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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-07-07 | |
Dossier de Presse :
ÉDITORIAL DU PROGRAMME DU FESTIVAL Après notre premier Festival créé avec la complicité de Thomas Ostermeier, voici le 59e Festival d’Avignon que nous avons imaginé en compagnie de Jan Fabre, inspirés par ses œuvres et par nos longues conversations à Anvers et Avignon. Ainsi chaque année, nous vous proposons de venir voyager sur un territoire artistique différent. La 60e édition en 2006 s’inventera avec Josef Nadj et la suivante avec Frédéric Fisbach. Jan Fabre est un artiste qui ne cesse de questionner la vitalité de l’être humain, et d’interroger la place de l’art et de l’artiste dans notre monde. Il est un poète qui explore, jusque dans ses limites, son corps, son âme, ses visions. Nourri par l’histoire de l’art, des peintres primitifs flamands à Marcel Duchamp, du théâtre grec à Antonin Artaud, il s’exprime aussi bien par le dessin, la sculpture, l’écriture et l’art de la scène où se mêlent dans le corps des interprètes le théâtre et la danse. Il crée, nuit et jour, des pièces poétiques, sensibles, extrêmes, et drôles. Ses œuvres, si différentes selon leur forme, nous ont émus, fait rire, troublés, voire dérangés, mais elles nous touchent toujours par cette énergie débordante et vitale empreinte d’un esprit libre venue de l’enfance et du carnaval. Nous avons convié à ce festival de nombreux poètes de la scène. Ils interrogent, à travers leurs créations, notre qualité d’être humain dans sa dimension spirituelle et animale. Ces artistes interpellent la relation que nous entretenons avec notre corps, nos rêves et nos fantasmes, notre rapport à la beauté mais aussi à la violence qui parfois cohabitent en nous, notre rapport à la science, à nos limites et à la loi, notre besoin de croire et d’aimer. Ils nous entraînent à penser notre humanité d’aujourd’hui et imaginer celle de demain. En sondant leur intimité ils affirment la possibilité de trouver quelque chose qui s’apparenterait à l’universel ou au sacré pour, peut-être, réenchanter le monde. En quête d’utopies, ces poètes recherchent aussi de nouvelles formes théâtrales pour transcender leur paysage intérieur, leur vision du monde et les partager dans l’espace et le temps de la représentation. Le corps et le verbe sont les matériaux premiers de ces artistes de théâtre et de danse qui conçoivent souvent leur création de façon globale et nourrissent leur langage d’autres formes d’arts – cinéma, arts plastiques, musique, performances – effaçant parfois la frontière entre les genres. Pour vous permettre de mieux rencontrer leur œuvre nous présentons parfois plusieurs spectacles ou formes d’un même créateur. Ces propositions sont enrichies également par les programmes inventés avec nos partenaires France Culture, Sacd, le Cinéma Utopia, l’Adami, les cycles de musiques sacrées. Nous avons voulu qu’Avignon soit encore et toujours un festival de création et de découvertes. Plus de quatre cinquième des spectacles n’existaient pas au moment où nous les avons choisis, et plus de la moitié seront créés en juillet à Avignon. Nous vous convions à venir les découvrir pour vivre cette expérience si singulière et toujours nouvelle d’être spectateur. Forts de la générosité, de la créativité et de la vitalité des artistes que nous avons invités, nous parions que ces nouvelles pièces sauront éveiller vos sens, faire appel à votre imagination et, nous l’espérons, vous questionner et vous émouvoir. Le Festival est aussi depuis longtemps un lieu de rassemblement et de réflexion de la profession du spectacle vivant. Il a été en juillet 2004 un lieu de discussion sur la place de l’art, sur les conditions de la réalisation, sur les politiques culturelles. L’ensemble