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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-01-02 | |
Tornade en Normandie
Fin août Léa se plante au milieux de la petite route de campagne, croise nonchalamment ses bras et regarde le camion de déménagement s'éloigner. Le premier virage le fait disparaître derrière un bouquet d'arbres au feuillage épais. Léa ne l'a pas quitté des yeux, jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il disparaisse totalement. Ce camion vient de déposer toutes ses affaires, ainsi que les souvenirs qui s'y accrochent dans une petite maison isolée, perdu à l'extrémité d' un village normand. Maintenant la vie, sa vie, est devant elle et tout est à construire ici. Elle, qui jusqu'à présent n'a connu que la ville, la voici en pleine campagne, ce n'est pas un choix délibéré, c'est le seul logement convenable qu'elle a trouvé à une distance et à un prix raisonnable de son nouvel emploi. Pourtant, elle l'a voulu et désiré de toutes ses forces ce changement radical, mais tout changement comporte une part d'incertitude et interrogations. N'en pouvant plus de cette vie mouvementé et des brutalités constantes de son compagnon, Léa projetait ce départ depuis plus d'un an... Loin, n'importe où, à condition que se soit avec sa fille et qu'elle ait un travail. Perdue dans ses pensées où tout se bouscule et se mélange, Léa sens soudain la main de sa fille qui entoure une jambe de son jeans et la serre de toutes ses forces. --- Qu'est-ce que t'as Maman, t'as l'air triste, c'est parce que Papa est pas Là ? --- Mais non Anaïs, tout va bien, regarde comme c'est beau ici. T'as vu toute la place que t'as pour jouer? --- Mais Maman, j'ai pas mes copines, je vais m'ennuyer ici! --- Demain, je vais te montrer ta nouvelle école, je suis certaine qu'elle va te plaire et que tu te feras de nouvelles amies, encore plus qu'à Antony. --- Et Papa, il viendra nous voir? --- Mais oui, aller rentrons. La pièce est envahit de cartons, il y en a partout, un de ces bazars capable de vous ficher une migraine pour la soirée. Alors, sentant monter en elle un sentiment mêlé de cafard et d'insécurité, Léa se laisse tomber sur une chaise encore tout entortillée de papier kraft, pose ses coudes sur ses genoux et balaie du regard cette pièce étrangère envahie de cartons et d'objets hétéroclites. Mais subitement elle se ressaisit, se lève d'un bond et commence à ranger... Léa est préparatrice en Pharmacie, elle a trouvé un poste à Pont l'Évêque, ville située à une quinzaine de kilomètres de sa nouvelle maison. Un problème se pose en priorité, il est urgent qu'elle trouve une nourrice pour Anaïs. Léa poste une annonce sur un site internet et reçoit plusieurs propositions. Elle convoque cinq personnes chez elle et finit par choisir une jeune femme d'une vingtaine d'années prénommée Marie. La jeune femme habite le village, détail qui à son importance notamment pour accompagner Anaïs à l'école et qui accepte un salaire nettement plus bas que les autres candidates. Une semaine s'est passée, Léa est épuisée par l'emménagement de sa nouvelle maison qui lui prend toutes ses soirées. Heureusement qu'elle a Marie, la jeune femme se montre très sérieuse et disponible. Souvent même elle reste tard le soir pour aider Léa à déballer ses cartons et ranger les vêtements dans les armoires. Les deux femmes s'entendent bien, on peut même dire que peu à peu s'installe entre elles une agréable complicité. Léa se confie de plus en plus à Marie qui devient bientôt une confidente. Anaïs aussi, aime beaucoup sa nouvelle nourrice, surtout que Marie se montre douée pour lire des contes et raconter des histoires. Parfois, au court du récit, quand un animal menaçant s'approche, Anaïs prend peur mais la page suivante, quand le danger s'éloigne, elle prend une grande aspiration et son visage s'illumine. Marie est décidément une personne