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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-09-02 | |
Double vie N°8 (Adieu Serine)
--- Si, si ! Le portrait me plaît, mais où as-tu pris le model ? Dis-je. --- Ah ! C’est Serine, la femme qui habite l’appartement du dessous, pourquoi, tu la connais ? Demande Myriam. --- Oui, dis-je, je la connais. --- Moi, je la trouve très sympathique dit Myriam, nous parlons parfois ensemble, un peu de tout. Un jour, nous en venons à parler « peinture », je lui dis que j’étudie le dessin et la peinture depuis l’âge de huit ans et que ma spécialité c’est le portrait. Elle me demande alors si je serais capable de peindre son portrait. Je lui dis que je le ferais volontiers si j’avais mes peintures. Hors, ce matin, par hasard en faisant du rangement, je découvre tes peintures et tes toiles. Je demande à Serine si elle est toujours d’accord pour le portrait. Enthousiaste, elle accepte et vient sur-le-champ. Elle pose toute la matinée et l’ après-midi. Voilà mon travail, mais je n’ai pas terminé, elle doit revenir encore une ou deux fois. --- Tu ne m’avais pas dit que tu étais aussi douée en peinture! Dis-je. Tu sais, moi aussi à une époque j’ai peint énormément, mais je faisais surtout du non figuratif. --- Je sais dit-elle, j’ai vu deux de tes toiles, elles me plaisent beaucoup. Et pour mon portrait, tu trouves qu’il est ressemblant, toi qui la connais ? --- Oui, très ressemblant, tu possèdes un véritable don artistique. --- Tu me prenais pour une idiote, une gourde ? --- Mais non, dis-je, …Tu veux pas me verser un whisky ? Je suis sur le point de lui raconter mon aventure avec Serine, de lui dire à quel point je l’ai aimé et je l’aime encore, mais finalement, non, je préfère garder mon secret quelque temps encore. La discussion se poursuit sur le même thème : la peinture. --- J’ai commencé à peindre en Bretagne, à Carnac, dit-elle, pendant mes vacances. --- Tu connais Carnac ? Dis-je étonné. --- Oui, nous y allions tous les ans avec ma mère avant qu’elle ne rencontre ce fainéant de Loïc. --- Eh bien je vais te faire une confidence, dis-je, c’est à Carnac que j’ai les plus beaux souvenirs de ma vie. J’y avais rencontré une fille absolument extraordinaire, d’une beauté époustouflante, probablement trop belle pour moi car nous nous sommes aimés le temps d’un été. Nous nous sommes vus quelques mois à Paris et subitement, sans raison apparente, elle n’a plus donné signe de vie. Tu peux pas savoir comme j’ai pleuré ! Enfin, des vieilles histoires, mais quand même, ça fait mal. Surtout le manque d’explication, je n’ai jamais su pour quelle raison elle m’avait quitté. --- Ah, pauvre chou ! Dit Myriam en se fichant de moi, t’en a retrouvé d’autres depuis ! --- Te moque pas ! C’est sérieux ! Dis-je. T’as déjà aimé vraiment, toi ? --- J’en sais rien, si l’année dernière j’étais amoureuse de mon prof d’histoire géo. Mais c’était… comment on dit… Platonique. Serine est venue poser les deux jours suivant, le portrait est presque terminé, juste quelques petites retouches, il est magnifique. Oui, c’est très ressemblant, trop à mon goût, j’ai l’impression d’avoir la femme que j’aime devant mes yeux ! Si Myriam avait voulu me faire mal elle n’aurait pas trouver mieux ! J’arrête pas de ruminer : M’aime-t-elle, ou ne suis-je que l’instrument de son projet diabolique ? Tout n’est pas très clair dans ma tête, deux sentiments contradictoires se bousculent et je ne sais encore lequel prendra le dessus. J’en suis là quand trois jours plus tard, en rentrant chez moi, je constate une animation inhabituelle dans la rue. Une voiture de police stationne à l’angle de ma rue et de nombreux badauds discutent sur le trottoir. Je monte à mon appart, Myriam est assise sur le canapé, la tête dans ses mains, elle pleure bruyamment. --- Myriam ! Qu’est-ce que tu as ? Qu’est-ce qui se passe ? --- C’est Serine…Elle s’est battue avec son mari, elle à reçu un coup de couteau. Le SAMU l’a emmené à l’hôpital. Je regarde Myriam, la bouche à demi ouverte, les yeux fixes et inexpressifs. Les bras me tombent. --- Elle est pas morte ? Dis-je. --- Je ne pense pas dit-elle, mais elle a perdu beaucoup de sang. T’as l’air drôlement affecté ? Tu la connais vraiment bien ? --- Je l’aime. Myriam fait de son mieux pour me rassurer et me raconte ce qui c’est passé. Elle me dit que le marri de Serine hurlait comme un fou, qu’il parlait de ferme et de champs et qu’elle le traitait de tous les noms. Puis qu’un voisin a probablement appelé la police et lorsqu’elle est arrivée, Serine était allongée sur le sol, A ses côtés, son marri pleurait et répétait sans arrêt : « C’est pas possible ! C’est pas possible ». --- J’ai presque tout vu et tout entendu, dit Myriam, dès que les policiers sont arrivés, j’ai descendu quelques marches. Son marri a été emmené par la police… Tu m’avais pas dit que tu l’aimais ! Et son portrait qui est encore ici ! Je devais lui porter demain. Maintenant… Je réussis à savoir où Serine est hospitalisé et je m’y rends avec Myriam. Je demande de ses nouvelles à l’accueil, mais ne reçois aucune réponse. « Elle est en salle d’opération, on vous préviendra dès qu’elle en sortira ». C’est tout ce qu’on a voulu me dire. Je suis assis sur un long banc en métal, il est froid. Myriam fait les cents pas dans le couloir, s’assied quelques minutes à côté de moi, puis se relève et marche à nouveau. Moi je rumine, me pose sans cesse la seule et unique question qui vaille en ce moment : va-t-elle s’en sortir ? Cette attente est interminable. Et cette atmosphère de mort qui règne et qui rôde le long des couloirs mornes et froids ! On dirait que ce triste décore n’est qu’une préparation à la terrible nouvelle que je redoute. Aux murs, des tableaux de mauvais goûts à prédominance bleue ont été placés au hasard, sans aucun souci esthétique. Mes yeux se fixent sur eux, les captent. Des membres du personnel soignant passent devant moi sans même me jeter un regard, comme si je n’existais pas, insignifiant à leurs yeux. Puis, un groupe de personnes en blouses vertes apparait à l’extrémité du couloir. Probablement des médecins. Leur marche est lourde et lente. Lorsqu’Ils arrivent à ma hauteur, l’un d’entre eux se détache du groupe et vient vers moi. --- Vous êtes de la famille ? --- Oui, !Dis-je en me levant. Je le regarde fixement, son visage impassible m’impressionne. Le temps semble figé. Je le sens mal à l’aise, ne sachant par où commencer. --- Nous avons fait notre possible, nous avons lutté pendant trois heures en la maintenant en vie artificiellement, mais… elle avait perdu trop de sang, il était impossible de la sauver. Je me sens vidé, mes jambes me lâchent, je retombe lourdement sur le banc métallique. Je sens le bras de Myriam autour de mon cou, elle ne dit rien. Me voyant trembler, une infirmière me demande si je veux quelque chose pour me calmer. J’accepte. Fin du 8° épisode BOKAY Retrouvez mes écrits : http://bokay.over-blog.org/ |
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