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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-02-10 | |
Quand le tiroir du sommeil s’entrebâille, on se déplie comme un linge. On garde encore un peu quelques pliures de rêve, quelques rides endormies. Ni chair ni poisson, on est comme en apnée, comme la neige à l’envers dans les boules de verre, les cristaux qui bougent en kaléidoscope. Nous animerons bientôt la chemise sur la chaise. Nous ajouterons des pas aux souliers de la route.
Quand on ouvre les yeux, on est vivant, oui, mais on attend toujours quelque chose qui ne vient pas, une douceur plus douce, des fleurs sur la ligne d’horizon, des pommes bleues sur les branches, des pierres qui bourgeonnent, un soleil avec des bras d’enfant, le bêlement des moutons dans les mailles d’un pull. On attend que les bottes ruminent, que les colliers de perles fassent tinter la mer, que les enfants déchirent les masques des adultes. Certains matins, l’hiver est un dessert, un coulis de vent sur le gâteau du toit, du bonbon sous les gouttières, du sucre sur la vitre, de la barbe de glace à la saveur de pin. Il manque les fraises cependant, les citrouilles et les pommes. Les insectes rêvassent dans le dortoir de l’humus. On attend l’hirondelle au parloir des arbres, le verre du printemps sur le comptoir du monde. La caméra tourne dans la tête. Toujours. Tout peut servir d’écran. Les bourgeons sont de petits micros. Les fleurs chantent en stéréo. On marche toujours dans un jardin. La dernière pluie s’attarde, quelques points de brillance sur la peau des choses. Les pommes restées sous la neige auront fait du cidre et les petits brins d’herbe s’éveilleront tout joyeux. L’idée de l’eau sommeille dans la tête des rochers. Les chaussures vouvoient. Les pieds attendent l’été pour tutoyer la terre. Quand on marche pieds nus, on fraternise avec le sol, l’odeur blonde du sable, une touche de menthe dans un carré d’espoir, la fraîcheur de l’aube sous la dentelle de rosée. Il arrive qu’on réveille des gnomes avec nos orteils. Ils dorment au pied des arbres sans se soucier du temps. Ce sont eux qui colorent nos rêves ou les découpent en millier de morceaux. Lorsque les idées bouillent, le temps fuit du chaudron. On s’emmêle les pinceaux dans un brouillard d’images. Légèrement penché à la lisière du monde, je tire l’infini du fin fond de ma poche. Quand je m’échine sur la page, les pommiers courent avec moi. Tout mon souffle est en fleurs. La buée des paroles devient de l’air, l’oiseau le sucre dans le café des branches. Un vent léger se lève dans la mine de crayon et pousse sur la page des voyelles de plomb. Les fleurs sont gauches dans un pot de moutarde. Elles sourient de travers en cherchant leurs racines. Il fait noir soudain. Le poulailler du cœur a rentré ses volailles. Le grand chien du sommeil déterre l’os du rêve. La lune bat de l’aile sur le vitrail des yeux. Il m’arrive de vivre au-dessus de moi-même. Le moindre des atomes est plus grand que le tout. On ne refuse pas la beauté des oiseaux. On ne refuse pas la pluie aux pierres qui ont soif. 10 février 2002
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