agréable, courageuse mais reste assez vague en ce qui concerne sa vie. Cependant, un jour qu'ensemble elles trient des vêtements, Marie se tourne doucement vers Léa --- Vous commencez à connaître ma vie Madame, mais j'ai... Comment dirais-je... Un secret, un grand secret que très peu de personnes connaissent. Voulez-vous le connaître? Étonnée de cette proposition inhabituelle, Léa garde le silence quelques secondes, regarde Marie et répond affirmativement par un léger mouvement de la tête. ---Mon secret madame, c'est que j'ai … Ne riez pas madame, j'ai un don. J'ai comme des flashs, des visions d'événements qui sont sur le point de se produire. Par exemple, je savais que j'allais travailler chez vous et ce, avant même de vous connaître. Léa se fige, regarde Marie dans les yeux attendant d'elle d'autres précisions ou explications, mais rien et elle ajoute simplement: ---Voilà Madame, je voulais seulement vous le dire. Voilà deux mois que Léa est dans sa nouvelle maison, son travail à la pharmacie se passe bien, elle s'est même faite une amie parmi ses collègues. Le père d'Anaïs prend parfois des nouvelles de sa fille mais ne verse aucune pension. Léa s'occupe des affaires de Succession et d'assurances, suite aux décès de ses parents survenus l'année dernière dans un accident d'avion qui fit une vingtaine de morts. De son côté, le notaire n'est pas resté inactif, il parle d'un éventuel acquéreur pour la maison de ses parents. Cette imminente rentrée d'argent arrive à point car avec les frais occasionnés par le déménagement et le salaire de la nourrice, Léa est souvent dans le rouge à sa banque. Même si la somme attendue sera partagée avec sa soeur, Léa s’attend à recevoir plusieurs centaines de milliers d'euros. Marie donne toujours une entière satisfaction et Anaïs s'habituer à sa nouvelle école. En ce moment, c'est les vacances de la Toussaint, Marie vient garder Anaïs toute la journée. Elle s'occupe de tout dans la maison. Ce matin, quand Marie entre dans la maison, elle arbore un très large sourire. --- Madame, j'ai une bonne nouvelle pour vous, j'ai eu un flash très précis cette nuit, la maison de vos parents à trouvé un acquéreur. Je peux même vous dire que c'est un couple de retraités de Caen qui va l'acheter. J'ai vu tous cela clairement, comme si j'y étais. --- Vous en êtes certaine, Marie? Ça, c'est une bonne nouvelle. Et ça tombe à point, mon banquier va arrêter de me harceler avec mes découverts. Tenez Marie, si vous avez vu juste, je vous offre le restaurant. --- Oh oui j'ai vu juste! Je ne me suis jamais trompé, Madame. Il ne faut pas vous sentir obligé, pour moi c'est naturel. Mais surtout ne parlez de cela à personne, c'est un secret que je vous ai confié. --- C'est promis Marie. Deux jours plus tard, quand Léa rentre de la Pharmacie, elle trouve une lettre du notaire dans son courrier. Elle se saisit du premier couteau venu et ouvre l'enveloppe d'un geste rapide. Elle lit rapidement, mais ne voit en fait qu'un chiffre. Elle approche la lettre tout près de ses yeux, comme le ferait une personne myope et prononce lentement et distinctement à haute voix: « Deux cent trente cinq mille euros »! Vous vous rendez-compte Marie! Alors Léa saute de joie, prends sa fille dans ses bras, l'embrasse et la serre jusqu'à l'étouffer, puis se jette dans les bras de Maris, l'embrasse et la remercie, comme si c'était elle qui avait vendu la maison. Pour Léa, tout va bien, c'est le dernier dimanche des vacances de la Toussaint et comme promis, Léa invite Marie au restaurant. Le lendemain soir, quand Léa rentre de son travail, Marie ouvre la porte et tombe en larmes dans ses bras. --- Qu'est-ce qui se passe Marie, il est arrivé quelque chose à Anaïs? --- Non Madame, rassurez-vous Anaïs va bien, c'est autre chose. Un malheur vous guette. J'ai eu a nouveau un flash. C'est votre Maison. --- Comment ma maison? --- Un incendie, Madame. J'ai