n’est que mimer l’alternative. Je parle de TVR Cultural ou de TVR International qui sont de catastrophes. Eux, les pauvres, ne comprennent pas l’acte de culture comme organisme plein de vitalité et ils ne savent pas y travailler. Ils ont fait de la culture un sort de réservation, un musée. La culture veut dire coefficient de pouvoir national. Regardons les pays développés. Chez eux il y a aussi une bataille entre les structures de marché et celles culturelles. Pourtant, à l’exception de quelques canaux super élitistes comme par exemple « Mezzo », ils réussissent de gérer intelligemment le potentiel culturel avec ses performances en les insérant parmi les autres émissions de télévision, le résultat étant un meilleur fonctionnement que de les isoler uniquement sur un canal spécialisé. Chez nous les émissions culturelles sont gelées et conventionnelles…
-Ainsi une commémoration
-Exactement. Et alors, l’homme de culture, l’artiste, qui est toujours vivant, n’a plus d’accueil : il refuse le « musée » et il est refusé de l’autre côté.
-Vous êtes-vous confronté à telle situation ?
-Bien sûr, j’ai filmé à BBC, à RTL, en Angleterre, en France et partout où j’ai présenté mes spectacles de pantomime. En Roumanie je ne suis entré dans aucun siège de télévision. Personne, même pas la télévision roumaine ne m’a accueillit. Je relate un fait, je ne me plains pas.
- Peut-être vous n’avez pas suffisamment insisté…
- Mais oui, je me suis inscris même au concours de scénarios. Mais, vous voyez, ils me considèrent toujours un « out-sider », donc je ne suis pas passé. Ils ont préféré leurs saletés de douzaine illustrant parfaitement leur nature inférieure. Parce que les natures supérieures sont responsables. Prenons exemple sur quelqu’un qui devient le directeur d’un théâtre national ou d’une télévision nationale. Il est responsable envers la nation concernée. Dans sa stratégie il doit compter toute l’exigence majeure de l’intérêt national.
« Il y a deux couloirs à courir dans la direction du cimetière. »
-Quelle stratégie culturelle devrait-on appliquer en Roumanie ?
- La politique de la certitude. Je ne fais pas d’exercices socratiques sur ma mère. D’autre côté, comment faire d’exercice de démocratie dans les valeurs nationales, en plaçant Madalina Manole à côté de Noica ou d’Eminescu ? Henri Coanda disait que nous avions tellement de génies que nous pouvions en prêter aux autres. C’est une certitude. Et les certitudes commencent par la conscience. Jadis je m’étonnai fort lorsqu’un secrétaire littéraire de Iasi me dit qu’Éminescu fut aussi poète. Comment ça, « aussi poète » ?-demandais-je intrigué. « Mais oui, car d’abord il était une conscience ». Voila, une affirmation pesant toute « L’Histoire de la littérature » de George Calinescu.
- Quelles sont les perspectives de sortie de la situation actuelle ?
- Savez-vous quel coefficient d’intelligence et de talent a-t-il ce peuple ? Je vous prie de me croire car j’en parle en toute connaissance, dans deux semaines la Télévision Roumanie pourrait devenir, dans le divertissement, la plus performante du monde. Ce qui, évidemment, ne va pas se passer par faute de la dictature de la non-valeur. Mais une génération bien munie génétiquement va s’élever contre ces requins, en leur causant de sérieux défis d’ici 10-15 ans. C’est ainsi, dans la culture dépôts sont lentes. Surtout que maintenant l’ancienne école de théâtre est détruite au profit des petites Académies de théâtre poussant comme les champignons et produisant des comédiens moindrement formés et sans réelles perspectives… Au présent il y a deux couloirs à courir dans la direction du cimetière : les retraités, des morts vivants, et les jeunes, déjà retraités.
- Il y a l’alternative de l’immigration…
- Oui. En fait on parle ici de la crise de nos jeunes : parmi dix individus, neuf prennent la voie de l’étrangère non forcement par manque d’argent mais plutôt par manque de possibilité de se manifester. Cette crise du potentiel n’ayant pas de place pour se manifester a été favorisée par les non-valeurs responsables de Roumanie, qui ne se questionne même pas au sujet de ce qu’ils font les jeunes après avoir fini leurs études. Puis leur réaction, celle de partir, est le corolaire de la réplique du renard dans « Le petit prince » : « Si tu veux que je sois ton ami tu dois m’apprivoiser et m’instruire. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. »
- Finalement, y a-t-il une solution de survie?
- Pour la survie, nous, comme peuple, nous devons nous isoler dans les montagnes- c’est à dire dans la culture. Sinon nous serons les victimes des gorilles en jeep.

Traduction: Lidia Ureche


Texte original



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