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Dans les sous-sols de Mars N°1(SF)
prose [ ]

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par [BOKAY ]

2005-09-18  |     | 



Dans les sous-sols de Mars N°1 (SF)


Par le vaste hublot, Pavel regarde la planète rouge se rapprocher à grande vitesse. Les reliefs se dessinent sur un ciel noirâtre parsemé d'une multitude d'étoile. Jamais Pavel n'a rien vu d'aussi beau. Le spectacle est surréaliste. Manuellement, il dirige La lente décélération qui doit permettre au vaisseau Kornakov de se poser en douceur sur le sol martien. L’équipage est composé de cinq membres, des hommes, tous russes bien sûr. La tension est extrême et le silence absolu. Chaque équipier effectue la tâche qui lui est impartie avec une grande application. En ce début de vingt et unième siècle, c’est la première mission habitée vers Mars. Toute la Russie assiste en directe à l’événement, des téléprojecteurs géants ont été installés dans la plus part des grandes villes. Le monde entier attend le premier pas de l’homme sur Mars ! Plus de trente ans après qu’il ait posé le pied sur la lune.
Voilà du moins la version officielle, car la réalité est différente, une première mission habité a été envoyée sur la planète rouge il y a plus de trente ans ! Dans les années soixante dix, un vaisseau Soviétique se posa sur Mars après un voyage de six mois. Se posa ou s’écrasa, car le vaisseau devint muet au moment précis ou il toucha la planète rouge. Exception faite des techniciens et ingénieurs russes, personne ne sut rien de cet événement. Les Russes attendaient la réussite de l’opération pour annoncer au monde leur exploit. Malheureusement, ce fut un échec et on ne parla jamais plus de cette mission ni des trois hommes qui la composaient.
Pour Pavel, cet événement fut une tragédie car un des trois membres de l’équipage, Ivan, était son propre père, précisément lui, qui le premier devait poser le pied sur Mars. Est-ce cet événement qui décida Pavel à devenir cosmonaute et à suivre les traces de son père ? Probablement car il ambitionne d’être le premier homme à poser le pied sur Mars ! Je veux associer mon père à cet exploie, disait -il, c’est lui qui nous a ouvert la voie !

Pavel allume les rétrofusées, le vaisseau décélère brusquement et les hommes, surpris, se cognent contre les parois de l’habitacle. La zone ‘d’atterrissage’ se dessine nettement. L’endroit est plat, lisse et conforme à ce qu’avaient prévu les ingénieurs. Le vaisseau descend lentement, se stabilise à quelques mètres du sol et les rétrofusées soufflent un nuage de poussière rougeâtre noyant le vaisseau dans une quasi obscurité. Puis, un choc brutal et le vaisseau touche le sol. Les cinq cosmonautes éclatent de joie et s’embrassent, l'émotion est immense. Pavel pense à son père, disparu il y a plus de trente ans alors qu’il effectuait la même manœuvre. Mais le spectacle se fait attendre, les hublots ne laissent voir qu’un tourbillon de poussière opaque, rien du paysage martien. L'équipage établie la première liaison et dans quinze minutes, la terre recevra les images de l’ ‘atterrissage’, l’homme aura relevé un nouveau défi. Pavel rejoindra Neil Amstrong dans les livres d’histoire du monde entier. A présent, les hommes effectuent les analyses de précautions et établissent la liaison avec la terre. Pavel et leonov enfilent leurs combinaisons martiennes, leur mission est de sortir du vaisseau et de faire quelques pas sur la planète rouge. Pour la première fois depuis six mois, ils ressentent les effets de la pesanteur, Certes, ils pèsent moins que sur terre mais leurs muscles se sont atrophiés. leurs mouvements sont saccadés et imprécis. L’épaisse poussière s'est reposer sur le sol et les hommes découvrent progressivement le paysage martien. En premier, se sont les montagnes qui se profilent, arides, nues, sorties d’un décore irréel où l’homme n’est pas invité. Puis le soleil surprend, il est petit et positionné au-dessus d'une plaine caillouteuse qui semble ne jamais finir. Pavel et Leonov sont prêts, ils désactivent les différents verrous et poussent la lourde porte. Un escalier métallique d’une dizaine de marches se déploie et s’enfoncent de quelques centimètres dans le sol. Pavel descend le premier, un drapeau russe dans une main. Il pose le pied sur le sol, se retourne en direction de la caméra et salut la terre entière en agitant le drapeau russe. Puis il essaie quelques pas, sa lourde combinaison l’oblige à marcher par saccades, il sonde le sol afin d’y planter le drapeau qu’il agite fièrement. Après plusieurs tentatives, le piquet métallique s’enfonce dans le sol, le drapeau russe flotte sur Mars ! Puis, Pavel marche, d'un pas ésitant, doucement, Leonov le suit. Les deux hommes marchent côte à côte, ils sont les premiers humains à fouler cette planète et à contempler ce paysage surréaliste.