vu des flammes tout autour de votre maison. Je n'ai pas vu de victime, mais j'ai vu beaucoup de flammes. Mais je ne sais pas quand. Alors faites très attention. La première fois que Marie a parlé de ce soi-disant don, Léa n'y croyait pas, mais après sa prédiction de la vente de la maison de ses parents, elle a changé d'avis et se pose des questions. Est-ce pur coïncidence ou bien Marie possède-elle véritablement un don surnaturel? Toujours est-il, qu'à partir de maintenant, Léa va se montrer particulièrement prudente envers tout ce qui pourrait déclencher un incendie. Trois jours plus tard, il est près de minuit, Léa éteint le téléviseur et se dirige vers le lit de sa fille, se baisse et l'embrasse sur la joue, doucement pour ne pas la réveiller. Quand elle relève la tête, son attention est attirée par une lueur venant de l'extérieur. Elle se précipite dehors et aperçoit aussitôt la cabane de jardin en flammes. Elle appelle aussitôt les pompiers, mais quand ceux-ci arrivent il ne reste que quelques flammèches car le cabanon a totalement brûlé. Les Pompiers ont rassurés Léa en lui expliquant qu'il y avait peu de chance que l'incendie se propage à la maison car la distance entre les deux bâtiments était trop grande. Toujours est-il que Marie l'avait bien prévu, et maintenant Léa en est certaine, Marie possède véritablement un don extraordinaire, et que désormais elle prendrait les flashs de Marie très au sérieux. Maintenant, les choses sont rentrées dans l'ordre, souvent Léa demande à Marie si elle ne voit rien concernant sa fille, maladie grave ou accident par exemple, mais Marie la rassure et lui dit que si un événement important se préparait elle le saurait. Financièrement, les choses se sont bien arrangées pour Léa, la maison de ses parents à été vendu à un couple de retraités de Caen, comme l'avait dit Marie et Léa a eu l'heureuse surprise de voir son compte courant crédité de la somme représentant la moitié de la maison de ses parents. Bien sûr Léa a mis Marie au courant de ses affaires, elle est en somme une ''assurance supplémentaire'' On ne sait jamais et restons prudent. Nous sommes en décembre, il fait doux et très venteux. La télévision nous montre des paysages apocalyptiques d'arbres déracinées, de maisons démolies, notamment en Bretagne et en Vendée. Quand Marie arrive chez Léa, elle est plus excitée que jamais. --- Cette nuit, j'ai eu un flash terrible, dit-elle d'entrée sans même prendre le temps de dire Bonjour. Pont-Évêque va être touchée par une tornade d'une ampleur inimaginable, la ville entière ainsi que d'autres villes de la région seront complètement rayées de la carte, il ne restera rien. Plus un seul édifice debout. --- Et notre village, ici, ce sera la même chose? --- Non, ici aucune crainte, tout juste un peu de vent, mais aucun dégât. --- Et quand voyez-vous cette catastrophe, cette nuit? --- Non, probablement la nuit prochaine ou celle d'après au plus tard. A ce propos, Madame je voudrait vous demandez quelque chose. --- Dites Marie, je ferais de mon mieux. --- Voilà Madame, j'ai pas mal d'économies à la banque et comme celle-ci ne sera plus qu'un tas de ruines, je risque de tout perdre, puisque les ordinateurs eux-mêmes seront détruit, aucun moyen de prouver l'existence de cette argent. Je vais retirer tout mon argent et le mettre dans un coffre que je vais acheter ce jour-même. M'autorisez-vous à placer ce coffre chez vous, avec l'argent, je dois avoir environ vingt-cinq mille euros. Léa est toute retournée par les propos de Marie. Plus de banque, plus de Notaire, plus de trace. Elle se dit qu'elle aussi devrait retirer tout son argent tant qu'il en est encore tant. Je ne peux prendre le risque de perdre deux cent trente mille euros, se dit-elle. Même si Marie se trompe, et elle ne s'est jamais trompée, le risque est trop important. S'il ne se passe rien, je remettrai l'argent et