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Les neiges d\'antan
prose [ ]

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par [Slavick ]

2009-11-02  |     | 




Le 3 janvier 1996. Ce matin-là, je fus réveillé par la blancheur de la neige qui tombait abondamment. Une joie immense m'envahit le coeur. J'accourus aussitôt vers la fenêtre de ma chambre et fus ébloui par l'action d'un vrai blizzard. Le vent hivernal soufflait avec force, soulevait la neige en faisant des tourbillons blancs, les flocons voltigeaient un bon moment en l'air avant d'atterrir au sol. On n'entendait que le hurlement ininterrompu de la tempête. Les quelques saules pleureurs devant la maison, balançant leur branches longues et souples comme des étandards, gémissaient eux aussi en accord avec le gros temps. La terre et le ciel ne faisaient qu'un tout. Je rejoignis aussitôt ma mère et ma soeur dans la grande cuisine. Elles étaient réveillées bien avant moi, préparaient le petit déjeuner, et regardaient de temps à autre par la fenêtre, moins ravies peut-être que je ne l'étais moi par ce spectacle neigeux.
Le même jour, je décidai de faire un tour au village de mes grands-parents maternels à environ trois kilomètres de N, vérifier si tout y allait bien. Et le blizzard? Me demanderiez-vous peut-être. A l'époque j'étais jeune, très jeune. J'avais seize ans. Et pour citer Rimbaud qui disait dans un de ses poèmes: «On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans», quand on en a seize, on l'est peut-être encore moins.
J'aime l'hiver, j'aime la neige, la sentir sous mes pieds, humer l'air glacial qui vous chatouille les narines, j'aime son odeur pure et fraîche. J'aime marcher sous une tempête de neige, son étreinte, ses baisers de glace sur mes joues, la bise qui vous coupe le souffle, les flocons qui dansent autour de vous, restent en suspens avant de se poser au sol définitivement. J'aime faire partie de ce spectacle, être un de ses acteurs et non pas un simple spectateur. Etre là, au beau milieu de cet élément immaculé, frayer mon chemin, avancer, reprendre haleine, avancer de nouveau, marcher, marcher, marcher...
La tempête continuait de plus belle, avec encore plus de vigueur. Comme une armée qui aurait reçu des renforts. Et moi au centre de toute cette armée qui m'envoyait des milliers et des milliers de flèches blanches. J'étais encerclé de tous côtés, enlacé, ligoté par une multitude de soldats de neige minuscules qui auraient voulu me terrasser. J'étais comme Gulliver au pays de Lilliput.
J'aperçus le village devant moi, endormi, englouti dans une nappe blanche et épaisse. De temps à autre une fumée grise des cheminées aboutissait à percer cette nappe immaculée et s'envoler pareille à un cerf-volant, se dissipant au loin. On ne voyait ni route, ni champs. Tout était enseveli sous un épais manteau laiteux. Paysage surréaliste, une page ouverte d'un livre de contes de fée. Pas une âme alentour. Un silence pesant, comme gelé lui aussi par l'hiver. Rien que les notes graves de la bise, comme une plainte.
Je descendais la route qui menait vers la maison de mes grand-parents, quand tout à coup je fus surpris de voir à une bonne distance de l'endroit où je me trouvais, un petit enfant de deux ou trois
ans, enseveli à moitié dans la neige et qui essayait désespérément de bouger, de se libérer de ce piège de glace. Il portait un manteau avec un capuchon sur sa tête et un foulard autour de son coup. Néanmoins cela ne pouvait pas le protéger contre le froid. La neige fouettait sans pitié son petit visage rouge. De temps en temps, j'entendais au loin ses pleurs entrecoupés par le hurlement du vent. Il était tout seul au milieu de cet élément déchaîné. Tout seul, essayant de lutter contre les rafales du vent et de la neige. Non loin de la chaussée qui divisait la ville du village, j'aperçus un petit traîneau renversé, un peu plus loin, quelques affaires éparpillées au sol. De multiples questions bourdonnait dans ma tête. Que s'est-il passé? Où étaient ses parents, pourquoi ne les voyait-on pas? Que dois-je faire?
Je pris la décision d'approcher le petit enfant et l'aider à sortir de la neige, quand tout à coup un homme accourait vers lui. Il s'approcha de lui, le pris dans ses bras et retourna vers le traîneau renversé. Cela devait être son père pensai-je. Et un grand soulagement me remplit le coeur. J'étais heureux de voir le petit retouver sa famille, être sous protection. Je m'en voulais en même temps de ne pas avoir agit plus vite, sans hésiter. Le calme et le silence du village s'installèrent à nouveau.
La maison de mes grand-parents, apparut derrière les arbres enneigés, hissée là-haut, dominant la vallée. Son toit couvert de neige lui donnant un air de fierté et de beauté pure. Elle restait là, solide, faisant fi du blizzard, rien ne pouvant l'ébranler comme une personne âgée de cent ans qui vécut bien des choses et qui n'était nullement surprise par l'intempérie. J'étais heureux de la voir ainsi, bien portante et en paix.
La neige continuait à tomber, mais moi je m'en fouttais. J'étais à l'abri, sous protection. Les gros poiriers presque centenaires devant la maison, balançaient leurs branches comme s'ils me saluaient. Je leur répondis par un sourire. J'embrassai du regard la maison, les arbres, la vigne, la terre endormie, le puits solitaire. Tout était magnifiquement beau, sous la parrure blanche de l'hiver.
Je voulais que le temps s'arrête, que cet état de bonheur et de quiétude ne s'évanouisse jamais. Comme hypnotisé par ce calme et cette lumière blafarde, je restai là, immobile, le regard perdu au loin comme dans un rêve. Je faisais partie du décor. J'avais l'impression de devenir moi-même un arbre. Mes pieds devenaient des racines s'enfonçant profondément dans le sol glacé, mes mains se transformaient en branches vigoureuses s'élançant au ciel. Et la neige incessante, se posait doucement sur ma tête, comme une bénédiction.

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