Voilà trois sols que le vaisseau Kornakov s’est posé sur la planète rouge. L’exploration de la zone environnante a commencée. Une des missions première est de localiser le vaisseau que l’Union Soviétique a envoyé dans les années soixante dix et qui probablement s’est écrasé au contacte du sol provoquant la mort des trois cosmonautes, dont Ivan, le père de Pavel. Aujourd’hui, Pavel et leonov se sont aventurés plus loin, ils sont sur le point de faire demi-tour lorsque leonov s’immobilise, comme pétrifié.
--- Pavel ! Dit-il, regarde !
Il tend son bras en direction d’un énorme rocher qui cache partiellement le vaisseau qu’ils recherchent.
--- Bon Dieu ! Mais c’est le vaisseau de mon père ! Dit Pavel en pressant le pas.
Le vaisseau est là, à une centaine de mètres, il est légèrement incliné sur le côté mais semble en parfait état. Les deux hommes s’approchent et en font le tour. Les battements du cœur de Pavel s’accélèrent, il imagine son père, là, mort dans ce vaisseau depuis plus de trente ans ! Et dans quel état va-t-il trouver son corps ? Leonov saisit la poignée de la porte et tire, au hasard, plus pas réflexe. Surprise ! La porte s’ouvre : elle n’est pas verrouillée de l’intérieur. Leonov avance doucement sa tête à l’intérieur du vaisseau.
--- Personne ! Il n’y a personne à l’intérieur, dit Leonov.
--- T’en est sûr ! Mais c’est impossible ! Dit Pavel en se précipitant dans le petit habitacle.
Pavel n’en croit pas ses yeux, personne, et où sont les cadavres ? Tout est propre et bien rangé. On a l’impression que les occupants viennent de quitter le vaisseau et vont revenir d’un moment à l’autre.
--- Ils ne sont pas morts lors de l’‘atterrissage’, dit Leonov! Non! Non seulement ils seraient encore à l’intérieur, mais en plus, la porte serait verrouillée !
--- Tu veux dire qu’ils sont morts sur Mars ? Dit Pavel en imaginant les souffrances de son père.
--- C'est sûr, dit Leonov, ils sont morts. Toute vie est impossible sur cette planète, température trop basse, très peu d’oxygène, pas de nourriture, pas d’eau liquide… Nous devons entreprendre des recherches, leurs corps est très certainement encore visibles. Mais pour l’heure, il faut rentrer au vaisseau, il nous reste une heure d’oxygène.
Pavel et leonov rendent compte de ce qu’ils ont vu à leurs trois coéquipiers. Au début, ceux-ci pensent à une farce et rient à gorge déployée, mais quand ils réalisent que les deux hommes disent la vérité, leurs visages deviennent graves et le commandant de vaisseau déclare prioritaire la recherche des trois corps.