des acteurs professionnels et politiques s’est réuni avec le public pour se parler, s’écouter et tenter de se comprendre. Mais nos préoccupations sur les questions sociales qui ont secoué notre secteur reste entières, et nous sommes concernés par l’évolution du dossier de l’assurance chômage des artistes et techniciens du spectacle. Que se soit par une nouvelle négociation des partenaires sociaux ou, à défaut, par une loi, il est nécessaire et urgent de confirmer un nouvel accord qui garantisse la pérennité du système d’assurance chômage, dans la solidarité interprofessionnelle. Nous souhaitons qu’il permette de rebâtir un système adapté aux spécificités de nos métiers pour que cesse la fragilisation d’une partie des artistes et des techniciens. Des lectures du matin aux surprises de la Vingt-cinquième heure, en passant par les spectacles de l’après-midi et du soir, c’est à vous maintenant de dessiner votre propre parcours. Comme venir à Avignon, c’est non seulement vivre une expérience de spectateur mais encore la partager, vous (re)trouverez les nombreuses possibilités de rencontres et discussions avec les artistes et avec des penseurs. Nous publierons au début du Festival “le guide du spectateur” avec son agenda de toutes les manifestations organisées autour des spectacles. Deux nouveaux lieux sont utilisés cette année : le gymnase du lycée René-Char et le parc du Château de Saumane. Comme pour la carrière de Boulbon, vous pourrez y accéder en empruntant des navettes gratuites et trouverez sur place de quoi vous restaurer. Nous vous attendons à Avignon, car nous avons rêvé et construit ce Festival, à vous de le faire vivre. Hortense Archambault et Vincent Baudriller Directeurs Avignon, avril 2005 *** ENTRETIEN AVEC VINCENT BAUDRILLER ET HORTENSE ARCHAMBAULT COMMENT AVEZ-VOUS CONÇU LE PROGRAMME DE CTTE 59E ÉDITION DU FESTIVAL D’AVIGNON? Vincent Baudriller C’est la seconde étape du projet que nous avons proposé pour le Festival d’Avignon qui se veut une réponse à la grande et exigeante disponibilité des spectateurs, qui viennent pendant quelques jours vivre leur passion pour les arts de la scène, en faisant du Festival un lieu de découverte, de curiosité. Nous voulons les accompagner, dans le parcours qu’ils ont choisi de faire parmi nos propositions. Ce projet repose sur deux idées principales : d’une part donner à chaque artiste invité la possibilité de faire découvrir son travail à travers une ou plusieurs créations, et parfois des expositions, des films, des lectures, et d’autre part essayer d’inventer la programmation à partir des désirs et des questionnements issus des discussions que nous avons avec l’artiste associé. Hortense Archambault Nous avons été confortés dans notre démarche par ce qui s’est passé l’été dernier. La curiosité du public ne s’est pas démentie pendant la durée du Festival et c’est avec un grand appétit que les spectateurs se sont emparés des propositions que nous avons faites. Les artistes invités ont aussi manifesté une grande générosité face à ces désirs du public. VB L’an dernier le projet proposé avec les artistes français et européens a en effet rencontré un large public, le même nombre de spectateurs qu’en 2002, avec une forte augmentation des jeunes spectateurs, ce qui est un signe d’encouragement pour l’avenir. Ils ont fréquenté assidûment non seulement les spectacles proposés mais aussi les rencontres, les débats, et même les conférences de presse avec les artistes à 11 h du matin (désormais ouvertes au public) jusqu’à la Vingt-cinquième heure à 1 h du matin, qui continuera cette année à ouvrir des espaces de tentatives à des artistes, en passant par le “Théâtre des idées” à 15 h. Tout cela témoignait pour nous d’une réelle envie du public de vivre et de partager le Festival. Cette réponse