c'est tout. --- Eh bien moi, je vais faire comme vous, dit Léa, je vais acheter un coffre et retirer tout mon argent aussi. J'appelle ma banque de suite pour qu'elle me prépare la somme. --- Mais pourquoi ne laissez-vous pas le coffre chez vous? Demande Léa. --- Vous savez, ma mère s'est remariée et mon argent ne regarde pas mon beau- père, moins il en sait, mieux c'est. --- Vous avez parfaitement raison Marie. Le Soir même, les deux coffres sont dans une armoire, bien en sécurité. La tornade va s'abattre sur la ville la nuit prochaine. Tout énervée par cette affaire de tornade et surtout contrariée par une telle somme d'argent dans son armoire, Léa n'arrive pas à dormir, alors elle décide de trier tout un tas d'affaires qui, depuis son emménagement sont restées dans les cartons. Il est deux heures du matin et Léa continue à ranger des affaires. Maintenant elle s'attaque aux livres. Machinalement et tout en rangeant, elle feuillette les pages d'un coup de pouce rapide. Soudain, elle s'aperçoit qu'elle a emporté par mégarde le livre sur les voitures de courses de son ex-compagnon. Elle en feuillette brièvement les pages quand tout à coup une photo tombe à terre. Elle se baisse, la ramasse et la porte à hauteur de ses yeux. Non! Mais c'est pas possible! Le lendemain, quand Marie arrive chez Léa, elle arbore un large sourire et prend des nouvelles d'Anaïs. Léa lui fait quelques recommandations, rien de différent des autres jours. Marie en rajoute pour garder sa crédibilité car le temps à changé, les températures ont chuté de 10 degrés en deux jours et de la neige est annoncée, mais rien n'y fait, elle confirme qu'elle a de nouveau eu des flashs et que la tornade frappera Pont-l'Évêque dans la nuit. Léa répond que tout cela est bien triste, qu'on était impuissant contre de tels phénomènes et part à son travail. Au travers de la vitrine de la Pharmacie, Léa remarque que la neige tombe assez fortement. A quinze heure, coup de téléphone de Marie. Elle dit que sa mère est tombée, qu'elle est dans un état grave à l'hôpital et de ce fait qu'elle ne pourra pas aller chercher Anaïs. Léa lui dit de ne pas s'inquiéter, qu'elle va trouver une solution pour sa fille. Léa explique la situation à son patron et lui demande de quitter son travail plus tôt. Quand Léa quitte Pont-l'Évêque, les routes sont déjà toutes blanches et glissantes. Plusieurs voitures ont même quitté la route et se retrouvent dans le fossé. La petite route qu'emprunte Léa pour ce rendre chez elle est encore plus mauvaise et la neige tombe de plus belle. Au loin, Léa remarque qu'il y a eu un carambolage, Trois véhicules sont concernés. Léa ralentit, jette un coup d'œil vers les voiture et... Surprise, mais c'est la voiture de Marie. Quand Marie aperçoit Léa, son visage se fige brusquement, ses yeux s'arrondissent et ses mains tremblent. Elle s'adresse à Léa d'une voix hachée et apeurée. --- Je… Je suis désolé Madame, je n'ai pas pu m'occuper d'Anaïs, ma Mère est au plus mal ---Ah tien! Et mon Ex, vous êtes bien son amie? Il est pas malade lui au moins. Et puis, comme je suis là , je vais vous donner les clefs de mon coffre-fort, il est tout neuf, se serait dommage de l'abîmer. En ce qui concerne l'argent qu'il est sencé contenir, ne vous faites pas trop d'illusions, il ne contient que de quelques coupures de journaux. --- Mais Madame je ne comprends pas... --- Tenez, prenez les clefs, et ne vous éloignez pas trop, demain vous allez être convoquée par la gendarmerie pour répondre d'une tentative d'escroquerie. ---Je ne comprends rien Madame... ---Arrêtez votre numéro Marie, j'ai découvert qui vous étiez... Enfin, juste à temps, en trouvant une photo de vous dans un livre de mon ex. Votre plan a failli réussir mais avouez que cette fois-ci, vos dons de voyance vous ont définitivement abandonnés. Boquet jean-jacques |
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