Le lendemain, Pavel et leonov quittent le vaisseau de bonne heure, ils se sont fixé un périmètre à explorer. Les ordres sont formels, il faut absolument retrouver les corps et les faire disparaître. Chacun en connaît la raison : les corps de cosmonautes soviétiques ne doivent en aucun cas être retrouvés par les astronautes américains ! En effet, eux aussi doivent se poser sur la planète rouge dans quelques jours et à une dizaine de kilomètres seulement du vaisseau russe.
Pavel et leonov marchent côte à côte, le soleil se lève, tout petit entre deux montagnes aux sommets arrondies. La température extérieure est de moins quarante et le vent est presque inexistant. La recherche commence le long de falaises abruptes hautes de plus de cent mètres. Les cavités sont nombreuses et une visite minutieuse de chacune d’elle s’impose.
--- T’as vu ça ! Dit leonov en désignant une cavité, elle est immense !
Les deux hommes pénètrent ensemble dans ce qu’on peut appeler une vaste grotte. La cavité principale s’étend sur plus de deux cents mètres de long et quarante de large. Leurs torches puissantes mettent en évidence une multitude de cavités aux formes et dimensions variables.
--- Cette roche est un gruyère géant ! Dit Pavel, il faudrait plusieurs jours pour l’explorer.
--- Oui, si ton père et ses compagnons se sont réfugiés ici, ce ne sera pas facile de retrouver leurs corps, dit Leonov.
Pavel explore la grande salle et remarque qu’un conduit étroit, assez large pour permettre le passage d’une personne s’enfonce dans la roche. Il s’y engagent le premier, Leonov le suit. Après une vingtaine de mètres, Pavel heurte un objet léger, il dirige sa torche vers le sol et éclaire l’objet.
--- Leonov ! Regarde ça ! On dirait un appareil de mesure !
--- En effet, c’est un appareil de mesure qu’emportaient les cosmonautes dans les années soixante dix, dit Leonov.
--- Cela prouve qu’ils sont venus ici ! Dit Pavel, il faut continuer les recherches !
La galerie continue et descend, en forte pente à présent, elle est large par endroit, puis étroite et sinueuse plus loin. Jetant un coup d’œil sur son analyseur personnel, Pavel remarque que la température augmente à mesure qu’ils descendent et que le pourcentage d’oxygène augmente également, dans les mêmes proportions.
--- Tu comprends ça toi ? Demande Pavel à son compagnon.
--- Non, dit Leonov, je n’ai jamais eu connaissance de ce phénomène, je sais comme tout le monde que l’oxygène entre pour 0,3 pour cent dans l’atmosphère de Mars, mais j’ignorais que ce taux variait autant.
Après une centaine de mètres, les deux hommes s'arrêtent à nouveau et consultent les données de l'analyseur.
--- Regarde ! Le taux monte toujours, nous en sommes à 4 pour cent à présent ! Et la température est de +2° !
Les deux astronomes doute de la fiabilité de l’analyseur, mais celui de Leonov donne exactement les mêmes indications. La galerie descend toujours, elle est plus large à présent et d’autres galeries partent de chaques côtés. Leonov regarde encore une fois l'analyseur, celui-ci indique que le pourcentage d’oxygène et la température sont suffisants pour vivre sans combinaison et sans les bouteilles d’oxygène.
--- C’est incroyable ! Dit Leonov, qu’est-ce qu’on fait ? Et si on coupait notre oxygène, inutile de la gaspiller !
Pavel prend la décision, ils poursuivront l’exploration en respirant l’air ambiant. Après quelques minutes d’accoutumance, les deux hommes ont l’impression d’explorer une grotte de notre planète. Mais Pavel s’arrête brusquement, il éteint sa torche et demande à Leonov de faire de même.
--- Tu ne vois pas comme une petite lumière bleuté là-bas au loin ? Dit Pavel.
--- Bon dieu ! Faut aller voir, dit Leonov. Qu’est-ce que ça peut être ?
Les deux cosmonautes pressent le pas en direction de cette petite source lumineuse.
--- C'est inouï ! Dit Leonov, c’est une sorte de lichen ou de mousse ! Et elle est lumineuse !
--- Oui, mais tu as vu là-bas, dit Pavel, il en a d’autres et elles diffusent même une légère lumière.
Ivre de leur découverte, les deux hommes poursuivent leur exploration, les lichens sont de plus en plus dense, ils recouvrent des pans entiers de rochers et la lumière qu’ils diffusent éclaire les galeries.
--- Tu entends ? Dit leonov, on dirait de l’eau qui coule ? Je vais voir, tu m’attends ici ?
--- D’accord, dit Pavel, va voir, je t’attends.
Leonov part seul, guidé par le bruit. Il essaie différentes galeries, certaines sont sans issues, alors il revient sur ses pas et essaie une autre galerie. Soudain, le bruit devient plus net et s’intensifie. La petite galerie dans laquelle il se trouve débouche sur une immense salle. Il dirige sa torche en direction du bruit, écarquille ses yeux pour mieux voir: de l'eau ! Elle tombe en cascade! Afin d’en être certain, il s’approche... aucun doute, c’est de l’eau! Elle se déverse dans une cavité d’une vingtaine de mètres longs puis s’enfonce dans la roche. De chaque côté de la petite chute d’eau, le lichen est très épais et diffuse une intense lumière. Leonov regarde le spectacle, C'est impensable, se dit-il, il y a de l'eau sous la surface de Mars!
Mais l’eau qui tombe en cascade masque un autre bruit: des pas tout proches. Surpris, Leonov sursaute et se retourne. Ce qu’il voit dépasse l’imagination : Pavel ! Oui, c’est bien Pavel qui est devant lui, mais pas le Pavel qu’il vient de quitter, celui qui est devant lui ne porte pas de combinaison spatiale et est habillé de vêtements bizarres et vieillis. Pétrifié, Leonov regarde son compagnon, il le reconnaît à peine, il a l’impression que plusieurs années se sont écoulées en une fraction de seconde. Il se souvient des livres de science fiction de son enfance ou l’on parlait de voyages dans le temps. Cela existe donc ? Ou alors suis-je la proie d’hallucinations ? Peut-être une ivresse provoquée par un excès d’oxygène ?
--- Qui êtes-vous demande l’homme?
--- Mais enfin Pavel ! C’est moi, Leonov, tu ne me reconnais pas ?
Fin de la première partie.



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