nous encourage donc à poursuivre cette année notre démarche avec un nouvel artiste associé : Jan Fabre. Avec Thomas Ostermeier l’an dernier, la question de la mise en scène et du metteur en scène dans son rapport avec les acteurs, et souvent la troupe, avec les auteurs, à la dramaturgie et à la scénographie a traversé le Festival. Cette année avec Jan Fabre, nous mettons en avant des artistes singuliers dans leur rapport poétique à la création, dans la part de l’intime qu’ils exposent sur les plateaux dans leurs créations à travers les corps et les mots qu’ils associent à leur démarche personnelle. HA Il s’agit en effet d’aller chaque année sur des territoires artistiques différents avec donc, de notre part, des propositions différentes, non pas pour faire des comparaisons mais pour montrer la diversité de la création artistique et la diversité de la recherche dans le domaine théâtral. CETTE DIVERSITÉ EST-ELLE UNE DIVERSITÉ SUR LES FORMES OU SUR LE FOND MÊME DE LA PRATIQUE THÉÂTRALE ? VB Le Festival 2005, comme le Festival 2004, présente une grande diversité de propositions tant dans les formes que sur la nature des œuvres présentées. Les deux sont indissociables. Les propositions sont très contrastées et permettent aux spectateurs d’envisager un parcours très riche à travers cette diversité, tant dans un répertoire dit classique, Hamlet ou La Mort de Danton, que dans des écritures plus contemporaines, avec Olivier Py, Pascal Rambert, Romeo Castellucci par exemple ou l’écriture chorégraphique de Mathilde Monnier et de Wim Vandekeybus. Mais cette diversité n’empêche pas que tous ces artistes se retrouvent autour d’un questionnement sur l’homme, sur le rapport qu’il entretient avec la communauté d’êtres humains qui l’entoure, sur le besoin d’amour par exemple. Au final on parle toujours de l’homme dans le monde et comme ce sont des artistes qui en parlent, ils cherchent toujours les formes, les mots, les corps, les images qui vont permettre d’exprimer ces questionnements sur la place de l’humain dans le monde. Mais chaque artiste aura un langage singulier pour atteindre chaque spectateur dans les salles, pour faire ce voyage avec lui dans l’intime et pour tenter de partager les émotions résultant de ce cheminement commun. VOUS PARLEZ DE LA DÉMARCHE INDIVIDUELLE DES ARTISTES, MAIS N’Y A-T-IL PAS AUSSI UNE DÉMARCHE COLLECTIVE DANS LE SENS OÙ CES ARTISTES SONT ENTOURÉS DE COLLABORATEURS ARTISTIQUES TRÈS FIDÈLES AVEC QUI ILS MÈNENT, SOUVENT DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, LEURS RECHERCHES ET LEURS TRAVAUX ? HA Il pourrait sembler contradictoire de parler à la fois d’un artiste, qui cherche, à travers ses propres visions, à exprimer et à transcender son intimité par la représentation, et d’une démarche collective. En fait il s’agit d’une fausse contradiction car ces artistes ont besoin de s’entourer de personnes qui sont au service de leur recherche formelle pour traduire leur imaginaire. Il y a une complicité nécessaire entre tous pour faire de l’intime un sujet universel. VB Il y a des complicités si anciennes qu’elles composent immédiatement un univers très fort et commun sur les projets. Que ce soit la Coopérative 326 de Jean Lambert-wild et Jean-Luc Therminarias, le Groupov de Jacques Delcuvellerie, les tandems Olivier Py et Pierre-André Weitz, Krzysztof Warlikokovski et Malgorzata Szczesniak, nous avons là des exemples de collaboration très forte. Ces artistes proposent des formes d’organisation au service de leur art, comme des utopies. Jan Fabre a constitué une structure de fonctionnement à l’image de sa créativité : avec une équipe pour ses activités dans le domaine des arts plastiques (Angelos), une pour sa revue janus, une pour les arts vivants (Troubleyn) et un laboratoire de recherches ; tout cela