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c\'est aujourd\'hui toujours que je t\'aime
prose [ ]

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par [erableamots ]

2005-12-11  |     | 



C’EST AUJOURD’HUI TOUJOURS QUE JE T’AIME

J’ai oublié mes gants sur un banc. Je pensais à ta main sur la mienne, plus chaude que la laine. J’ai mis tes mots sous mon poème pour qu’il se tienne debout. La source parle quand je nomme la terre. L’espoir dans l’eau noire fait des bulles de lumière. C’est aujourd’hui toujours que je t’aime. Nous effaçons le temps sur la carte du ciel. L’enveloppe des mots se décante devant la transparence. Ce que je vide en moi, je le retrouve en toi. Je ne perds plus rien, sauf de vieilles mitaines.

Il y a dans tes oreilles toute la musique du monde. J’en lèche quelques notes comme une symphonie. Tes caresses ont le doigté de la mousse, la finesse des fougères, la jeunesse des rires. Tes yeux dessinent ce qu’ils voient. Tes mots sont beaux comme la vie. Tes pas sont des plantes dans la poussière du chemin, des sources sur le sable, des braises dans la neige. Tu réponds de partout quand je t’appelle, d’un ver dans la pomme, d’un brin d’herbe, du frisson d’une pierre, d’une plume d’oiseau, du cœur de l’amande, de la chair d’un fruit. Il n’y a pas de limite à l’amour.

Ma langue bouge au rythme de ta robe. Mon corps s’ajuste au tien. L’heure est venue d’apprendre ensemble et de tout partager. Ta peau est douce comme une chrysalide. Personne n’est plus amoureux que moi. Mon cœur est trop petit. Il me faut l’infini pour te loger, le berceau du torrent, les grandes mains du ciel, le ventre de la terre. On entendra nos rires dans les cimetières. Tu te lèves partout. Quand je parle à mon loup, il sait que tu m’entends. Je prends feu. Tu prends feu. Que m’importe le toit, il y a toi, notre cabane plus intime que l’eau.

Nous nous sommes dévêtus, mis à nu, mis à cœur, bouche à bouche. Tiens-moi. Tiens-moi tête. Tiens-moi la tête. Le jour se lève de partout. Nous sommes dans la lumière, plus debout que les arbres, plus haut que les étoiles, plus riche que la mer. Tu entres en moi comme dans un moulin. Quand je regarde ailleurs, je te regarde encore. Tu es partout pour moi. Chaque nanoseconde est faite pour aimer. Je suis né pour t’aimer. À chaque battement de cœur, mon sang roule vers toi.

Je traverse avec toi tous les espaces possibles, tous les limons du fleuve, les fêtes baptismales. Je m’enracine enfin dans la terre absolue. De la pierre à la branche, de la fleur à la planche, du cou des violons à la anche des flûtes, l’âme nous parle, vêtue de chair et d’os. Nous sommes une grenade explosant de semences. Il en sort mille graines de son écorce rouge. La croissance des plantes est un travail d’amour. Nous nous buvons l’un l’autre. Corolles de rosée, nous versons l’un dans l’autre. J’ouvre les mains. J’étends les bras. La vie est là qui me regarde avec tes cheveux roux. La main du pain façonne le pétrin dans une odeur de seigle, d’orge mûre et de blé. Le four se devine dans les yeux du semeur et le bourgeon d’un chêne, l’odeur de la pierre et la braise encore chaude.

J’ai tant cherché la route, guettant à chaque pas la trace de ton pas. Je t’ai cherchée partout, sur la peau des serpents, par le sel et le miel, la salive et le sang, la lueur et la braise, par la glace et le feu, la solive et la branche, par le sable et la source. Tu es venue semer la forme dans l’informe, des racines blanches dans une poignée de marne, le cri d’un rossignol sur les portées fermées, la sève d’une hanche dans les argiles mortes. Même la neige flambe sous tes pas si légers. Je chante pour la terre, la racine et la feuille, le parfum de la vigne et la pulpe des fruits, la brume, la rosée et la mer tout entière. Je chante pour ma mère et les pommiers en fleurs, l’enfance et le parfum du lait, la plus infime goutte et les astres en genèse, les volcans et les poulpes, la pierre si patiente et la flamme si brève.

J’ai perdu ma tuque sur un poteau de clôture. Tu étais dans ma tête, plus chaude qu’une haleine. Je sens brûler la sève sous l’écorce du froid, la fragrance des lis sous le poids de la neige, les grouillements d’insectes dans la tourbe gelée, la rosée sur le givre. Quand la neige vient mouiller ma barbe de Noël, l’odeur des oliviers embaume la Bastide. J’échange l’eau d’érable pour tes raisins d’ailleurs, la neige pour la mer. Tu as semé le sang dans la chair du néant, des mots sur le silence, une île sur le fleuve où mordent mes racines.

J’ai oublié le malheur dans la cour d’en arrière. Tu étais avec moi pour enterrer la haine et les billets de banque, pour déterrer le feu et le premier silex. Ma main sur la table, la tienne sur le sable, soutiennent l’horizon avec le même geste. Il y coule des fleuves qui débordent les doigts et versent des caresses. Dans une odeur de menthe, tu apportes à ma vie une lampée d’eau fraîche. D’une poignée de terre, je t’apporte les germes, tous les parfums du monde. Tu es partout pour moi, dans ce rai de lumière, cette source cachée, cette lueur jaune au ventre des lucioles, dans ce vagissement de la pâte vivante, ce berceau, ce bateau, cette poule de lune qui picore la nuit, de cette larme tendre à la joue du silence, l’odeur de la noix fraîche dans un nid d’écureuil, le sang vierge des lis. L’espace est si petit, mon haleine si grande. Tu agrandis mon souffle aux dimensions du monde.

