Toujours l’impasse. Faire quelque chose. Mais quoi ? Ma décision fut prise et irrévocable : partir en quête de la Chance.
L’expédition dura trois semaines. Ma première semaine fut consacrée entièrement à explorer les bas-fonds des bayous de la Louisiane. C’est dans les marais infestés de crocodiles et d’alligators que j’ai trouvé mon premier sou de Chance qui luisait entre une étoile de mer et un crabe des neiges. Voilà, belle Dame, je vous l’offre.
La seconde semaine de mon odyssée fut égrenée à scruter méticuleusement les cimes de la Cordillère des Andes, toujours à la recherche de la Chance. Euréka ! C’est tout près du Machu Picchu à deux doigts de Nazca et Ica que j’ai trouvé dans un nid agité d’oisillons de condors ce deuxième sou de Chance. Voilà, belle Dame, je vous l’offre.
Enfin ma dernière semaine fut occupée à vadrouiller les montagnes Rocheuses. J’ai fouillé de long en large tous les antres, repaires et grottes. Je me suis même battu à poings nus avec un grizzly afin de garder précieusement ce troisième sou de Chance qui brillait dans le fond obscur et humide de sa tanière. Voilà, belle Dame, je vous l’offre.
Je ne caressais qu’un seul et unique vœu pour la belle Dame : qu’elle puisse entrer dans les bonnes grâces de Madame La Chance grâce à ces trois sous acquis si durement.
La suite ? Vous voulez vraiment connaître la fin de cette histoire ? Soit ! La voici.
La belle Dame était en fait ma fiancée. La semaine qui suivit l’attribution de son premier sou de Chance, sa sœur Véronique gagna un gros lot de trois millions de dollars à une des nombreuses loteries.
Le jour suivant le don du second sou de Chance, son frère Frédéric eut le coup de foudre pour une gentille infirmière de l’hôpital de l’endroit qu’il épousât quelque temps par la suite et avec qui il eut trois enfants.
Enfin, dans l’heure même qui suivit la réception du dernier sou de Chance donné à la belle Dame, son médecin, le neurologue Claude Mathieu annonça à ses parents une grande nouvelle :
« Votre fille Marie-Victoire vient de sortir du coma !
C’est presque un miracle! »
Pas possible, mais pourtant vrai. Après plus de trois années de vie végétative suite à un accident de moto, Marie-Victoire revenait de loin, de très loin et put enfin crier VICTOIRE !
Bien sûr, nous nous mariâmes et eûmes trois beaux enfants…