réuni dans un même lieu à Anvers. Hubert Colas a créé avec le musicien Jean-Luc Montera la structure montévidéo à Marseille. Il s’agit donc le plus souvent de trouver des organisations collectives différentes, dans ou hors les institutions, pour mener à bien les créations poétiques qui sont la marque de ces artistes. JAN FABRE, L’ARTISTE ASSOCIÉ CETTE ANNÉE, EST PLUTÔT CONSIDÉRÉ EN FRANCE COMME UN CHORÉGRAPHE, ALORS QUE DANS SON PAYS D’ORIGINE ET DANS BEAUCOUP D’AUTRES PAYS EUROPÉENS, IL APPARAÎT AUTANT COMME UN HOMME DE THÉÂTRE OU UN PLASTICIEN… COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS CELA ? VB En fait Jan Fabre est un artiste et un poète qui tente en permanence, à travers ses créations diverses, d’exprimer ses visions intimes, ses interrogations sur les mystères de la vie, sur les mystères du corps. Ces questionnements, sur lesquels il revient sans cesse, sont présentés de façons très différentes. À la fois à travers un travail de plasticien mais aussi en utilisant les arts vivants. Dans chaque champ d’expression il va travailler de façon différente bien sûr, utilisant de grandes fresques théâtrales et chorégraphiques qui mêlent les mots et les corps, comme celles présentées dans la Cour d’honneur, ou des formes plus théâtrales au sens classique comme ce qui sera représenté au Théâtre municipal et qui a été écrit pour un acteur, un travail sur l’art et la figure du clown. La force de cet artiste est telle que nous avons voulu qu’il puisse présenter son œuvre dans toute sa diversité. HA Ainsi le corps, très présent dans son œuvre scénique est très en retrait dans beaucoup de ses œuvres plastiques, comme pour les fameuses “robes” constituées de centaines de carapaces de scarabées, où l’absence du corps raconte aussi quelque chose sur la vie, la mort et l’esprit de l’homme. On a donc du mal à appréhender la totalité de l’œuvre, et on a tendance à faire des catégories, à isoler chaque pratique. C’est la raison pour laquelle nous voulons unir et ouvrir cette œuvre pour que le public la ressente dans sa globalité et ses différences. VB Mais il n’y a pas que lui qui mêle étroitement sur un plateau des pratiques différentes. Romeo Castellucci, qui a étudié les arts plastiques avant de devenir metteur en scène, en est un autre exemple remarquable, qui convoque sur le plateau des corps et des images avec une telle puissance que l’imaginaire du spectateur est totalement mobilisé pour établir une relation sensible et intime entre l’œuvre et son destinataire. LA PLUPART DES ARTISTES INVITÉS INSISTENT SUR LE LIEN TRÈS ÉTROIT QU’ILS VEULENT ENTRETENIR AVEC CHAQUE SPECTATEUR, ROMEO CASTELLUCCI ALLANT JUSQU’À DIRE QUE LE VÉRITABLE HÉROS TRAGIQUE DANS SA “TRAGEDIA ENDOGONIDIA” EST JUSTEMENT LE SPECTATEUR. LE PUBLIC EST-IL INVITÉ À NE PAS ÊTRE CONSOMMATEUR D’ŒUVRES ARTISTIQUES MAIS PARTENAIRE AGISSANT PENDANT CE FESTIVAL ? VB Pour nous, en effet, le spectateur, pour reprendre une partie de la formulation de Romeo Castellucci, est le héros du Festival car il va être traversé par les œuvres présentées, ému, troublé parfois, perturbé parfois, et peut-être différent à la fin des représentations. Nous sommes au service de ce lien étroit qui doit se tisser entre le spectateur et l’œuvre. C’est pour cela que dans l’espace et dans le temps du Festival, nous souhaitons proposer au spectateur des clés pour mieux rencontrer l’œuvre des artistes invités, lui permettant d’en voir plusieurs facettes. Ainsi Mathilde Monnier, qui fait une création dans la Cour d’honneur, sera aussi présente en duo avec Christine Angot au Cloître des Célestins, et il sera possible de voir le second spectacle à 19 h et le premier dans la Cour à 22 h. Bien évidemment, c’est encore plus explicite pour Jan Fabre, comme nous l’avons dit précédemment, mais aussi pour