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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-08-20 | |
Photo : Monastère Golia à Iasi, dans l'enceinte duquel se situe Radio Trinitas.
"C’est la première fois que je visite la Roumanie, et je suis très heureuse d’être à Iasi. J’ai découvert cette ville grâce à l’émission culturelle « Double Je » de Bernard Pivot, réalisée il y a un an en collaboration avec le Centre Culturel Français de Iasi. Cette émission de grande qualité contribue à faire connaître la francophonie. Iasi est une véritable capitale culturelle, et l’émission nous présentait certains aspects majeurs de la vie culturelle et intellectuelle de cette ville : la bibliothèque universitaire avec le professeur Calinescu, le cinéma, avec Alex Leo Serban, dans les anciens Bains Turcs, la télévision régionale avec Wanda Condurache, les éditions Polirom avec Lidia Ciocoiu. Je suis moi-même une ardente partisane de la francophonie, et très amoureuse de la Roumanie. J’aime particulièrement l’œuvre poétique de Lucian Blaga qui reste un de mes poètes préférés. A Iasi, je peux également mesurer l’intensité de la vie culturelle et étudiante. Je remarque d’ailleurs l’étendue de la zone étudiante dans le périmètre de la ville elle-même. Les bâtiments de l’université sont magnifiques, rénovés et de grande ampleur. J’ai visité un certain nombre de lieux culturels symboliques de Iasi : la casa Pogor, la "bojdeuca" Ion Creanga, et bien-sûr je me suis arrêtée devant le tilleul d’Eminescu (teiul lui Eminescu). Sans oublier le Palais de la Culture, aux collections impressionnantes et à l’architecture imposante. Dans ces visites, j’ai été très sensible aux conditions de conservation difficile, aux moyens pécuniaires extrêmement limités, et je rends hommage au dévouement des personnels qui en ont la charge. J’ai rencontré des gens au savoir indiscutable, des intellectuels brillants et de haut rang, qui se sacrifient pour sauvegarder la culture et l’intellectualité roumaine, avec un grand courage au quotidien, emplis de pugnacité et de ténacité. Car c’est là une véritable FOI que ce dévouement pour la culture, malgré le peu de moyens dont elle bénéficie. (Iasi : Palais de la Culture, photo : Angela Furtuna) Iasi : le tilleul d’Eminescu (teiul lui Eminescu) C’est en Roumanie que j’ai abordé de fait la religion orthodoxe. Le premier monastère que j’ai visité à Iasi est le monastère Golia. Par rapport à nos églises catholiques, la superficie au sol est restreinte, il s’agit plus d’un quadrilatère, en forme de croix grecque, selon un schéma traditionnel, le "plan trilobé": autel, naos et pronaos. (*) Et quelle splendeur que ces murs peints, ces icônes précieuses où se mêlent l’or et l’argent! La première messe à laquelle j’ai assisté fut au monastère des Trois Hiérarques («Sfintii trei Ierarchi»). Les hommes et les femmes assistent à l’office chacun d’un côté. Prosternation et vénération des icônes, chants uniquement psalmodiés par des voix d’hommes – il n’y a aucune musique liturgique, aucun orgue- témoignent d’une religiosité profonde. La religion orthodoxe en Roumanie est vivante. Le rapport au sacré est un refuge pour beaucoup en même temps qu’un soutien réel. A l’église Métropolite (la cathédrale orthodoxe), la ferveur se manifeste aussi dans le culte rendu à Sainte Parascheva, dont les reliques se trouvent dans l’église. (Eglise Métropolite de Iasi, reliques de Sainte Parascheva. Photo : Angela Furtuna ) (Monastère Golia , Iasi) La Moldavie et la Bucovine sont de hauts lieux de tradition spirituelle et religieuse. A Iasi, les églises et les monastères abondent dans la ville même. A Suceava, en Bucovine, l’église du monastère « Sf Ioan cel Nou de Suceava » abrite également les reliques du Saint, et un prêtre bénit sans cesse, jour et nuit, les fidèles, à côté du tombeau du grand saint patron. Dans une autre église, « Sf Dumitru », magnifiquement restaurée, et qui possède de nos jours la meilleure peinture murale intérieure de Moldavie, le vieil homme qui en a la garde nous commente ces peintures ainsi que les difficiles étapes des neuf années de restauration, avec une grande émotion et une grande culture. (Suceava : Biserica Sf Dumitru, photo : Angela Furtuna) (Dragomirna : Missel enluminé) Au monastère Dragomirna, où repose depuis des siècles le grand Métropolite de Moldavie, Anastasie Crimca, situé à huit kilomètres de la ville dans une campagne verdoyante, la sœur Filofteia nous décrit l’architecture – véritable dentelle de pierre- ainsi que les peintures, dans un excellent français. Cependant, le seul aspect touristique ne saurait éclipser l’aspect spirituel et culturel de ces lieux. Ce sont de véritables chef-d’œuvres qui sont présentés là : des icônes, des objets d’art religieux : coupes, croix sculptées en ébène, des psautiers, des missels aux riches enluminures, des étoffes précieuses, habits en soie rehaussés de broderies de fils d’or et d’argent. Un véritable patrimoine sacré qui a sa place dans la culture européenne, et par ailleurs reconnu par l’UNESCO, qui l’a inscrit dans le patrimoine universel." Nicole Pottier. (*) «De manière générale, une église orthodoxe comporte un aménagement très codifié et qui comprend une série d'éléments et de dispositions dont la plus caractéristique est certainement la grande paroi ornée appelée Iconostase et qui sépare la nef du sanctuaire, et bien entendu les icônes. L'aménagement intègre les différentes fonctions et lieux de l'église en exploitant d'une manière convaincante les potentialités du bâtiment existant. La nef trouve place sous le lanterneau central. Les parois sont revêtus de mosaïque en pâte de verre bleue, qui rappellent les mosaïques des édifices anciens (Saint Marc de Venise pour ne citer qu'un exemple) et la couleur bleue utilisée dans certaines églises roumaines. La lumière naturelle du lanterneau illustre la présence du ciel et la verticalité propre à la spiritualité alors que le bleu intense des mosaïques et l'or des icônes parlent de l'intériorité et de la profondeur de la Foi. » www.athenaeum.ch |
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