J’ai oublié des mots sur la table à café. J’avais les tiens en tête. Je t’ai relu hier. Je voulais mettre ma langue dans ta bouche. Même tes phrases sentent la mer et goûtent les olives. Les miennes ont toujours un arrière-goût de froid, d’eau d’érable et d’aubépine. Quand elles disent l’espoir, elles gardent un peu de givre sur le ventre du o. Le temps que je porte sur moi, c’est ta vie qu’il habille. Quand je touche à deux mains ton visage, il n’y a plus d’ombre qui tienne. Les cerfs-volants des branches s’envolent vers le ciel. On les pousse du regard jusqu’à la ligne d’horizon. Le vent est une chaise où nos rêves s’attardent. Je vois bouger ta tête sur le cou des tulipes. Ta présence est partout même quand tu n’es pas là.

J’ai oublié ma veste dans l’arrière-saison. J’avais tes yeux sur moi comme une seconde peau. Mes larmes en collier sont devenues des rires. Peu importe où je mange, il y a toujours une chaise et un couvert en plus. Je t’attends sur le seuil, une orange à la main ou un panier de fraises. À l’étroit dans l’espace, le nœud du monde se défait quand tu bouges la tête. Je t’écris quand je marche. J’apprends des mots d’amour aux choses qui m’entourent. Elles sauront te parler. Peu importe où je vais, c’est en toi que j’avance. Tu es ma répondante et le meilleur de nous.

J’ai perdu mes lunettes dans un livre d’images. Je ne lis plus si bien qu’avec tes yeux qui voient. J’inverse le silence sur nos routes jumelles. D’un automne un peu frêle, tu as fait du bonheur. La neige des bonhommes fait sourire l’hiver et japper tous les chiens. Tu as fait d’un chardon une herbe en tapis doux. Avec un temps de chien, tu as fait du soleil, un regard amoureux sous des cils abîmés, la chute d’une étoile où se forment les mondes. Les fleurs du jardin sont des mains en prière. Comme un fleuve a coulé, ton île s’est dressée pour accueillir mes vagues.

Mon bras sur ton épaule agrandit l’espérance. La fleur est assez grande pour contenir un arbre qui deviendra forêt. Les germes se déplient dans l’enveloppe de terre. Le printemps se prépare infime dans les graines. Les semences prolongent la fulgurance des secondes. Des ombres de pensées affleurent dans les branches. Les pierres s’interrogent. Je t’aime. Tu souris. J’habite le miracle. J’habite la lumière. J’irai plus loin encore. J’irai chercher le sens, un fil entre deux gouffres. J’irai trancher le nœud qui étouffe l’étreinte. À l’écoute de l’immense, l’amour nous enveloppe d’un invisible feu. Habite-moi, aime-moi, que j’aille plus loin que la lumière.

J’apprends le poids des larmes sur la roche du réel, la vraie couleur de l’herbe, le visage de la foudre, les lignes sur la main dont on oublie la trace. J’apprends pour te connaître. J’apprends pour mieux t’aimer. Ne m’attends pas demain. J’arrive à l’instant, glissant déjà sur ta peau nue. L’herbe croît malgré la neige. Les enfants jouent malgré la guerre, à la marelle avec un bout d’obus, à la corde à sauter entre les champs de mines. Les fleurs poussent encore derrière les barbelés. Je murmure « je t’aime » contre le mur du son. Je te prends dans mes bras pour prolonger la vie. L’écume de tes mots surnage sur les fantômes du langage, les bouillons de culture et les slogans du jour. L’homme amoureux se perd et se trouve dans l’autre, dans ce qui reste d’âme parmi les heures dures et nous sauve du reste.

Le cri m’est revenu comme un pain qu’on poignarde. Familier des blessures, je persiste à aimer. Il faut aux pierres nues les petits pas de l’eau, un soleil aux oiseaux, un ver dans la pomme, un silence dans le bruit et des mots pour le dire. Je suis debout pour toi, l’âme ouverte aux orages, aux arcs-en-ciel, aux vents. Je suis debout pour toi, la mauvaise graine semée entre les barbelés. J’ai ta parole dans l’oreille comme un trait de lumière. J’ai tes images dans les yeux comme une source pure. Ma peau retrouve en toi le plaisir de l’eau, la fulgurance des frissons, la tendresse des loups protégeant le terrier, la même soif d’étoiles, la même faim des fleurs. Tu as remis des yeux dans les orbites ravagées, de la musique dans les cris, de la douceur dans les pas.

J’ai perdu le sommeil dans le tissu des mots. Je t’écoutais chanter avec ta voix plus douce que la haine. L’herbe croît dans mon crâne à la place des idées. J’écope les croyances qui alourdissent l’homme. Je ne veux rien porter qu’un murmure d’amour et retenir le temps dans l’instant qui s’échappe, l’ontophanie du fil qui brode l’absolu, l’étincelle qui brille dans les regards du loup. Je t’aime comme une ellipse dans l’étalement des jours. Viens vers moi, parle-moi, apprends-moi qui tu es. Nous apprendrons la vie et la lumière cachée dans le secret des ombres, le bout du monde en nous et sa chaleur tapie jusqu’au cœur des roses, la santé du plaisir ondoyant sous les doigts. Les gemmes de tes yeux transfigurent les choses. Nous nous aimons debout dans les menaces qui nous cernent. La route seule est réelle. Les toits sont éphémères. Nous marcherons ensemble jusqu’au bout du sans bord pour retrouver la source.

11 décembre 2005




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