Romeo Castellucci dont on peut voir deux épisodes de la “Tragedia Endogonidia” et des formes nouvelles, les Crescite, pour Jean-François Sivadier qui va présenter un nouveau spectacle, La Mort de Danton, mais aussi reprendre sa précédente création La Vie de Galilée. Tout cela n’est possible qu’à Avignon. HA En fait, à Avignon, ce débat sur le statut de consommateur du spectateur n’est pas très pertinent. Par essence même, le festivalier n’est pas un consommateur puisqu’il se met en situation de curiosité, puisqu’il vient en état de grande disponibilité, et que le temps n’a plus la même valeur ici que pendant le reste de l’année. LE FESTIVAL SERAIT DONC LE LIEU POSSIBLE DE L’AVENTURE ET, POURQUOI PAS, DE LA PROVOCATION ? HA Jan Fabre, dans une discussion avec le public à Avignon, a parlé de ce sentiment de provocation que peut ressentir une partie du public devant certaines œuvres contemporaines. Pour lui, c’est la preuve d’une incompréhension, que lui-même peut ressentir quand il est en situation de regard, plus que d’un refus. VB Pour beaucoup des artistes invités cette année, le moteur de leur questionnement, c’est un vrai amour de l’humain, un vrai amour de la vie, et pour cela ils interrogent aussi la part sombre de tout homme dans un dialogue avec sa part plus lumineuse. Mais toujours dans une grande sincérité même dans des questionnements difficiles et douloureux. C’est cette honnêteté qui permet de créer le lien entre l’artiste et le spectateur. La vitalité, qui naît de ces confrontations, est sans doute une des dominantes de cette prochaine édition du Festival. EST-CE QU’UNE AUTRE DES DOMINANTES DU FESTIVAL NE SERAIT PAS QUE NOMBRE D’ARTISTES INVITÉS VONT SE CONFRONTER À DES DOMAINES NOUVEAUX POUR EUX DANS LEUR DÉMARCHE ARTISTIQUE ? VB Oui, le Festival est un enjeu fort pour ces artistes, et ils n’hésitent pas à faire part de leurs questionnements nouveaux, quitte à surprendre les spectateurs. C’est la raison pour laquelle nous passons beaucoup de temps à parler avec chacun d’eux de l’édition du Festival qu’ils forment ensemble. VOUS AVEZ MANIFESTÉ LE DÉSIR D’INSCRIRE PLUS PROFONDÉMENT LE FESTIVAL DANS SON ENVIRONNEMENT AVIGNONNAIS. COMMENT CELA SE MANIFESTE-T-IL CONCRÈTEMENT ? VB C’est une volonté permanente d’inscrire le Festival dans son territoire géographique. L’équipe qui organise le Festival est installée à Avignon, et tout est fait pour que les équipes artistiques puissent y être présentes à différents moments de l’année afin de présenter les étapes de leurs parcours de création. Cette année, trois spectacles vont être répétés plus d’un mois en Avignon, et des rencontres régulières avec le public sont organisées avec les artistes et les interprètes, qui n’hésitent pas à présenter, en amont, leurs tâtonnements, leurs recherches, leurs hésitations dans leur démarche de création avant même, parfois, le début des répétitions. HA Nous voulons de cette façon continuer à inventer un Festival international qui soit aussi un laboratoire de création et cela nécessite un ancrage dans un territoire. À Avignon, nous pouvons vraiment tenter d’accompagner les artistes dans leurs démarches et partager les processus de création avec le public local pendant l’hiver. Bien sûr le public du Festival vient de la France entière et de toute l’Europe mais le Festival se prépare et s’organise à Avignon. VB Pour les festivaliers, nous publierons en juin un petit agenda qui, jour après jour, indique la totalité des événements organisés autour de la programmation. Ainsi nous accompagnons les parcours des spectateurs en lui offrant différentes façons de rencontrer les œuvres proposées. Nous sommes aidés dans cette démarche par des partenaires comme la revue Alternatives théâtrales, qui publiera un numéro spécial sur le Festival, et la revue