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Le Voyage
prose [ ]
Repères du subconscient (2)

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par [Salvamaria ]

2008-09-28  |     | 



Avant propos
À chaque instant, la vie est un commencement, un sommet et un crépuscule.

Je me sens fatigué. Les trépidations du navire ne me laissent pas dormir. Je n'essaie même pas d'ailleurs. Plus que ça, je prépare un café instantané très fort. Je suis ravi d'entendre à la radio le symposium du Groupe de dialogue social. Malheureusement, je ne me souviens pas de la diffusion entière, mais je sais qu'elle a été pour moi une révélation. Y participaient: Sorin Dumitrescu, Octavian Paler, Gabriel Liiceanu, Stere Gulea. Je ne sais pas exactement ce que chacun a dit, parce que je ne connaissais pas la voix particulière de chacun d'eux. Par exemple, je n'ai plus entendu parler Sorin Dumitrescu depuis le vernissage de l'exposition de '82 (si je me souviens bien), à Dalles. À cette occasion, j'avais rencontré pour la première et dernière fois Nichita Stanescu. Il était pâle, très pâle, les lèvres brûlées et à peine tremblantes, ou peut-être, par sa propre combustion, il se transformait en mots. Alors, à la fin du vernissage, Sorin Dumitrescu, a récité quelques vers de Nichita, pour le remercier de sa présence.

Dis-moi, si un jour je t'attrapais
et j'embrassais la plante de ton pied,
n'est-ce pas qu'ensuite tu boiterais un petit peu
de crainte d'écraser mon baiser?


À la radio, je reconnais la voix de Sorin et Liiceanu. Les autres voix me sont inconnues. Ces gens présentaient la Révolution roumaine, son mirage. Le 21 décembre, les jeunes criaient l'appel biblique: "Sortez dehors!". Le mirage de la Révolution est représenté par la résurrection de Lazare. De la même façon que Lazare a été chassé sur la terrasse de la maison, emmailloté comme une momie, même s'il pouvait y arriver démailloté, le peuple roumain est libre. Tout ce qui lui reste est de se libérer de son "lange" par son propre effort.

Liiceanu continue de dialoguer avec les autres:
- Au début, j'ai joué le rôle du guérisseur d'âmes. Ceux qui ont vécu toute leur vie dans une grotte, attachés aux chaises, la lumière derrière eux, prennent comme réalité le jeu des ombres. Celui qui réussit à se tourner et à regarder en arrière croit que la réalité est celle du feu. Celui qui se libère et sort à la lumière du Soleil constate que la réalité est celle des objets éclairés par le Soleil. À son retour dans la grotte, s'il raconte la réalité, les autres, ayant les valeurs renversées, vont le tuer.

Le calomniateur sait très bien que la lumière est à l'extérieur, mais il est souillé et il calomnie. Il n'existe pas un chœur de la calomnie. Pourtant, chez nous, l'année '90 a été l'année de la calomnie symphonique. Dans les journaux et à la télé, des milliers de personnes ont été victimes de cette calomnie. Malheureusement, même les symboles n'ont pas été pardonnés.

- Je pense qu'il existe des canaux souterrains, par lesquels d'autres forces coordonnent ce mouvement.

Prenons un exemple, pour ne pas discuter seulement des généralités sur la calomnie.

- L'image de la Roumanie après les 13-15 juin '90 n'est pas due à l'intellectualité. Regardons comment la calomnie est née à l'adresse des intellectuels. À 20 h environ (le 13 juin), la télévision est interrompue. À ce moment-ci, une femme m'appelle et me dit: «Aimez-vous ce que vous avez fait, misérables "légionnaires"!

Dans les discours officiels, les mêmes réactions surgissent et des dizaines d'appels comportent le même texte. Donc, la "scène" a été préparée dans les coulisses. À la Place de l'Université circulaient des billets imprimés dans le même style. La cohérence du scénario de la calomnie me semble évidente.

- Qui aurait l'intérêt de tout ça? Toute calomnie est prônée par celui qui n'a plus aucun crédit moral. Les grands agents de la calomnie, dont l'image a été salie, ont comme seule arme de réduire tout le monde au même dénominateur commun. (je dirais "la culpabilisation générale").

- Comment ces individus ont-ils prise sur la masse? Les gens sont portés à accepter le mensonge, la calomnie.

- Il ne s'agit pas de la nature de notre peuple. En général, c'est l'histoire qui agit sur le peuple. Il n'existe pas un peuple de menteurs ou de gens honnêtes. La calomnie prend forme sur un terrain d'ignorance, affaibli, dans un environnement de suspicion entretenue pendant des années. Celui qui assimile la calomnie est le même que celui qui accepte de manger tout ce qui est plus sale, et s'il accepte d'être servi, il descend au niveau de celui qui le sert. La calomnie acceptée est une défaite. Toi, comme personne, tu es manipulé et tu deviens le même que celui qui propage le mensonge.

- Les hommes, qui représentent un repère moral pour le pays, peuvent-ils arriver, après une seule nuit, à ressembler au Diable? On peut gagner facilement une bataille en liquidant les généraux. Cette façon de détruire les repères moraux signifie la mort d'un pays. Frapper dans les repères moraux, c' est une grande infamie.. C'est la dégradation de tout un peuple.

- Un état qui tue ses sages doit attendre longtemps pour que d'autres naissent
.
......................

Je commence à rêver.
Les images jouent devant mes yeux, et des pensées se tressent,
J'essaie une hiérarchie de tout ce que j'aime à ce moment magique,
Mais tout se cache dans l'abîme que je ressens,
Voilà une lueur. Mais non! Pourquoi mentirai-je?


Ces images se déroulent sans contrôle, comme une maladie, et s'attachent à l'image du gouffre derrière les vers de Paul Celan, récités à la radio par une voix profonde et grave.

Venait, venait/ venait, un mot venait/
Venait dans la nuit/ et il voulait briller/
il voulait apporter la lumière/ Cendre, cendre,/cendre/
la nuit/ la nuit et encore la nuit. De la même façon/
dont tu marches vers l'œil égaré
.

Le mot qui veut briller est la lueur de mes vers qui, en réalité, est clôture - calomnie - perte qui met tout en cendre, et avec cette cendre on remplit la fosse profonde et large du gouffre.

L'effet troublant de ces vers me donne une sensation d'étouffement, un nœud à la gorge et un tremblotement sur les lèvres. Peut-être, aurais-je pleuré, si à la radio n'avait pas résonné la mélodie de la flûte de Pan de Gheorghe Zamfir. Une image d'anthologie se déroule devant mes yeux: une cabane en Sibérie, du film "Une gare pour deux". Dans un profond silence, les images m'impliquent dans le caractère tragique de la situation.



"légionnaires" - (en Roumanie, membres d'une organisation de type fasciste dans un pancien régime).





note: traduit du roumain d'après le début du "Voiajul" (Le Voyage) de Ioan Mircea Popovici - livre paru chez Muntenia, 1994

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