janus publiée par l’équipe de Jan Fabre. Tout est fait aussi pour faciliter les déplacements et les conditions d’accueil des spectateurs dans les lieux de représentation excentrés, la Carrière de Boulbon, le Château de Saumane, le Gymnase René-Char, pour que la convivialité ne soit pas absente pour cause d’éloignement. Le Festival doit rester une fête du théâtre, un moment de plaisir partagé, un moment de réflexion, qui associe tous ceux qui veulent participer à cette aventure avec nous, chacun avec son propre regard bien sur, comme France Culture, l’Adami, la Sacd, la Maison Jean Vilar, la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, l’Université d’Avignon. HA Nous poursuivons aussi notre collaboration avec les Cycles de musiques sacrées où, autour des concerts d’orgues, nous pouvons associer des artistes du Festival, comme Olivier Py qui s’intéresse à Jean-Sébastien Bach, ou Jan Fabre qui présentera une installation chorégraphique sur une création originale de l’organiste Bernard Foucroulle, directeur du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Propos recueillis par Jean-François Perrier. *** Jan Fabre © Malou Swinen JAN FABRE ARTISTE ASSOCIE ÉDITION 2005 ANVERS AVEC LE SOUTIEN DE LA COMMUNAUTE FLAMANDE ET DU MINISTRE DE LA CULTURE BERT ANCIAUX JAN FABRE EST "ARTISTE EN RESIDENCE" AU DESINGEL (ANVERS) Jan Fabre est né en 1958 à Anvers (Belgique). À l’issue de ses études au Stedelijk Instituut voor Sierkunsten et à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, il crée des performances en solo, au carrefour du théâtre et des arts plastiques. À l’âge de vingt-deux ans, il monte sa première pièce de théâtre intitulée Theater geschreven met een K is een kater. Il enchaîne avec C’est du théâtre comme c’était à espérer et à prévoir, une production de huit heures controversée, qui lui vaut de se tailler une place sur la scène internationale. À la Biennale de Venise de 1984, il crée la surprise avec Le Pouvoir des folies théâtrales. Ce succès marque le début d’une série de tournées en Europe, aux États-Unis, au Japon et en Australie. Jan Fabre a également créé la maison de production Troubleyn, qui s’attache à promouvoir ses œuvres théâtrales et lyriques. A la Documenta 8 de Kassel, Fabre présente The Dance Sections – étude préliminaire à son opéra Das glas im kopf wird vom glas. William Forsythe l’invite à travailler comme chorégraphe pour le Ballett Frankfurt. En 1989, il y met en scène trois textes qu’il a écrits entre 1975 et 1980 : L’Interview qui meurt…, Le Palais à quatre heures du matin… A.G. et La Réincarnation de Dieu. Pour le Vlaamse Opera Antwerpen, il crée Le verre dans la tête est fait de verre, le premier volet d’une trilogie intitulée The Minds of Helena Troubleyn, sur une musique du compositeur polonais Eugeniusz Knapik. La même année, il réalise The Sound of One Hand Clapping, une chorégraphie conçue pour le Ballett Frankfurt, avec des fragments musicaux de Knapik, Bernd Zimmermann et The Doors. Dans les années quatre-vingt-dix, Jan Fabre explore d’abord le “corps physique” dans Sweet Temptations (1991), ensuite le “corps spirituel” dans Universal Copyrights 1&9 (1995) et enfin le “corps érotique” dans Glowing Icons (1997). Parallèlement, il réalise un montage de trois solos de danse (1995) notamment empruntés à Da un’altra faccia del tempo, une chorégraphie créée en 1993. Durant cette même période, il opte également pour un discours plus intimiste dans une série d’insolites monologues dont Elle était et elle est, même, Falsification telle quelle, infalsifiée et Une femme normale-à-en-mourir qui marquent sa collaboration avec l’actrice Els Deceukelier, ou encore L’Empereur de la perte (1996), dans lequel Dirk Roofthooft questionne la place de l’artiste dans la société. Pour Wim Vandekeybus, Renée Copraij, Marc Vanrunxt et Annamirl Van der Pluym, avec qui il a souvent travaillé dans le passé, il crée quatre solos de danse qu’il réunit sous le dénominateur commun Les Quatre Tempéraments (1997). En 1999, Jan Fabre présente The fin comes a little bit early this siècle (BUT BUSINESS AS USUAL). Il écrit et met en scène pour Els Deceukelier et Jan Decleir Le Marchand de sel et la Mouche. En 2000, il signe As Long as The World Needs a Warrior’s Soul, une production avec danseurs, acteurs et un groupe de rock sur le “corps en révolte”. L’été de cette même année, il monte My Movements Are Alone Like Streetdogs, un solo de danse pour Erna Omarsdottir dans le cadre du Vif du sujet au Festival d’Avignon. En 2001, Jan Fabre crée Je suis sang dans la Cour d’honneur du Palais des papes au Festival d’Avignon. La même année, il monte Le Lac des cygnes avec le Ballet Royal de Flandres sur une partition de danse de Petitpas. En 2002, il crée Perroquets et Cobayes, une production théâtrale sur les rapports hommes/animaux. En 2003, il reprend Je suis sang avec une distribution partiellement modifiée, et crée L’Ange de la mort, dédié à William Forsythe et présenté au Festival d’Avignon en 2004. En 2004, Jan Fabre écrit le solo de danse Quando l’uomo principale è una donna pour Lisbeth Gruwez, monte Tannhäuser de Richard Wagner à la Monnaie à Bruxelles et présente à l’automne The Crying Body. Le monologue Étant donnés créé en 2004 pour Els Deceukelier forme un diptyque avec Elle est et elle était, même, créé en 1991. Si en France l’on connaît volontiers Jan Fabre metteur en scène et chorégraphe, on oublie quelquefois qu’au théâtre et à la danse, il associe un travail de sculpteur, de dessinateur et de plasticien. Parmi ses dessins, citons Rorschach, série dans laquelle Fabre utilise de l’encre de Chine et des planches extraites des Souvenirs entomologiques de l’entomologiste Jean-Henri Fabre, dont il a hérité une fascination pour les insectes. Dans Plaies historiques (1980), dessins réalisés à l’occasion de la performance Ilad du Bic-Art, Jan Fabre crayonne au bic bleu, tantôt entièrement, tantôt partiellement, des reproductions d’œuvres de grands maîtres, laissant apparaître quelques fragments cruciaux de l’œuvre originale. De la sorte, il marque et revendique son propre territoire artistique. Comme sculpteur, Fabre a notamment réalisé plusieurs bronzes : L’Homme qui mesure les nuages, installé entre autres. sur le toit du théâtre deSingel à Anvers (1998), L’Homme qui donne du feu (1999)ou A la recherche d’Utopia (2003), dont on retrouve la photo sur la couverture du programme du Festival. Dans son œuvre permanente installée au Palais Royal de Bruxelles Ciel de délice, il revêt un plafond et un lustre monumental avec une multitude de carapaces de scarabées . Jan Fabre a exposé ses œuvres à la Biennale de Venise, à la Dokumenta de Kassel, au Metropolis de Berlin, puis à Budapest et Sao Paulo. Des expositions personnelles ont eu lieu au Stedelijk Museum d’Amsterdam, au Museum of Contemporary Art de Gand, au Musée Pecci de Prato, à la Kunstverein de Hanovre, puis à Helsinki, Lisbonne, Varsovie, Bâle, Francfort et Munich. Durant l’été 2003, Jan Fabre a exposé son travail à la Fondation Miro de Barcelone et à la Galerie d’Art moderne et d’Art contemporain de Bergame (Italie). En 2004, on le retrouve au Musée d’Art Contemporain de Lyon. Au Festival d’Avignon, Jan Fabre a déjà présenté Das glas im kopf wird vom glas en 1988, My Movements Are Alone like Streetdogs en 2000, Je suis sang à la Cour d’honneur du Palais des papes et l’installation plastique Umbraculum en 2001 (à la Chapelle Saint-Charles) et L’Ange de la mort en 2004. *** Source Internet et site officiel : Festival d'Avignon 2005 |
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